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Et nous vivrons sous le silence de la neige,
corps à corps, bouche à bouche, suspendus
dans le cristal d’invincibles feuillages.
Et les jours glisseront, les astres, les soleils,
jour après jour, nuit après nuit, et les années
s’amasseront en robes sombres à nos pieds.
Des arbres, des enfants naîtront de cette mort,
d’autres mains dénouées de l’herbe de nos mains,
des ailes bougeront entre nos bras déserts.
Nous verrons s’effacer, très loin sous nos fenêtres,
de petits gestes gris, des yeux bavards,
des ombres bues par de paisibles craies.
Nous les dirons de pluie, de feuilles, de passage :
rosées de sueur des terres maternelles,
ordres léger, cendre de nuit – si peu.
Dans le froid lumineux, nous survivrons longtemps
à nos désirs – siècles, années, secondes –
sous le regard figé de l’oiseau blanc.
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JEAN JOUBERT
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