je conte le corps exilé et les racines migrantes
la boussole égarée dans les décombres de l'errance
le souffle amasse les peurs moisies des jours pétulants
la fréquence du pas atteint l'âge des ténèbres
brusquement l'homme dévore la chair vive de la prairie
il disparaît sur son dos l'amphore sertie de sécheresse
son crâne évadé subit l'avalanche des mémoires
il porte les séquelles de sa terre et boit son calice
ne sait plus lire le paysage étourdi par la gerçure des dunes
il flanche à l'épreuve de l'arène à la croisée des vents
marche contre le smalt la nuit sur l'humus du périple
pour atteindre la statue de la miséricorde qui remue son éclat
sous la lumière qui l'a secouru il se désaltère de sueurs nomades
se nourrit des ocres qui s'offrent en renfort à la marche des sables
il dépose sa complainte sur la pierre de la contrée méconnue
à l'aurore sa lyre le secoue dans son songe
il se réveille enchanté par la clarté de l’idylle
s'empare du chant thaumaturge du jour naissant
il entame alors la voie du sirocco dans l'axe du soleil
et brave la dompteuse des déserts qui s'empare de lui en dévotion
lui offre l'expression de l'inaccessible firmament
de ce pas il pénètre dans le royaume de la paix
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KAMEL YAHIAOUI
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