A coeur battant ton sang coule dans mes veines
Et loin de tes bras ouverts mon arbre et ma source
Je suis cloué dans la nuit à la porte des larmes
Le destin aux pieds nus pleure dans mes yeux
Les jours passent dans le reflet vide des miroirs
Sa cendre et sa fumée brulent encore mes paupières
J'entends le souffle du monde entre l'exil et l'espoir
Et mes mots se bousculent sur la trame des jours
Mais l'oiseau bleu sous ma lampe s'est envolé
Entre le fond de la nuit et des matins sans retour
Les jours sont comptés dans la forêt des remords
La vie se dissout dans le regard vide des humains
Sans soif sans faim sans coeur sans chair sans désir
Toutes ces vies miroitant dans des ombres d'énigme
Au coeur vitrifié sur la carte de contrées sans amour
Je porte en moi des ailleurs encore inconnus de nous
Où chaque jour est un monde dans les lignes de la main
J'erre à l'orée d'un pays de voix vives et de rires
En marge des nuits revenu des confins de moi-même
Je guette les résurgences d'un fleuve souterrain
Où naviguer avec toi jusqu'au bord du ciel
J'entends tes pieds nus effleurer la tiédeur de la terre
Comme un homme assis au bord de la tendresse
Regarde un monde de lumière couleur de miel
Avec des fleurs de froment coulant sous nos pieds
Et des rires d'enfance soulevant le poids du ciel
La lumière de ton sourire illumine mon souffle
J'en vois les sillons incrustés sur les parois du temps
Mon coeur est toujours aiguisé au soleil de l'amour
J'attends deux mots de toi pour me remettre à vivre
Comme un chant venu de dessous les mousses
Ou deux perles volées entre les dents de la mort
Avant que ton soleil quitte à jamais mon ciel
Et que la nuit éternelle ferme sur moi ses volets.
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JACQUES VIALLEBESSET
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