Il neige de blancs silences
sur la mer. Elle
tout à ses ressacs conjugue et
ressasse la morte caresse des glaces.
La mâchoire des brisants
déchiquette encore les souvenirs
enfouis :
mots-squelettes d'épaves
peuplées d'échos de voix
et de poissons volants,
d'ombres passantes hantant les rêves.
Il y a aussi ce chant
qui jamais ne finit
ce chant de haute mer -- de haut Amour.
Il y a surtout ce chant de haute mer :
loin des amers
c'est la caresse du soleil
sur sa peau serpentine,
le grésil rieur d'éclats d'étoiles,
broderie d'or et de nuit
à sa robe ultramarine.
Il y a écrit sur la mer
ces mots d'écume et de vent --
ce chant de haut Amour.
ANNE MARGUERITE MILLELIRI