Ton cri, vulgarisé pour enfants par « cocorico »,
déchirant à mon sens car de la profondeur des âges,
enchevêtre aigûment la stridence et la raucité,
bruit en moi des plaintes d’une souffrance lucide.
Monté de la gorge et du ventre comme celui de Munch
il écorche non juste le matin mais tout temps calme,
contrairement à ce que d’aucuns disent supposer,
qui n’ont pas peur d’en faire un signe instinctif de triomphe.
Il s’en faut de beaucoup que cela corresponde au vrai
d’univers où les oasis de vie en paix sont rares,
les bonheurs sans faille peu durables ou mensongers,
les élans de vie contrecarrés par tant de limites.
Je n’éprouve jamais en percevant ta cantilène
autre chose que malaise et gêne à m’en réjouir
à la pensée de tout ce qui aujourd’hui nous menace
en Français humanistes, sans souci de confession.
Cocorico pour ceux qui s’abreuvent de la violence,
l’aiment, s’y reconnaissent, la suscitent par leurs mots,
légitiment la force pour garder leurs privilèges,
considérant que tous les hommes ne sont pas égaux.
Cocorico à la haine des pères, tantes et nièces,
cocorico à tant de beaux scandales financiers,
cocorico au choix des banques plutôt que des hommes,
aux politiques dont la parole ne fait plus sens.
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HENRI-LOUIS PALLEN
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