Je suis hélas de ces étendues dont les lames rendent
au ressac les corps à la dérive d'une vie de galères
Je suis de ce monde dont on ne revient qu'à moitié
Et que berce le flot viride de la mémoire tumultueuse
Je suis de ce monde pour tout le mal de terre
qu'une larme cerne qui endeuille l'infinité
Je suis de ce monde d'un pacte à réméré valant
pénitence Voie pérennelle de rachat
J'aurais été de ce monde de vérité de rigueur
dont les clartés ceignent l'espérance Mais qui du couchant
Du Levant embrase les champs de la liberté
trahie clouée aux portes du ciel blanches et bleues
Étais-je des mondes safres du silence qui n'absentent
et ne distancent que l'épure ivre aux nobles sillages
laissant aux ailes immaculées des vents le souffle
la palpitation d'un coeur perpétuellement fasciné
Qu'eussé-je été d'autre en ce monde que solitude
l'envers d'un décor où l'amour vague en misant
Comme il rend toujours de retour aux illusions
le juste reflet des choses des métamorphoses
J'ai été désespérément et par trop prolixe
emporté par la folie de fabuleuses paréidolies
Au-delà de tous les maux confinés de l'amer
j'ouissais comme l'écho lointain d'un message
J'étais de ce monde paradoxal Éminemment lyrique
Océanique allaient la harpe la fougue de la passion
Par le chemin de croix quêtant l' improbable destinée
N'aurais-je pas suivi en musant la bonne étoile
Je fus dès lors d'un monde aux mille caps Des Pléiades
d'Orion aux horizons bleus que la nuit réunit un jour
Fussent-ils de ce monde où l'Un et le Multiple
indéfiniment se révèlent enfin après la traversée
Je sais que nous convolions en cette clairière unitive
en-joignant nos mots lucides à la terre des hommes
Je demeure comme je suis de ce monde obscur
orchestrant à jamais son vaste choeur d'étoiles
J'eus été de cette ode à l'Océan-Mer où se jouent
de grands desseins et tous les humbles paris
Qui m'eussent accordés quelques rais
de soleil et de sagesse si proche de l'Unique
Ainsi de renaître en ce monde Accord
et à cri à douleur de tant de fortunes Ô mer
car j'écris de Ton monde révéré par Ta foi
dont on dit qu'elle prélude au Ciel des bontés
Et si je n'avais été que d' un monde platonique
hôte volage des vagues en transes où danse
et divague l'onde sublimée d'une rencontre
qui m'eût alors et à jamais révélé Ton mystère
.
CRISTIAN GEORGES CAMPAGNAC
.