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Channel: EMMILA GITANA
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LA RETRAITE SENTIMENTALE...Extrait

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"Une tombe, ce n’est rien qu’un coffre vide. Celui que j’aime tient tout entier dans mon souvenir, dans un mouchoir encore parfumé que je déplie, dans une intonation que je me rappelle soudain et que j’écoute un long instant, la tête penchée… Il est dans un court billet tendre dont l’écriture pâlira, dans un livre usé que flattèrent ses yeux, et sa forme est assise à jamais, pour moi, mais pour moi seule – sur ce banc d’où il regardait, pensif, bleuir dans le crépuscule la Montagne aux Cailles… "

 

 

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COLETTE


 

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COL


JOE BOUSQUET...Extrait

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Ce siècle présent est foutu s'il n'est pas fait contrepoids à sa nuit immense par l'assurance de quelques individus qui tiennent de leur volonté ou de leur vie le privilège de voir et d'éclairer... Je ferai ce que je pourrai pour lui, mais je le crois foutu. Jamais il ne comprendra que l'homme est un cœur, ou rien. C'est-à-dire : courage. Amour.

 

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JOE BOUSQUET

 

 

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tham370,

Photographie Thami Benkirane

https://benkiranet.aminus3.com

 

JOE BOUSQUET...Extrait

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Aux oiseaux qui ne chantent plus dans nos campagnes...signe alarmant de notre proche disparition....

 

 

...

 

Le vent pleurait les oiseaux de passage

Berçant les mers sur ses ailes de sel

Je prends l'étoile avec un beau nuage

Quand la page blanche a bu tout le ciel

 

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JOË BOUSQUET

 

 

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art du Sumi-e

Oeuvre de l' 'art du Sumi-e 

 

SOLEDAD

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Des nuits qui tombent
comme des couperets
Des matins où il faut
se laver de tout sentiment
d'impuissance

 

Entre la nuit et le jour
cette distance
infiniment petite
attachée à ne rien laisser
paraître.

 

 

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MARTINE CROS

 

 

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katia-sonata2

Photographie Katia Chausheva

QUE FAIRE ?

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Fonder quelque chose
Demeurer vivant
Brûler à tes causes
Courir en avant
Fonder l’amour même
Et l’homme nouveau
Nier le problème
Lancer des bateaux

Ouvrir une route
Cueillir le grand vent
Défier le doute
Brûler le gréement
Atteindre la rive
Débloquer le port
Débarquer les vivres
Débusquer la mort

Tricher sur les dates
Sauver la maison
Avancer sans carte
Plaider la passion
Inventer de l’âme
Gonfler les enjeux
Tutoyer le drame
Rallumer le feu

Renverser la table
Nier le destin
Croire dans ses fables
Retoucher la fin
Rallumer de l’homme
Se laisser hanté
Ramener de l’homme
Tout réinventer

Ramener de l’homme
Cueillir en hiver
Réhabiter l’homme
Planter dans la mer
Parler à mon frère
Te prendre la main
Quelques pas sur terre
Enfant du chagrin

Défier les astres
Marcher au canon
Violer le cadastre
Rétablir les ponts
Croire dans des choses
L 'homme est dans nos mains
Boire dans des causes
Aimer à sa faim

Boire dans des causes
Aimer à sa faim



Ramener de l’homme
Cueillir en hiver
Réhabiter l’homme
Planter dans la mer
Parler à mon frère
Te prendre la main
Quelques pas sur terre
Enfant du chagrin

Défier les astres
Marcher au canon
Violer le cadastre
Rétablir les ponts
Croire dans des choses
L’homme dans nos mains
Boire dans des causes
Aimer à sa faim

Boire dans des causes
Aimer à sa faim

Boire dans des causes
Aimer à sa faim !

 

 

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JACQUES BERTIN

 

 

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LE CHEMIN DE L'OISEAU

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Je ne choisirai pas cette route ni l’autre
Où des oiseaux tout court ont trop chanté
À la saison des chasses.

