" Poème ! Quelle dérision ! Et cependant il y a plus dans l'humble expérience de la poésie liée au quotidien (et le mot implique ici regard, action, Évangile) que dans cent mille ordinateurs. Allons, vous aussi, « maîtres » de la foi, comme David buvez au torrent et redressez la tête, au lieu de vous laisser entraîner dans la dérive de ce temps, acharnés à vos disputes.
En ce sens la poésie est conversion. Enfin voir de son propre regard, entendre, parler sa parole pleine. Conversion à l'amour sans domination. A l'humanité des hommes, à leur liberté. Qu'est-ce qu'une spiritualité, une foi qui ne seraient pas poétiques, c'est-à-dire éveil, action, création ?
Mais vous êtes tous poètes. J'écris pour n'importe qui. Faut-il le redire ? Pourquoi voulez-vous demeurer ces bêtes de somme poussées vers les abattoirs ?
Ce langage voudrait suggérer qu'il existe une spiritualité liée au sensible, une résonnance, une corporéité de la parole, et que ce qui manque à la communion chrétienne ce ne sont ni les idées ni l'obéissance, c'est de la *chair spirituelle*, un support au sacrement.
Quel long oubli ! Quelle logomachie idéologique et archéologique vous a détourné du corps sensible spirituel ! "
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JEAN SULIVAN
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Sulivan
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