Depuis les aquarelles du passé
Assis et enchaînés à leurs chairs inertes
Ils nous regardent, les morts
Ils ne nous jugent pas
Les yeux largement étendus
Ils nous regardent passer
Nous sommes leurs fantômes
Leur illusion d’avoir autrefois existé sur le mur de la caverne
Leurs reflets inconstants jouant à la surface d’un absurde miroir
Feux follets égarés dans une nuit semblable au jour
Leurs empreintes orphelines
Ô mères
Ô pères
Qui ont l’âge des pierres
Pourquoi nous avez-vous abandonnés ?
Je porte un nom d’hier
Né sur les bords effondrés d’une rivière
L'unique qui reste
D’où viennent tous les morceaux de ma figure étrange
La profondeur de mes mains
L’ombre rousse répandue sur mes cheveux flous
Ce nez qui avec les saisons se rapproche des pierres
Mon rire
L’odeur de ma peau
Ma voix
Mon chant de gorge
Mon chant de ventre
Et jusqu’aux mots cachés dans mes pensées
Enroulés à ma langue
Poussés à tous les vents ?
Qui parle à travers moi ?
En moi se tiennent tous les morts
La première goutte d’eau inonde la dernière
Là haut
La danse des étoiles
Au loin nées du chaos
Ce n’est pas un mensonge à l’enfant
Que toutes les lumières semées de par le ciel
Que tous les papillons éparpillés parmi les fleurs
Sont des scintillements
Des polychromies d’âmes
Et je luirai un jour
Ou quelque chose de moi
Des signes déliés puis reliés en constellations
Haillons
Nous nous écrirons en l’être
Nous appartiendrons au grand livre
Que nous découvrent les poètes
.
ANNA MARIA CARULINA CELLI