On a trahi partout leurs souvenirs de l’Arche
Et saint François ne leur a plus parlé.

Saint Hubert, Saint Hubert : Plumes que vent emporte;
Plumes et feuilles mortes
Sous le ciel pommelé…

 

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SABINE SICAUD

 

 

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oiseaux

ZOHRA MRIMI...Extrait

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Entre en moi la sauvage quiétude 
Elle est accoudée à mes tempes, jusqu'à m'envoyer sa douce rêverie 
L'unique richesse est d'ignorer les ruines, dedans des photos et des écrits 
Ils se libèrent de la bouche de feu trois fois plus fort
Les mots préfèrent les fruits, les fleurs, les papillons et puis la mer, tout coule bleu, ils ont la même veine de coeur; elle relie la terre aux hommes
Les mots relient les hommes aux hommes
La nuit, la barque se remplit de mots et chaque main ouvre son poing et saisit un mot
Mais la main de l'homme est trop lourde et traîtresse

 

 

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LA PART DE L'OMBRE...Extrait

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Non, la terre n'est pas couverte d'arbres, de pierres,
de fleuves : elle est couverte d'hommes.
Si les meilleurs sont enfermés dans un long supplice,
s'il n'y a plus que le mensonge qui se montre, chamarré
de fausses prairies,
si quelqu'un te dit : " Admire le soleil !"- et tu
ne vois que le miroitement de la boue, ou bien : " fais
ton devoir ! " - et on te tend un couteau pour égorger
ta mère et ton frère,
alors tous les arbres sont abattus, les pierres noircissent
et s'effritent, les fleuves sont des cloaques
infâmes.
Tu ne peux plus avancer, tu n'oses plus regarder
ni entendre. Méfie-toi du mouvement des feuilles :
de patients imposteurs les agitent pour te perdre .
dans le bourdonnement touffu de la batteuse, un
monstre caché guette le grain. Tu te détournes avec
horreur.
Brusquement, un jour d'été, les démons ôteront
leur masque et, désignant vingt millions de cadavres
alignés, éclateront de rire : " Hein ! quelle bonne
farce ! "
Aussitôt, les vrais hommes remonteront au grand
jour. Même ceux qui sont morts. Ils parleront droit
et juste, à haute voix. Alors il y aura de nouveau
des arbres, des pierres, des fleuves.
Tu longeras un mur : il te répondra gentiment.
Tu prendras une branche, elle te dira "Je t'aime",
tu pourras la serrer sur ton cœur.

 

 

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CHANSON DE LA TOMBE D'ICARE

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Ils sont d'ici ils sont d'ailleurs
L'un met sa vie entre des rimes
Qui l'escortent L'autre est tailleur
De nuits parfaites pour un crime

Mais où est la tombe d'Icare

Ils sont d'ailleurs ils sont d'ici
L'un se parfume l'autre pas
Mais ils partagent le souci
D'être vivants jusqu'au trépas

Mais où est la tombe d'Icare

Qu'ils soient d'ici ils sont d'ailleurs
Toujours à rêver d'impossible
Du pur amour ou du meilleur
Pour rester au cœur de la cible

Mais où est la tombe d'Icare

Qu'ils soient d'ailleurs ils sont d'ici
Et sur les murs comme au ciné
D'Oran, de Shanghai ou Passy
Passe leur ombre hallucinée

Mais où est la tombe d'Icare...

 

 

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GUY GOFFETTE

 

 

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Lado Gudiashvili (1896-1980)

Oeuvre Lado Gudiashvili (1896-1980)

