Agnès Schnell...Deux ans déjà
.
Je me souviens....
Pieds nus dans le songe
dans la fraîcheur de son eau
la main ferme de l'aîeul
le village encore assoupi
les mots d'ailleurs lourds en bouche
le sourire de l'ancêtre
et le gris des jours
s'installe en mode effacé....
L'enfance
telle une offrande
en rouge soleil.
...
C'était une saison aux rives incertaines
une saison sans rambardes
où l'infini côtoyait le banal.
En gouttes d'encre
on partageait l'intime.
On avait nos rêves pour seul appui.
...
Il n'y avait rien
rien à palper
sinon ces écarts
que nous nous imposions
pour camoufler nos écorchures
il y eut ces couleurs mêlées
ce fourmillement
ce coude à coude indécent.
Alors vint la nuit minérale
qui nous rendit durs et affamés.
En nos limites
nous étions trop penchés
sur nos contradictions.
Enfance mille-feuilles
aux pollens dorés
aux rêves extrêmes.
On suivait du doigt
nos sauvageries
on labourait l'air et l'eau
on semait l'infini...
Nos chants rythmaient
au fond de nos gorges
un tourbillon de guêpes vibrantes.
...
Désormais
nous nous traînons sur une seule aile
nous partageons nos frénésies de ruches
et toutes ces choses vaines
qui nous retardent.
Nos souvenirs de sève
de nos mots arrachés
l'ombre dure sur le jardin
les rituels de l'enfance...
La densité de la nostalgie
masque l'instant.
AGNES SCHNELL