Le rabbin Gabriel Hagai est engagé dans le dialogue judéo-musulman. Homme d’une grande spiritualité, il dénonce, dans un texte que publie avec son autorisation Mizane.info, les derniers massacres de Palestiniens ordonnés par le gouvernement israélien au moment des célébrations du transfert illégal de capitale de Tel Aviv à Jérusalem. Un bilan meurtrier portéà une soixante de morts Palestiniens.
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« L’horreur a passé un nouveau cap dans la tragédie Israël-Palestine. L’armée israélienne tire sur des manifestants massés du côté gazaoui de la frontière, faisant plus d’une cinquantaine de morts et des milliers de blessés, dont des enfants et des femmes. Du massacre pur et simple ! C’est cela la soi-disant armée « la plus morale du monde » ? Je suis en colère ! Le tir à balles réelles sur des civils désarmés est toujours un crime, quelles qu’en soient les raisons avancées par le Gouvernement israélien. L’idéologie sioniste vient de montrer ici son vrai visage. Fonder un pays sur l’exclusion des non-juifs et sur le racisme nationaliste entraîne tôt ou tard l’engagement dans l’épuration ethnique. Sous couvert d’un discours sécuritaire, l’État d’Israël continue de violer les droits de l’Homme envers les Palestiniens. D’abord l’occupation armée des territoires, puis la suppression des droits civiques, et enfin la répression meurtrière. La spirale infernale est enclenchée – celle qui se répète malheureusement par-delà l’Histoire et la géographie.
La communauté juive prise en otage par l’idéologie sioniste
Benjamin Netanyahu et Donald Trump sont des criminels de guerre. Ils ont sur leurs mains beaucoup de sang. Tôt ou tard, ils devront répondre de leurs crimes devant une cour de justice (internationale ou non) et devant Dieu. Tout d’abord, ils rendront compte des vies de tous ces Palestiniens, fauchées dans leur combat pour la liberté. Puis des vies de tous ces juifs assassinés par ceux qui manquent de discernement, croyant résoudre une injustice par le sang versé. Car la politique israélienne – dont celle des massacres perpétrés par son armée – nuit aux juifs de par le monde. Tout le contraire de ce que sa propagande affirme ! Le raccourci est aisé : identification entre l’État d’Israël et les citoyens israéliens, puis entre les Israéliens et tous les juifs. Comment empêcher cet amalgame toxique ? Les institutions juives françaises n’aident pas à calmer la situation, au contraire. Leur soutien inconditionnel à l’État d’Israël – et leur fait d’assimiler l’antisionisme à l’antisémitisme –, ouvre le bal de tous les amalgames. La communauté juive se retrouve prise en otage par l’idéologie sioniste. Et les discours s’enflamment de tous les côtés.
« La Torah ne saurait légitimer le massacre des Palestiniens »
Non, il n’y a pas de « guerre » entre les juifs et les musulmans (les « Arabes » dans la bouche des racistes). Tout au long de l’Histoire, malgré quelques aléas anecdotiques circonstanciels (des fois douloureux), la cohabitation judéo-musulmane s’est faite sans heurts, et même dans un auto-enrichissement réciproque. L’idéologie haineuse n’a pas sa place dans la religion. Le vrai judaïsme n’est pas du nationalisme. L’identité juive ne peut pas servir d’excuse pour un apartheid soi-disant sécuritaire excluant les non-juifs de tous droits civiques. La Torah ne saurait légitimer le massacre des Palestiniens. Car il est écrit (Deutéronome 16:20) : «Ṣedeq ṣedeq tirdof (justice, tu poursuivras la justice) ! ». Le choix de Donald Trump d’implanter l’ambassade des États Unis à Jérusalem dessert la paix. Cette paix tant recherchée. Cette paix authentique fondée sur la justice pour tous les protagonistes, et non pas sur la simple absence de violence, ou sur le remplacement d’une injustice par une autre. Cette paix au bénéfice des Palestiniens et des Israéliens, ensemble, et non pas au détriment des uns et au bénéfice des autres, ou réciproquement.
Danser à Jérusalem quand on massacre à Gaza ?
Je suis indigné ! Halte au massacre ! Comment danser à Jérusalem quand on extermine à Gaza ?! Où sont les sages ? Ceux qui comprennent que les concepts impersonnels comme l’État, la Nation, les Frontières ou le Gouvernement, n’entraînent que conflits et souffrances lorsqu’ils sont instrumentalisés par des idéologies haineuses. Où sont les êtres de paix ? Ceux qui placent l’humain au centre, dans tous ses droits et dans toute sa dignité. Toute vie est sacrée. C’est cela le principe le plus élevé de la Tôra, comme il est écrit (Deutéronome 30:15-19) : « Wu-vaḥarta ba-ḥayyîm (tu choisiras la vie). » N’est-il pas affirmé dans le Midrash (Bemidbar Rabba 23, Eliyyahu Rabba 10) et répété dans la Mishna (M. Sanhedrîn 4:5) que « celui qui sauve une personne c’est comme s’il avait sauvé le monde » ? Ainsi que son contraire (ibid.) : « Celui qui tue une personne c’est comme s’il avait détruit le monde. » ! Ainsi, nous sommes tous liés, tous unis par nos liens d’humanité. Quand un être humain meurt assassiné, c’est nous tous qui mourons. Honte à l’État d’Israël ! Honte au Gouvernement américain ! Honte à l’ONU ! Honte au Conseil de Sécurité ! »
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RABBIN GABRIEL HAGAI
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