On a cru au printemps, et puis la neige nous a surpris
On a cru que jamais nous ne serions privés
de ces choix ordinaires :
de rester ou de partir, de s'en laver les mains ou de les tendre,
de se fuir ou bien de se sauter dans les bras
On a cru que le changement qu'on réclamait,
ce serait une affaire de choix et puis c'est lui qui nous a surpris
Alors pour garder un semblant de libre arbitre
nous renforçons les barreaux de notre prison
junkies en manque d'une liberté préfabriquée
Dehors la température a chuté
Dedans on lorgne sur le thermomètre fiévreusement
On a cru aux saisons,
On a cru qu'on avait le temps,
et puis notre condition de petits passants nous a pris en grippe
Est-ce qu'il faut que les choses désertent leur place
pour que nous nous apercevions que nous ne sommes pas à la nôtre?
Est-ce qu'il faut que notre vie soit mise en jeu pour reprendre la partie?
Il est tombé des flocons jusqu'en bas de la France
il est tombé des droits il est tombé des hommes il est tombé des mots
qu'on ne pense pas
mais que l'on dit quand le monde se dérobe sous nos pieds
et qu'on s'agrippe à ce qui nous maintient debout, même si
c'est n'importe quoi
On a cru à la raison,
On a cru qu'on était la loi,
et puis la nature a repris ses droits
Il est tombé des flocons jusqu'au fond de notre poitrine
il est tombé des certitudes il est tombé des ponts sur les lieux communs
évidemment nous ne crèverons pas
de faim ou d'ennui
d'un printemps en retard ou de nos caprices de stars
mais sans les ronflements de la terre
ou la chaleur d'un autre cœur qui bat
On ne sait pas
On a cru aux premières fois, et puis le quotidien nous a surpris
alors on l'a pris pour acquis et il nous a laissés
sur le carreau
Et cette guerre qui ne nous occupe pas à essayer de survivre
mais qui nous ramène à nous-mêmes
On a cru qu'on y échapperait comme des cons
On a cru au printemps,
Mais après nous être fait des boutons
nous fleurirons.
.
MYRIAM OH