Il n'y a personne pour nous dans le monde
tant l’incandescence emporte tout
passage ardent, amour fervent,
j’ai cru à la rédemption des sillons de feu du poème
j’ai cru à la tourmente des ailes de papillon dans la lumière
j’ai cru à la nostalgie de l’enfant du vieil homme et la mer
s’est levée la tempête, le bateau de l’amour s’est heurté au réel
des torches brûlantes ont incendié les habitudes
et nul n’a su dompter les mots de l’horreur
Pour vous les brulées vives
D’avoir résisté au viol
Pour vous les égorgés,
D’avoir osé votre parole
Des monceaux de corps assassinés
Voilà la frontière de l’humanité
Où sont la lune et les étoiles ?
Où est le soleil ?
Où est la galaxie fraternelle
Et la tendre voie lactée ?
Dévastée, les douleurs, les massacres
Notre refus des choses, nos chants
Rien, pas même la pitié
Nous tentons d’inventer la langue
La phrase déchiquetée des chairs,
La violence, la guerre
Nous écrivons dans la terreur du miroir
La crue nous inonde
Et noie nos espérances
dans les tranchées du temps
nous voulons porter la rage de vivre
dans la laine frémissante du désir.
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NICOLE BARRIERE
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Photographie Yveline Wood