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Vous migrateurs que l’aube esquisse
dans les pressentiments d’hiver
sûrs d’épouser le pur tracer
de l’infaillible main de l’air
visible songe sagittal
vecteur d’un ouvrage majeur
sur le souffle secret des dieux
pilotes calmes & lucides
parmi ces méandres célestes
ces labyrinthes cristallins
où des vents furieux désespèrent
élan dont la cadence
va soudain s’amplifier
comme sensible à l’impatience
d’un berger abyssin
ou d’une aube de Casamance
vous n’êtes pas l’Exode
d’une bible invisible
ni le dernier symbole
d’un verset oublié
vous venez d’une partition
avec le bleu pouvoir de faire
de l’air glacial de l’Allemagne
un air de Mozart ou de Berg
O grand songe vous traversez
dans votre régate nocturne
l’écume & la rumeur
du tumulte des hommes
vous glissez entre les étoiles
sur le soyeux tissu de l’ombre
unique intense égal effort
annulant toutes les frontières
Energie d’un peuple d’ailes
royaume est votre mouvement
un léger royaume invisible
dans sa rythmique souveraine
son innocente trajectoire
oh si docile à la lumière
à sa douce légalité
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RAYMOND FARINA
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Photographie Pedro Diaz Molins