Au plus creux point de toi,
dans la plus vaste, dans la plus compacte solitude.
ni feu, ni lieu, la maison vide sous le toit
béant. Où la pierre de l'être a basculé, où se dénude
le temps. Passé fossile. Paroi lisse du futur,
et le présent vertigineux. Un pas. Un saut. Courage.
C'est qu'il en faut du cœur au ventre. Qu'il est dur
d'aller ainsi. Viens, reprends souffle. Pâturages
de la jeunesse, verts espaces, horizons
perdus. perdue aussi cette douceur de vivre.
Au plus noir point de toi. dans le tison
du jour. Tu as jeté tes armes et tes livres.
Avance, avance, ne t'attarde pas
à ramasser les morceaux de ta vie.
Un pas. Un saut. un pas. Encore un pas.
Très peu de temps te reste. La pente gravie,
tu te trouves déjà sur le dernier versant.
Au plus haut point de toi, devins toi-même
avec ce que tu es, chair, lymphe, sang,
muscles et nerfs. Si peu de chose. Dans l'extrême
pauvreté de ton existence mise à feu,
mise à nu, mise à sac. Tu vas renaître,
pour la quantième fois? Si tu veux,
si tu le peux – et tu le peux – reprends ton être
où tu l'avais laissé. Avance. Avance.
Le jour tient à un cheveu.
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LILIANE WOUTERS
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Oeuvre Joan Sicignano