Ta vie
comme deux draps blancs
qui claquent sous le vent
Deux draps de lin
dans le trousseau de ta jeunesse
avec entre les plis
de petits sacs de lavande
pour emplir l’âme de parfums
Ta vie
comme deux draps blancs
où ont rêvé les enfants
se sont enlacés les amants
où tournent et retournent les vieux
avant que la mort ne les emporte
Draps des nuits de fête
draps des nuits sans lune
draps des nuits d’angoisse
Quand bougent les tuiles
quand craque le plancher
de tout le poids du monde
Mains de femme
il vous appartiendra
au grand lavoir de l’humanité
de battre et rincer abondamment
cette fibre salie
de sueur d’orgueil et de sang
qu’elle se présente blanche et douce
devant l’Éternel.
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JEAN-LUC POULIQUEN
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Oeuvre Eugène Boudin