"Me vint le grand exemple des courtisanes et de l’amour. Car si tu crois aux biens matériels pour eux-mêmes tu te trompes. Car de même qu’il n’est de paysage entrevu du haut des montagnes qu’autant que tu l’auras toi-même construit par l’effort de ton ascension, ainsi de l’amour. Car rien n’a de sens en soi, mais, de toute chose, le sens véritable est structure. Et ton visage de marbre n’est point somme d’un nez, d’une oreille, d’un menton et d’une autre oreille mais musculature qui les noue. Poing fermé qui retient quelque chose. Et l’image du poème ne réside ni dans l’étoile ni dans le chiffre sept ni dans la fontaine, mais dans le seul nœud que je compose en obligeant mes sept étoiles de se baigner dans la fontaine. Et certes il faut des objets reliés pour que la liaison se montre. Mais son pouvoir ne réside point dans les objets. Ce n’est ni dans le fil ni dans le support ni dans aucune de ses parties que réside le piège à renards, mais dans un assemblage qui est création, et le renard tu l’entends crier car il est pris. Ainsi moi le chanteur ou le sculpteur ou le danseur, je saurai te prendre à mes pièges.
Et ainsi de l’amour. Qu’as-tu à attendre de la courtisane ? Sinon repos de la chair après conquête des oasis. Car elle n’exige rien de toi et ne t’oblige point d’être. Et ta reconnaissance dans l’amour quand tu désires voler au secours de ta bien-aimée, c’est qu’ait été sollicité de toi l’archange qui y dormait."
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