Sentir que la mer, son appel lancinant, est le seul vrai terreau mélodique et rythmique.
Aimer que, chaque fois, elle nous ramène, soudain plus vivants, à l'origine des sons et des larmes.
Prendre le pouls de la mer, c'est prendre le pouls du cosmos et peut-être de la musique des sphères. Faire un retour au plus intense réservoir de sons sacrés du monde.
On le pressent le jour, quand le soleil fait la roue du paon sur la plage, parmi le marmonnement des vagues, et que l'archet des hauts mâts fait vibrer la ligne mate de l'horizon.
Mais on le sent encore plus à la tombée du soir, quand on est au bord de l'eau et des ténèbres de l'être, presque dans le noir, et que l'âme saute à cloche-pied dans le blanc de l'écume pour s'y laver. Alors on entend la sonorité de la mer en son tréfonds.
La mer est l'utopie de toute musique, de toute poésie. Même au sommet extatique d'elles-mêmes, elles n'atteignent jamais, quoi ? — Son flux et son reflux. Sa psalmodie. Sa scansion. Son silence qui tremble entre deux arpèges sourds de l’écume.
La mer pour extrême onction.
Seule la leçon de musique de la mer fait monter les larmes aux yeux des mots.
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MICHELE FINCK
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Oeuvre Françoise Suzanne