Je nais chaque fois que je monte sur scène
Un gros nez rouge sur mon visage blême
Je suis l’enfant dont je me souviens bien
Un homme d’esprit, un poète du rien
J’attrape le ridicule et le fait tournoyer
Avec l’élégance des désespérés
Je suis le fou qui transforme les blessures
Des âmes fêlées de mille et une brisures
Je jongle avec mon ballon pathétique
Entre tristesse et vérités cyniques
Mes soupirs sont une oraison d’amour
Qui bat doucement la mesure des tambours
Je verse des larmes que personne ne remarque
Détresse muette, miroir de mes grimaces
Je tente de vous prendre par le bout du cœur
Je ne suis pour vous qu’un stupide amuseur
Je trébuche sur le gradin de vos rires
Mes pieds dans cette humaine tragédie
Bienvenue dans le cirque de l’Univers
J’ouvre mes bras d’étoiles et de poussière
L’heure de ma dernière farce a sonné
Je rejoins ma verdine les bras chargés
De la misère du monde et de vos peurs
Sous son fardeau, le clown se meurt
Mais avant de tirer ma révérence
Avant de toucher le fond en silence
Il me reste l’ironie du désespoir
Pour ceux qui n’ont rien compris à l’histoire.
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CATHERINE SMITS
Poème inédit
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Photographie ClaudeTruong-Ngoc
Achille Zavatta, le clown de mon enfance