L'indifférence, la méchanceté, la débacle, l'agitation, les petitesses, sont affaires d'hommes. Leurs ego bétonnent, leurs monnaies enterrent, leurs croyances mentent, leurs pouvoirs détruisent. Loin de ces jeux morbides, un seul lilas sauvage, un pan de mur éboulé, le trait roux d'un renard, un geste de moineau, un ru sur la poussière, des pépites de rires, donnent inlassablement la clé, le sens du vivant. L'écriture brûle comme un fagot bien sec. Ses cendres iront nourrir le vent et les graines qui ne demandent rien. Loin des météos, toujours les saisons remontent, les aubiers fendent, les herbes tapissent, les nids réchauffent, les fleurs décorent, les fruits nourrissent, les racines veillent, les bêtes repeuplent. Rien de secourable dans l'obstination éveillée mais chaque jour offert, seul et unique, mêlant son lait materne au café noir des nuits. La gratuité toujours renouvelée. Est-ce une colère ou un accablement mes mots qui cherchent ailleurs loin des affaires d'hommes ?
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ILE ENIGER
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Oeuvre Marc Chagall