La douleur incessante
qui brûle les entrailles
de ces huit cents millions
d'hommes de femmes et d'enfants
qui endurent les affres de la faim
et survivent
comme ils peuvent
dans tant de villes et de contrées
sur les cinq continents
lèvres crevassées
regards éteints
corps décharnés
les forces qui manquent
s'épuisent
parfois la mort
et l'autre faim
celle qui n'ose
s'avouer
ne trouve pas
à s'assouvir
non moins lancinante
non moins acharnée à ronger
que la première
celle qui tire l'être
hors du quotidien
lui fait rejeter
la défroque
dont on veut l'affubler
celle qui le condamne
au chemin de solitude
le voue à l'errance
à la recherche inlassable
de l'oasis
de la paix de l'oasis
de l'eau ensoleillée
de la source
...
chassé
livréà la nuit et la soif
alors il fut ce vagabond
qui essaie tous les chemins
franchit forêts déserts
et marécages
quête fiévreusement
le lieu où planter
ses racines
cet exilé
qui se parcourt et s'affronte
se fouille et s'affûte
emprunte à la femme
un peu de sa terre et sa lumière
ce banni que corrode
la détresse des routes vaines
mais qui parfois
aux confins de la transparence
hume l'air du pays natal
et soudain se fige
émerveillé...
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CHARLES JULIET
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Oeuvre Goxwa