Humanitéun drôle de mot Humanitésac de misérables créatures jetées entre ciel et terre frères
sœurs de poussière humanité visages éblouissants désirs tendresses meurtres argile modelée
brisée molécules jointes disjointes qui vous fabriquent du Je du Tu du Nous à n'en plus finir
humanitéà foison j'y macère avec vous je voudrais sortir goûter une larme de solitude une
larmichette qui aurait goût de miel saveur d'oubli ou goût de joie très bleue mais j'ai la bouche
pleine de vos de nos cris je ne sais même plus si j'ai un cri à moi
est-ce que quelque chose est à moi ici dans ce cachot dévasté du XXI° siècle
est-ce que j'existe moi qui mâche les mots chaque nuit les miens les vôtres et suis
sommée de veiller jusqu'au matin
sommée de veiller jusqu'au matin
il y a toujours un mur on ne sait pas de quoi il est fait rien ne sert de tendre la main devant soi
comme un aveugle en espérant toucher sa rugosité ou son lissé trompeur parfois il semble
s'éloigner la respiration s'amplifie la cage thoracique gagne quelques centimètres
un verre de vin une goutte d'eau de vie parachèvent le mouvement le ciel reprend couleur
l'air apporte des embruns inespérés une odeur d'iode coule dans les veines on se permet de
rire comme ceux qui toisent l'horizon avec assurance ceux qui parlent couramment
le "libre-arbitre" réfutent le poids des pierres dans leur jardin ont-ils jamais aperçu le mur
comme un aveugle en espérant toucher sa rugosité ou son lissé trompeur parfois il semble
s'éloigner la respiration s'amplifie la cage thoracique gagne quelques centimètres
un verre de vin une goutte d'eau de vie parachèvent le mouvement le ciel reprend couleur
l'air apporte des embruns inespérés une odeur d'iode coule dans les veines on se permet de
rire comme ceux qui toisent l'horizon avec assurance ceux qui parlent couramment
le "libre-arbitre" réfutent le poids des pierres dans leur jardin ont-ils jamais aperçu le mur
le mur s'édifie quand il veut où il veut s'immisce à l'intérieur subitement sous la peau il occupe
la chair avec ses moellons d'angoisse ses cailloux-caillots ses os poussiéreux ses morts
décomposés ses cris rentrés ses silences délétères ses fondations toujours plus profondes
toujours plus envahissantes
la chair avec ses moellons d'angoisse ses cailloux-caillots ses os poussiéreux ses morts
décomposés ses cris rentrés ses silences délétères ses fondations toujours plus profondes
toujours plus envahissantes
se peut-il qu'il soit illimité...
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FRANCOISE ASCAL
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