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J'ai dans ma valise des souvenirs
Une broche kabyle de ma mère
Le henné qui fleurait sa main
Et le souak de ses lèvres embaumées
J'ai aussi une pierre muette
Des ruelles discrètes de la Casbah
Criblées des traces de mes rires
Et de mes chroniques d'enfant
J'ai dans ma valise des larmes
De la pluie qui tombe sur Alger
Et celles des justes râlants
Sur la hampe d'un drapeau brûlé
Dans le dessous de ma valise
S’étend l’injuste addition de l’exil
Que je règle de mes pleurs d’apatride
À l’émotivité déchue
Au fond de ma valise roulent encore
Les sarcasmes des galopins militaires
Et les prêches funestes et lugubres
Des exégètes furieux et méchants.
Je garde donc ma valise fermée.
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DJAFFAR BENMESBAH
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Oeuvre Wasma Al Agha