Ce n'est pas un amour qui se dit,
c'est un amour qui se contente d'être,
à l'abri des regards,
des espoirs,
c'est un amour qui a la force de la pierre
et qui est gracile comme les ailes d'un rêve,
c'est un amour que jamais mes lèvres n'énonceront,
qui restera scellé en moi,
qui vivra en moi en dépit de moi,
je n'y peux rien,
c'est un amour qui me fait croire que Dieu existe
et que je suis ta créature,
c'est un amour qui est bleu comme les jeux de mes enfants
ou comme les vagabondages du crépuscule,
c'est un amour qui m'avoue que tu me dictes chaque page,
chaque lettre d'une vie dont je crois être l'auteur,
c'est un amour qui ne se découvrira jamais au grand jour,
qui préfère le plein soleil de l'absence,
c'est un amour dont j'ignore tout
car il s'est caché dans les anfractuosités de ma mémoire maladive,
c'est un amour qui me sermonne les mots les plus intrépides
quand je suis las d'écrire,
c'est un amour dont je sais tout
car il est le compagnon des exils de mon souffle,
c'est un amour qui m'apprend à m'aimer
alors que j'ai peine à me tolérer,
c'est un amour qui survivra à ta mort
car il ne requiert guère que tu existes pour subsister,
c'est un amour qui se moque des palabres du désir,
c'est un amour qui ne te demande rien,
moins que rien,
seulement d'induire la musique de mes poèmes,
c'est un amour qui se déploie en un nombre infini de miroirs
qui s'altèrent selon tes métamorphoses et mes déchirures,
c'est un amour qui est toi alors que je ne suis rien.
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UMAR TIMOL
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