La nuit descend, prompte à se fermer sur ce jardin dont la grasse verdure demeure sombre au soleil. L’humidité de la terre monte à mes narines : odeur de champignons et de vanille et d’oranger… on croirait qu’un invisible gardénia, fiévreux et blanc, écarte dans l’obscurité ses pétales, c’est l’arôme même de cette nuit ruisselante de rosée… C’est l’haleine, par-delà la grille et la ruelle moussue, des bois où je suis née, des bois qui m’ont recueillie. Je leur appartiens de nouveau, à présent que leur ombre, leur silence étouffant ou leur murmure de pluie n’inquiète plus celui qui m’y suivait en étranger, vite las, vite angoissé sous leur voûte de feuilles, et qui cherchait l’orée, l’air libre, les horizons balayés de nuages et de vent…
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COLETTE
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Oeuvre Vincent Van Gogh