TOUTE REVOLTE EST UN POEME

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Toute révolte est un poème

 Celui de la terrible intuition des hommes silencés

Dont le chant d’allégresse s’élève soudain

Vers des cieux approbateurs

Il en est des yeux illuminés des insoumis

Ouverts sur d’autres plaines

Comme de leurs bouches monumentales

Proférant la langue étrangère à la tyrannie

Chaque voix hier encore solitaire

Dessine maintenant l’image déconcertante

D’un nouveau recommencement-clair-désir

De métamorphose

La révolte est ce poème d’étonnement de chacun à lui-même

Quand il s’atteint par l’enfance retrouvée

Sur son passage parmi les dieux

Regardez le ciel étrangement gravé de la nature de l’être-

-nouvelle étendue unissant le trouble à la transparence

révélant de l’ombre sa dissipation éclairée

Des femmes des hommes des enfants marchent dans l’esprit

Contre l’obéissance

Pour que resplendissent des forces pures

L’histoire d’une création sereine et collective

Changeant à toute brise

Vibrant de l’intime

De la foi infinie en la condition du jour

Sans nous appartenir

Des visionnaires sur la longue durée de l’insaisissable histoire

Entourent la légèreté du temps

En dépit du destin qui les trompait

Nous sommes à l’âge de la révolte-poème

Où les arbres marchent d’inouï en inouï

Vers la clairière résonnante

Voici la fête totale de l’espoir du jour

Tourné vers sa face amie

Au carrefour de tout espoir étranger

Jailli du cœur de la révolte

 

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 PHILIPPE TANCELIN

11 février 2011

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susan hall

Oeuvre Susan Hall 

LE SURVIVANT...Extraits

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Une table tout près, une lampe très loin

Qui dans l’air irrité ne peuvent se rejoindre,

Et jusqu’à l’horizon une plage déserte.

Un homme à la mer lève un bras, crie: « Au secours!

Et l’écho lui répond: « Qu’entendez-vous par là? »


...


Lorsque le noyé se réveille au fond des mers et que 
son cœur 

Se met à battre comme le feuillage du tremble 
Il voit approcher de lui un cavalier qui marche l'amble 

Et qui respire à l'aise et lui fait signe de ne pas avoir peur. 

Il lui frôle le visage d'une touffe de fleurs jaunes 
Et se coupe devant lui une main sans qu'il y ait

une goutte de rouge. 
La main est tombée dans le sable où elle fond sans un soupir 

Une autre main toute pareille a pris sa place et les doigts bougent.

Et le noyé s'étonne de pouvoir monter à cheval. 
De tourner la tête à droite et à gauche comme s'il était au pays natal, 

Comme s'il y avait alentour une grande plaine, la liberté,

Et la permission d'allonger la main pour cueillir un fruit de l'été.

Est-ce donc la mort cela, cette rôdeuse douceur 
Qui s'en retourne vers nous par une obscure faveur?

Et serais-je ce noyé chevauchant parmi les algues 
Qui voit comme se reforme le ciel tourmenté de fables.

Je tâte mon corps mouillé comme un témoignage faible

Et ma monture hennit pour m'assurer que c'est elle.

Un berceau bouge, l'on voit un pied d'enfant réveillé. 
Je m'en vais sous un soleil qui semble frais inventé.

Alentour il est des gens qui me regardent à peine, 
Visages comme sur terre, mais l'eau a lavé leurs peines.

Et voici venir à moi des paisibles environs 
Les bêtes de mon enfance et de la Création

Et le tigre me voit tigre, le serpent me voit serpent, 
Chacun reconnaît en moi son frère, son revenant.

Et l'abeille me fait signe de m'envoler avec elle 
Et le lièvre qu'il connaît un gîte au creux de la terre

Où l'on ne peut pas mourir.

...

 

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JULES  SUPERVIELLE

 

 

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inconnu2

Oeuvre ?

LES AMANDIERS...Extrait

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Quand j’habitais Alger, je patientais toujours dans l’hiver parce que je savais qu’en une nuit, une seule nuit froide et pure de février, les amandiers de la vallée des Consuls se couvri­raient de fleurs blanches. Je m’émerveillais de voir ensuite cette neige fragile résister à toutes les pluies et au vent de la mer. Chaque année, pourtant, elle persistait, juste ce qu’il fallait pour préparer le fruit.

