Herbes maigres, genêts et pins : amont d’aiguilles
où chaque ruine abrite un figuier, son enfant.
(Conversation toujours la même, trop secrète
que le vent ralentit ou suspend, dans ses foules)
Muraille désertée des nids, faute de feuilles ;
mais le soleil qui l’a lézardée sait s’y fendre.
Une poudre, limon d’espace, couvre tout :
pierres, fruits, feuilles, même le dos des chevaux.
Trois éléments dans ces atomes de poussière :
air, feu, terre. Mais si étroitement liés
que sans eau le prodige eût été impossible,
au moins à leur début, puisque longtemps après
ils gardent trace, résistante aux érosions,
d’une fraîcheur plus souterraine, sans sillage.
Quel ciment autre les scellait, hors cette goutte ?
Réponse unique : le silence, les parfums.
L’eau est pourtant présente à ces hauteurs. On sent
qu’elle s’est seulement plus inhibée encore,
insinuée sous les chemins et les sentiers,
irriguant ses tissus comme un vaisseau sanguin.
Au creux de cette sécheresse, on peut la croire
occupée à se rassembler, se recueillant
pour gagner un instant l’arène de la source.
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HENRI-LOUIS PALLEN
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Oeuvre Vincent Van Gogh
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