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Channel: EMMILA GITANA
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MEMOIRE DE LA MER...Extrait

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Après les sens qui se sont fermés, ce sont toutes les fonctions du corps qui sont frappées d’inertie. Elle passe de brancard en brancard, d’hôpital en clinique. Elle est ici ? Non, elle est là, suivant les semaines. Aucun hôpital ne guérit plus. On fait semblant de réparer un peu, pour qu’elle reparte ailleurs. Que je te pousse et te pousse, pompe et pompe, vide, remplisse. On l’évacue comme une noyée que l’on rejette dans le courant. Les yeux toujours fixant la mort. Sent-elle ? Ne sent-elle pas ?
 
Mais le cœur est le résistant absolu. A résisté aux guerres, aux maternités, aux deuils, aux jouissances, aux génuflexions. Il ne comprend pas l’injonction du corps flétri. Elle avait eu beau, des années durant, appeler la mort, elle était bien loin de vouloir disparaître.

Je voudrais qu’on te ramène dans la maison de toujours. Je me coucherais de tout mon long sur toi, pressant comme le doit tout pressoir, jusqu’au tréfonds -comme le disait la grande presseuse de nos enfantements : « Poussez, allez-y, poussez encore, encore” » -, pressant ce cœur de se rendre à l’évidence, je serais la première terre où t’enfouir, je t’accoucherais de ta mort, ma mère.

 

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FRANCINE SEGESTE

 

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so2

 


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