Ce n’est pas là un symbole. Nous ne gagne­rons pas notre bonheur avec des symboles. Il y faut plus de sérieux. Je veux dire seulement que parfois, quand le poids de la vie devient trop lourd dans cette Europe encore toute pleine de son malheur, je me retourne vers ces pays écla­tants où tant de forces sont encore intactes. Je les connais trop pour ne pas savoir qu’ils sont la terre d’élection où la contemplation et le cou­rage peuvent s’équilibrer. La méditation de leur exemple m’enseigne alors que si l’on veut sau­ver l’esprit, il faut ignorer ses vertus gémissantes et exalter sa force et ses prestiges. Ce monde est empoisonné de malheurs et semble s’y com­plaire. Il est tout entier livréà ce mal que Nietzsche appelait l’esprit de lourdeur. N’y prê­tons pas la main. Il est vain de pleurer sur l’es­prit, il suffit de travailler pour lui.

Mais où sont les vertus conquérantes de l’es­prit ? Nietzsche les a énumérées comme les ennemis mortels de l’esprit de lour­deur. Pour lui, ce sont la force de caractère, le goût, le «monde », le bonheur classique, la dure fierté, la froide frugalité du sage. Ces vertus, plus que jamais, sont nécessaires et chacun peut choi­sir celle qui lui convient.

Devant l’énormité de la partie engagée, qu’on n’oublie pas en tout cas la force de caractère. Je ne parle pas de celle qui s’accompagne sur les estrades électorales de froncements de sourcils et de menaces. Mais de celle qui résiste à tous les vents de la mer par la vertu de la blancheur et de la sève. C’est elle qui, dans l’hiver du monde, préparera le fruit.

 

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ALBERT CAMUS

" L’été"

 

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SOPHIE DUPLAIN

Oeuvre Sophie Duplain

LETTRE D'EXIL

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Vit encore, vaguement, vaguelettes frangées aux écumes amères,
Bouge, gré des marées, filet jaune accroché au rocher, cédant,
Qui disparaît, revient, message au dérisoire,
Flotte, bercée par les poissons et les oiseaux de mer,
Muette se balance entre l'eau et le ciel, terre lointaine, déjà...
Et se défait
Bribes d'humain qui perd son langage, trouve celui de l'animal,
Puis de l'algue et ses lascivités de l'à quoi bon,
Guette déjà le lent mouvement des sables s'enroulant qui s'usent,
Parle une langue de pierres noires de silex de coquillages minuscules,
Rejoignant l’extrêmement petit et l'infiniment grand
Ce grondement sonore et grave d'une armée de violons s'accordant
Qui remue l'horizon
N'accuse pas la mer de me manquer elle n'y est pour rien
C'est moi qui manque d'elle

 

 

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ALEXO XENIDIS

 

 

