S’envolent les colombes
Se posent les colombes
Prépare-moi la terre, que je me repose
Car je t’aime jusqu’à l’épuisement
Ton matin est un fruit offert aux
chansons
Et ce soir est d’or
Nous nous appartenons lorsque l’ombre
rejoint son ombre dans le marbre
Je ressemble à moi-même lorsque je me
suspends
Au cou qui ne s’abandonne qu’aux
étreintes des nuages
Tu es l’air se dénudant devant moi
comme les larmes du raisin
L’origine de l’espèce des vagues quand
elles s’agrippent au rivage
Et s’expatrient
Je t’aime, toi le commencement de mon
âme, toi la fin
S’envolent les colombes
Se posent les colombes
Mon aimé et moi sommes deux voix en une
seule lèvre
Moi, j’appartiens à mon aimé et mon
aimé est à son étoile errante
Nous entrons dans le rêve mais il
s’attarde pour se dérober à notre vue
Et quand mon aimé s’endort je me
réveille pour protéger le rêve de ce
qu’il voit
J’éloigne de lui les nuits qui ont
passé avant notre rencontre
De mes propres mains je choisis nos
jours
Comme il m’a choisi la rose de la table
Dors, ô mon aimé
Que la voix des murs monte à mes genoux
Dors, mon aimé
Que je descende en toi et sauve ton
rêve d’une épine envieuse
Dors, mon aimé
Sur toi les tresses de ma chevelure.
Sur toi la paix
(…)
J’ai vu le pont
L’Andalousie de l’amour et du sixième
sens
Sur une larme désespérée
Elle lui a remis son coeur
Et a dit : l’amour me coûte ce que je
n’aime pas
Il me coûte mon amour
Puis la lune s’est endormie
Sur une bague qui se brisait
Et les colombes se sont envolées
L’obscurité s’est posée
Sur le pont et les amants
S’envolent les colombes
S’envolent les colombes
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MAHMOUD DARWICH
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