Je pense aux anciens platanes, aux écoliers tranquilles, aux vélos dévalant les jeudis, aux fruits au goût de fruits, aux terres sans blessures. ils ont bitumé jusqu'aux tomates de Grand-Père, enfoui la faim dans l'acier de containers, rangé l'antenne humaine pour celle des portables. Derrière leurs écrans, parqués, enterrés sous la monnaie, ils dévorent sans partage ni gratitude ce qui est offert. Le séisme des graines n'a plus lieu, ni la danse des herbes aux talus des ruisseaux. Les chemins cantonniers, le suc des mûres noires, les grincements de cabane, s'amenuisent. Plus d'enfants aux jardins, de merles aux cerisiers, de promeneurs sur les chemins. Des camions délestent les frigos de leurs aliments morts. La campagne est vaincue, allégresse défunte. Je ne connais pas ceux qui ont tué l'oratoire où dormaient les moineaux. Ils sont légion. Mais la brindille entre les ruines, je la connais, elle est ma sœur.
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