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zao wou-ki 2

Oeuvre Zao Wou-Ki

LA REDEMPTION DES PEUPLES...Extrait

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Un enterrement à Calvi

Sur la place de l'église balayée par un vent violent, des dizaines de personnes venues de tout endroit de Corse et en particulier de Castagniccia attendaient le malheureux. J'étais à deux pas du cercueil et devant moi le prêtre officiait face à la foule. Que disait-il? Après avoir parlé du défunt, il lui promettait ou il espérait pour lui une vie dans l'au-delà.
J'étais atterré, angoissé par cet enfermement. Moi qui savais et qui devais encore me taire, supporter encore une fois le vieux supplice de l'égarement universel. Je voulais fuir à grandes enjambées à l'air libre mais dans la douleur, j'assistais encore...jusqu'à la fin.
Le prêtre avait déjà nettement séparé dans son discours le défunt de sa famille et de son pays; il le prenait comme un client potentiel du ciel chrétien et il plaidait humblement sa cause devant le ciel avec beaucoup d'incertitude. Peut-être, disait-il, y a-t-il un espoir pour cet homme? Notons le "Peut-être", car le chrétien n'a pas de certitude: il y a le péché de vivre, il y a l'Enfer, le Paradis… peut-être.
Mais quel espoir pouvait-il y avoir pour cet homme, si on lui retranchait ses racines vitales de peuple et de lucidité globale? Un végétal ne repousse plus sans racine. Ainsi flottait le malheureux mort dans l'air tendancieux d'un prêtre-outil répétant mécaniquement les mêmes sermons, les mêmes promesses sans conviction pour le même enterrement d'une plante déracinée.
Cet homme qui allongé dans son cercueil partait ainsi, à qui on avait toujours pipé les dés, il fallait bien le réhabiliter. Mais Comment? Je me retournai un instant et à travers la porte de l'édifice chrétien, là-bas au loin je vis les montagnes imposantes de la Balagne couronnées de neige.
C'était là le signe, c'était là l'attente, c'était là qu'irait un jour celui qui doit venir, celui qui doit venir pour la Corse, pour que ses fils ne partent plus bafoués, déracinés et désespérément seuls à jamais. Cet homme dans le cercueil avait été nourri de ces paysages, il en avait pressenti les potentialités, mais il était mort trop tôt hélas pour goûter sur terre, sur sa terre, les révélations puissantes et prometteuses qui pénètrent le corps comme un suc régénérant pour toujours.
Je voyais les montagnes impatientes, impatientes de rendre à leur peuple la force gigantesque de leur puissance.
Mais il fallait révéler les réalités ambiantes et historiques pour qu'à la dernière minute les esprits libres, les corps vibrants, ne soient plus déracinés, happés et récupérés par le cérémonial étouffant et hors sujet par rapport à la Corse qui m'était donné de souffrir en cet endroit.
Je jurais vengeance spirituelle à cet enfant de la Corse qui partait, je jurai que la Castagniccia si fière qui nous avait déjà donné une indépendance politique et qui depuis si longtemps attendait, attendait celui qui doit venir, ceux qui doivent venir, ses enfants, ses enfants, je jurais donc que les rayons solaires que filtraient les feuilles de ses châtaigniers seraient désormais de la poudre d'or, l'or de sa restauration glorieuse.
Cette église remplie de Corses qui se courbaient à un discours étranger et diviseur pendant que mourait leur peuple et se décharnait leur être, je jurai que désormais ce serait pour leur propre destin que leurs poitrines se soulèveraient en paroles, en chants et en gestes libres. 
Dans le cimetière de Calvi à la fin de la cérémonie je fus frappé par la promiscuité des tombes, de tous ces hommes et ces femmes séparés, divisés et pourtant entassés. Mais l'heure de la restauration viendra et cet entassement sera alors rassemblement des forces vers un même but.
Cimetière marin de Calvi, tu seras le navire plein de joie regardant la mer et ancré splendidement dans les entrailles de ta terre, les yeux vers les étoiles.

 

 

 

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CHARLES VERSINI
Editions du Journal de la Corse 1992

 

 

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CALVI2,

LE PETIT PRINCE ...Extrait

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Les gens ont des étoiles qui ne sont pas les mêmes. Pour les uns qui voyagent, les étoiles sont des guides, pour d’autres, elles ne sont rien que de petites lumières. Pour d’autres qui sont savants, elles sont des problèmes. Pour mon directeur, elles étaient de l’or. Mais toutes ces étoiles-là se taisent. Toi, tu auras des étoiles comme personne n’en a… Quand tu regarderas le ciel, la nuit, puisque j’habiterai dans l’une d’elles, puisque je rirai dans l’une d’elles, alors ce sera pour toi comme si riaient toutes les étoiles. Tu auras, toi, des étoiles qui savent rire ! 

 

...

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ANTOINE DE SAINT-EXUPERY

 

 

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LA PEINE ET SES ETOILES

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Que la peine soit lourde ou légère
Qu’elle soit profonde ou passagère,
Il existe toujours trois étoiles
Qui sont comme des guides.
Trois étoiles qui nous aident
A éviter la peine ou à vivre avec elle
Et à la traverser.


