Je regarde d’ici les guerres fatiguées
Les mots qui sont des mouches sur les vitres
Prisonnières
Le poids mort de la pesanteur sur la nuque et ce temps que l’on tue
De peur
De croiser son regard d’y voir le décompte
A rebours et le va et vient qui finira
Les mêmes boucles la même fin qui ramène le naufragé
Toujours à la même vague quand le sol se dérobe
Je pense à Diogène avec sa lampe qui cherchait un homme
Quand j’écarte de mon chemin les humains en cherchant la lumière
Pourquoi
Est-il impossible d’être debout
Sans retomber
Et puis touchant la terre pour la millième fois de se relever, sans repos,
Reprendre la même place
Je danse, c’est mon rôle, trois petits tours,
Avant que ne se raniment et se rouvrent toutes les blessures
Toutes,
Ma vie fuit par cent portes rouges je me tais
Et mon silence coule jusqu’à mes pieds qui disparaissent
Combien de temps avant que toutes les portes ne s’effacent
Pourquoi
Ne se relève-t-on que pour retomber
Pourquoi rebâtir des villes avec les pierres des villes disparues
Poser les temples les maisons sur des ruines sans voir
Que la ville nouvelle ne sert qu’au prochain massacre
Que les dieux qu’on y convoque partiront comme ceux qui les ont précédés
La bouche amère pour ne pas revenir, si las, désabusés,
Quand je suis ces cailloux que dispersent les soudards qui rient dans les décombres
La mémoire qui s’éparpille les souvenirs sans date la vieille affiche déchirée
Sur le mur qui flotte écrite dans une langue que plus personne ne comprend
Comment pourrais-je vous appeler
Verrez-vous seulement que maintenant je me dépouille
Que je vous jette à la tête mon chapeau ses grelots et mon habit écartelé rouge et jaune
Mes rires qui provoquaient les vôtres et ma joie à vous regarder
Que la poésie qui vous amuse est justement la mouche prisonnière sur sa vitre
Elle se cogne et c’est à vous qu’elle se cogne
Croyant que vous êtes clarté
Pourquoi
Est-il avec vous impossible
De rêver
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ALEXO XENIDIS
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Photographie Soon Young Lee