Les racines du vent se glissent dans un cœur se nourrissent d'un sang encore embué de nuit et ramènent au jour ombragé de douleur un enfant ébloui
Soleil dans ses yeux purs jette ton sable d'or et tes pigeons de neige au front du bel enfant éclabousse de feu le trébuchant essor de l'ange adolescent
Le soleil et le vent ont des philtres trompeurs pour écarter de nous les menaces du temps
La mer chante à ses pieds quand Narcisse se meurt et plonge à contre-temps
La mer chante à ses pieds et tresse son écume sa broderie jaunie de sable et de limon comme au ciel du sommeil une étoile s'allume lorsque nous nous aimons
Écartez-vous marins des rivages menteurs où chante la sirène aux flancs de goémons
La plage et ses détours le sable et sa torpeur sont pièges du démon
Ainsi que le soleil ou sa flamme caresse et blesse ou bien guérit le nageur incertain ainsi de notre mort qui ralentit ou presse le pas de nos destins
Il ne faut pas tromper les cavaliers du sort et leurs chevaux légers comme l'écume au vent
Ne passez pas le temps à mentir à la mort c'est un jeu décevant
Ne passez pas vos jours à vous passer de vie
Ne passez pas l'amour à vous passer de temps
Ne passez pas le temps à attendre la nuit ni les neiges d'antan
Car votre mort en vous se moque de vos pièges et se glisse au serré du plus tendre baiser remonte à la surface et plus vive que liège plus souple que l'osier
s'empare de ce cœur qui se croyait léger l'alourdit le surprend le presse et le défait et fait de ce vivant de vivre soulagé un mort très stupéfait.
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CLAUDE ROY
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