On passe quelques mois
Quelques années sur la terre
Sans comprendre vraiment
Ni ses parents ni ses enfants.
On passe son temps à traverser la rue
Tout en récitant des prières
Pour finir par comprendre
Que le ciel est désolé ou désert.
Les Dieux sont des icônes de poussière
Au fond du jardin de son père
Comme le fatras de l’enfance dans les bassines
Les repas de famille sur les chaises du silence familier
Comme la brouette dans son nid d’étoiles oubliées
La mémoire est un désordre de locataire
Comme tout ce qui semble perdu
Comme tout ce qui pourrait servir un jour
Comme la fugue du temps ventre à terre
La mémoire est un fouillis pour son propriétaire
Au fond du jardin de son père
Je sais Varsovie et la Mer du Nord
Je sais le parfum concret
Le long des autoroutes Européennes
Je sais les comètes et les météores
La diction amoureuse des corps
Et la toute puissance de la matière
Je sais d’où je viens
Un pays de Guisane et de terre
Un petit bal perdu après la guerre
Au fond du jardin de mon père
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© PATRICK CHEMIN
Extrait de « Jours de gris »
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livreguisane@orange.fr
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