C’est du sang, pas de la grêle,
ce qui fouette mes tempes.
Ce sont deux années de sang :
ce sont deux inondations.
Sang d’acte solaire,
tu viens dévorante,
jusqu’à laisser déserts
et étranglés les balcons
Sang, qui est le plus précieux
de tous les biens précieux.
Sang, qui thésaurisait
pour l’amour ses dons.
Regardez-le troubler les mers,
faire sauter les trains
décourageant les taureaux
là où il encouragea les lions.
Le temps est sang. Le temps
circule dans mes veines.
Et face à l’horloge et au temps
je me sens plus que blessé,
et j’entends une collision de sangs
de toutes les dimensions.
Sang dans lequel la mort
peut à peine se baigner :
éclat émouvant
qui n’a point pâli,
parce que l’ont recueilli
mes yeux millénaires.
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MIGUEL HERNANDEZ
Traduction Jean-Marc Undriener
http://www.fibrillations.net/Miguel-Hernandez-Quelques-poemes
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Oeuvre Jamil Naqsh