Il n’y a pas d’oiseaux dans le ciel de Gaza,
aucun vent ne porte les plumes de leurs ailes,
aucune brise n’apporte la senteur des saisons.
Les saisons : portes de sang à l’infini.
A Gaza, l’air est lourd
triste
pollué
occupé.
Les gens ne considèrent plus les corbeaux
et les hiboux comme les oiseaux de malheur,
les corbeaux noirs ont abandonné les cimes des cyprès et ont cessé de croasser,
les hiboux ne trouvent plus dans les arbres
assez d’obscurité pour s’y réfugier pendant le jour,
les ailes des chauves-souris se sont déchirées
à cause des débris d’explosions.
A toute heure, les avions bourdonnent dan l’espace,
filment ce qui se passe sur le sol,
enregistrent les mouvements des gens,
même dans leurs chambres à coucher,
sur les pauvres tables des déjeuners.
A Gaza,
la situation annonce une nudité forcée,
sans honte ni scandale,
sinon celle des Israéliens,
à chaque instant,
tous les jours,
il n’y a de présence que pour les hurlements des Apache,
des F16 et des Cobra, s’il y a lieu.
Dans les airs, la mort guette les gens,
les bêtes,
les oiseaux,
les maisons,
l’asphalte des rues qui ne sont plus goudronnées.
Le gibier c’est un enfant
un homme
une femme
une ruelle qui dort sur sa faim,
ses blessures et ses morts.
L’assassinat à Gaza est devenu un rite
quotidiennement renouvelé qui dispensons son éclat,
l’assassiné
le martyr ferme ses paupières dans un repos éternel
sans se demander si ses membres se sont dispersés ou ont éclaté.
La situation à Gaza c’est le siège.
La situation c’est la mort et les questions à propos d’une patrie.
La situation à Gaza c’est la recherche d’une fleur
dans les méandres des cauchemars,
un archet et un rebab (*) qui laissent fuser un air fissuré sur une corde cassée
fixée.
(*) le rebab est un instrument de musique à cordes frottées
.
GHARIB ASQALANI
.
Photographie Mahmoud Al-Kurd