Il Y A QUELQUE CHOSE DE SERVILE dans l’habitude de nous mettre en quête d’une loi à laquelle obéir. Il nous est permis d’étudier les lois de la nature à notre convenance et pour notre convenance, mais une vie qui a bien tourné ne reconnaît pas de loi. C’est une découverte certes déplorable que celle d’une loi qui nous astreint là où auparavant nous ne savions pas que nous étions liés. Vis librement, enfant des brumes… et, par rapport au savoir, nous sommes tous enfants des brumes. L’homme qui prend la liberté de vivre est supérieur à toutes les lois, en vertu de sa parenté avec le législateur. « Est devoir effectif », dit le Vishnou Pourana, « celui-là qui point ne nous asservit ; est savoir celui-là qui nous affranchit ; tout autre devoir n’est bon qu’à nous lasser ; tout autre savoir n’est qu’habileté d’artiste. »
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HENRY DAVID THOREAU
1817~1862