le « je » compte les « moi »,
tondre l’herbe rose
dont se nourrissent les goyaviers
de mon enfance,
et celle orange que sirote le vieux manguier
de ma naissance,
faire brasier des jujubes et caramboles
des surettes fluo,
gommer avec l’index le sang blanchâtre
des pommes cannelle,
là où l’ombre donne l’heure
des pays de sucre et de sèves,
faire un pas de plus
dans l’oubli,
les gouttes de pluie
ont des lèvres de femmes
pour prédire l’avenir
chaque goutte de pluie
est de fait
porteuse d’un silence
tissé dans l’épice même
du savoir,
( la pluie renseigne les morts, renseigne les fleurs)
.
KENNY OZIER-LAFONTAINE
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Oeuvre Annette Bloch-Jambet