L’étoile du temps
Quand tout parait désert, brulé et désolé
Parce qu’on a trop souffert,
Le temps qui passe peut encore nous aider.
Lentement, patiemment, grâce au temps,
D’autres joies, d’autres rêves,
Viennent se glisser en nous …


L’étoile du veilleur
Être veilleur, c’est tenir une lampe allumée
Pour empêcher la peine d’entrer,
Chez les autres et aussi chez soi ;
Être veilleur, c’est tenir une lampe allumée
Pour être prêt, le plus possible,
À supporter la peine si elle entre quand même.


L’étoile de l’amour
Souvent, quand on est malheureux
On est comme un soleil caché.
On ne peut pas éclairer,
On ne peut pas réchauffer.
Aimer, c’est tout le contraire !
Aimer, c’est offrir ce qu’on est
Comme s’offre le soleil.
Aimer, c’est accueillir les autres
Pour combattre ensemble
La peine et les nuages

 

 

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AUTEUR INCONNU

 

 

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THAM2

Photographie Thami Benkirane

https://benkiranet.aminus3.com/ 

ALFONSINA ET LA MER / ALFONSINA Y EL MAR

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Sur la sable doux que caresse la mer
Ses traces sont sans retour,
Un chemin solitaire de peine et de silence
Est arrivé jusqu’à l´eau,
Un chemin solitaire de peine silencieuse
Est arrivé jusqu’à l´écume des vagues.
Dieu sait quelle angoisse t’accompagna,
Quelle longue souffrance ta voix a tué,
Pour que, bercée, elle se réfugie
Dans le chant des coquillages,
La chanson que chantent au fond de la mer
Les coquillages.

Tu t´en vas, Alfonsina, avec ta solitude,
Quels nouveaux poèmes es-tu allée chercher,
Une voix lointaine de vent et de sel
A charmé ton âme et l’emporte,
Et tu t’en vas là-bas, comme dans un rêve,
Endormie, Alfonsina, et toute vêtue de mer.

Cinq petites sirènes t’emmèneront
Par des chemins d´algues et de corail,
Et des hippocampes phosphorescents
Feront une ronde à tes côtés,
Et tous les habitants de l´eau
Joueront bientôt à tes cotés.
« Baisse donc la lampe encore un peu,
Laisse-moi, nourrice, dormir en paix;
Et s´il me demande, ne dis pas que je suis là,
Dis-lui qu’Alfonsina ne reviendra pas.
Et s’il me demande, ne lui dis jamais que je suis là,
Dis-lui que je suis partie. 

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Por la blanda arena
Que lame el mar
Su pequeña huella
No vuelve más
Un sendero solo
De pena y silencio llegó
Hasta el agua profunda
Un sendero solo
De penas mudas llegó
Hasta la espuma

 

Sabe Dios qué angustia
Te acompañó
Qué dolores viejos
Calló tu voz
Para recostarte
Arrullada en el canto
De las caracolas marinas
La canción que canta
En el fondo oscuro del mar
La caracola

 

Te vas Alfonsina
Con tu soledad
Qué poemas nuevos
Fuíste a buscar?
Una voz antigüa
De viento y de sal
Te requiebra el alma
Y la está llevando
Y te vas hacia allá
Como en sueños
Dormida, Alfonsina
Vestida de mar

 

Cinco sirenitas
Te llevarán
Por caminos de algas
Y de coral
Y fosforescentes
Caballos marinos harán
Una ronda a tu lado
Y los habitantes
Del agua van a jugar
Pronto a tu lado

 

Bájame la lámpara
Un poco

 

 

 

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ALFONSINA STORNI

 

 

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SILENCE DE MIDI

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Tes mains sont ouvertes dans les longues herbes fraîches,
Les bouts des doigts pointent telles des roses en fleur :
Tes yeux souriants respirent la paix. Le pré luit puis s’assombrit
Sous un ciel de nuées qui se dispersent et se rassemblent.
Tout autour de notre nid, aussi loin que l’œil puisse voir,
S’étendent des champs dorés de boutons d’or, bordés d’argent
Là où le cerfeuil sauvage longe la haie d’aubépine.
C’est un silence visible, aussi immobile que l’est devenu le sablier.

