"Un jour que je laissais couler des larmes amères, que mon espérance, décomposée, s’anéantissait en douleur et que je me tenais solitaire près du tertre aride qui dérobait en son étroite et sombre dimension la Figure de ma vie - solitaire comme nul solitaire encore ne le fut, étreint par une angoisse indicible - sans force, n’étant plus qu’une pensée de détresse. - Comme je cherchais une aide des yeux, que je ne pouvais ni avancer ni reculer, et que je m’agrippais avec un regret infini à la vie fuyante qui s’éteignait : - alors m’arriva des lointains bleutés - des hauteurs de mon bonheur passé, un frisson crépusculaire - et d’un seul coup se rompit le lien, le cordon natal - la chaîne de la Lumière. Disparut la splendeur terrestre et mon deuil avec elle - la nostalgie s’épancha en un monde nouveau, insondable - toi, ferveur de la Nuit, sommeil céleste, tu vins sur moi - le paysage s’éleva doucement dans les airs ; au-dessus du paysage planait mon esprit libéré, renaissant."
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NOVALIS
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Oeuvre Odilon Redon