Je n’éteindrai jamais l’incendie qui m’habite, ni la chaux vive de mes ailes, ni l’incandescence sur ma peau qui se souvient de caresses anciennes. Je ne désarmerai jamais mes saines colères autour des cercueils d’enfants, ni mon dégoût de toute l’injustice arrogante des hommes. Mes fatigues traverseront ce désert où seul je cherchais l’ombre d’une oasis et l’eau fraîche d’un frère choisi. Non je n’effacerai jamais les mots absents de mon père, leur naïve ferveur sur des pages sans voix. Pour que revienne l’enchantement d’une autre adolescence, l’herbe se dressera sous mes pas jusqu’au rivage. Des voiles se lèveront sur l’horizon bleu et le vent dans les haubans chantera encore la chanson du sang et de l’argile pour l’exacte île promise où dort tout l’ennui de mes vieux jours. Alors, je prendrai la mer comme au premier jour terrestre et ne restera de moi que la salive d’un poème oublié.
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BRUNO RUIZ
2018
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