Dans la profondeur de la verdure fouillée par le soleil, la libellule
Est suspendue tel un fil bleu qu’on aurait défait du ciel :
Ainsi cette heure ailée nous est envoyée d’en haut.
Oh ! Serrons-la sur nos cœurs, comme don immortel,
Cette heure d’une communion intense et inexprimable
Où un silence partagéà deux fut le chant de l’amour.
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DANTE GABRIEL ROSSETTI
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dante-gabriel-rossetti-ophelia

Oeuvre Dante Gabriel Rossetti

OISEAUX

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Les yeux partis du front des aveugles deviennent des oiseaux.

– Les petits oiseaux, passe encore ! allez-vous dire, mais les grands ?…
Les grands oiseaux, ne voyez en eux que des yeux exorbitamment épars depuis des temps immémoriaux.
Quelle force au surplus pourrait empêcher les yeux de grandir, une fois dans le libre azur ?

Roitelet : œil de poupon !
Mésange : œil de fillette !
Fauvette : œil de garçon !
Bengali : œil d’infante !
Pinson : œil de page !
Linotte : œil de bohémienne !
Moineau : œil de gavroche !
Alouette : œil de pâtre !
Bergeronnette : œil de lavandière !
Ortolan : œil de vicaire !
Rossignol : œil de poète !
Hirondelle : œil de bayadère !
Pivert : œil de pèlerin !
Chardonneret : œil de troupier !
Martin-pêcheur : œil de matelot !
Chauve-souris : œil de pierreuse !
Coucou : œil d’écornifleur !
Grive : œil d’ivrogne !
Merle : œil de satirique !
Sansonnet : œil de contribuable !
Canard : œil de mendiant !
Perroquet : œil d’histrion !
Tourterelle : œil de religieuse !
Ramier : œil d’amant !
Colombe : œil de martyr !
Pie : œil de veuve !
Corbeau : œil de fossoyeur !
Hibou : œil d’avare !
Goéland : œil de corsaire !
Coq : œil de toréador !
Poule : œil de ménagère !
Faisan : œil de gentilhomme !
Dinde : œil de magistrat !
Oie : œil de chanoine !
Héron : œil de cénobite !
Cygne : œil de patriarche !
Chat-huant : œil d’astrologue !
Cormoran : œil de flibustier !
Cigogne : œil de mage !
Condor : œil de bandit !
Vautour : œil de tyran !
Paon : œil de pape !
Aigle : œil d’empereur !
Et tant d’autres !

La preuve que voilà bien des yeux ailés, considérez les nids et les aires.
Dirait-on pas des orbites ?
Ils vont de climat en climat, de pic en pic, de lande en lande, de bosquet en bosquet, de branche en branche, les oiseaux ; et leur repos met, sur les choses, des yeux.
Lorsqu’un oiseau se pose, le roc ou la branche nous voit, et ses regards sont, selon le miroir de notre âme, bellement ou laidement sonores.
Aussi faut-il s’efforcer toujours d’avoir une âme claire et de marcher avec d’infinies précautions à travers la vie ; car, n’étant plus ceux des fronts humains, les yeux « tombés dans le domaine public » sont devenus les yeux de la nature.
Possible explication du Dieu-voit-tout qui surprenait notre enfance !
En effet Dieu c’est la fille, le garçon, le riche, le mendiant, celui qui souffre et celui qui jouit, celui qui nous aide et celui qui nous éprouve, celui qui récompense et celui qui châtie, – c’est enfin tout le monde à la fois.
Ne tuez donc pas les oiseaux !
Ne tirez pas sur eux la paupière de la mort !
Ne crevez pas les yeux qui volent !
N’aveuglez pas Dieu !

 

 

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SAINT-POL ROUX

 

 

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OISEAUX

Oeuvre ?

SECONDES...Extrait

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Aujourd’hui encore, parfois,
tu peux avec la clef d’un simple trèfle
ouvrir le monde...

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YANNIS RITSOS

 1909 - 1990

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rit

 

 

 

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