Des souris des morts
je te sauve
ô livre innocent
qu’a laissé
le fugitif fantôme
d’un peuple passager
fatigué de ses songes
Avec toi tes lettres bouclées
ont côtoyé
la vérité du pain
ont coulé même
dans l’haleine lente du cèdre
sont devenues
passions saveurs de mondes
musique dans
le registre figé des deuils
la théorie des morgues
où les morts attendaient leur nom
sont devenues silence
pour ceux qui apprenaient
la cruelle leçon du deuil
devant la mère diaphane
deviendront
procédures d’aurore
pour alléger le monde
On t’avait oublié
dans la misère des poussières
puisque jamais tu n’eus d’images
à donner aux enfants
Mystère tu restais
dessous leurs doigts humides
mystère encore dans les yeux clairs
du tendre analphabète
Maintenant tu réveilles
tes signes magiciens
les rassemblent nous ensorcelles
d’anciennes guerres d’écoliers
sortis des quartiers de la lune
avec leur lexique trilingue
de ce cœur d’oiseau qui battait
à nous faire éclater le poing
de ce moineau d’Alexandrie
pillant un songe d’épicier
.
RAYMOND FARINA
Extrait de " Le moineau d’Alexandrie in Pays "
Editions Folle Avoine
.
Sculpture Denis Mondineu