« Que font les morts
de dix lys flétris et cinq oiseaux muets ? »
Ruines et clôtures
mouchoirs et civières
tel est mon cœur
Mulets accablés, arbres dénudés
enfants usés, fleurs étiolés
amas de crânes, livres, plumes d’oiseaux :
tel est mon cœur
Bombe
mur sombre et voie barrée
noces comptées en mois et funérailles en jours
« Embrasse-moi, que je t’abatte »
« Je te donne mon cœur, tu m’offres le gibet »
sirènes d’alarmes et cercueils
vieux fers et tintements factices
épitaphes pâlies et carnages d’exportation :
tel est mon cœur
Amis et cannibales
rues et stèles du souvenir
heures infinies… de six à deux et demie
heures infinies… de neuf à demain ou après-demain
de demain aux années à venir
heures qui s’étirent, débordant les besoins du cœur
vastes étendues, débordant les besoins des pas
balles de fusil et poignards, débordant les besoins des morts
volatiles décrépits et cages d’excellente facture
modulation de fréquence
dix lys flétris et cinq oiseaux muets
chat noir bourré de poussière, paille et ressorts détraqués
coupe-ongle
avis postaux ignorés
voyageurs et assassins, compliments bons à tirer
avertissements en recommandé : « Veuillez excuser notre refus »
dernière heure du dernier jour du neuvième mois :
tel est mon cœur
Seigneurs de jadis et seigneurs de ce jour
montagnes pelées et cœurs rongés par l’acide :
tel est mon cœur
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NAZIH ABOU AFACH
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Oeuvre Apartian Dibasar
Peintre Syrien