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J’ai feuilleté le manuel d’Emmanuel
J’y ai trouvé des perles à la pelle
Du genre « la fleur est belle »
Mine de rien c’est une proposition essentielle
La fleur est belle
C’est tout sauf anecdotique
C’est pour ainsi dire un jugement esthétique
Un jugement de goût, un jugement sur le beau
Il n’a pas le vrai, ni le bien pour objets… mais le beau
Qu’est-ce que je dis quand je dis que la fleur est belle ?
Pas la fleur en général mais cette fleur particulière
Je la regarde, je la contemple et j’obtempère
En déclarant : la fleur est belle
Mon jugement est pur… puisqu’il n’y a pas l’intérêt qui s’en mêle
La fleur est belle est une proposition désintéressée
Que tout le monde comprend, y compris l’insensé
La fleur est belle c’est ce que j’éprouve
Mais c’est ce que je suis incapable de prouver
Parce que la beauté est sans concept
Elle interpelle ma sensibilité pas mon intellect
La fleur est belle parce que je la trouve belle
Pas l’ombre d’une objectivité…
Parce que la beauté libère de l’objet
Elle est l’expression de ma subjectivité
Parce que la beauté nous parle d’un sujet
Du récit fatal et triomphal d’un sujet qui rit ou qui pleure
En disant : la fleur est belle… il ne nous apprend rien sur la fleur
Mais tout sur sa joie, son bonheur
La fleur est belle sert bien ma cause
Mais j’ignore laquelle…
La fleur est belle…
J’ai dit belle, pas utile, juste ciel
J’ai dit belle, pas agréable grand diable
Elle sert, me sert mais je ne sais quoi en faire
Aucune partie liée avec le paradis ou l’enfer
Finalité sans fin, mobilité sans frein
C’est dans mon être que je me promène
Je traine avec l’imagination qui m’entraine
La fleur est belle… et je suis pour elle.
A terre, persuadée que ma liberté est nécessaire
Nécessairement nécessaire
Et que cette nécessité nous libère de nous-mêmes
La fleur est belle
N’est pas une proposition circonstancielle
Puisqu’elle prétend à l’universel
Je la pose, repose et l’impose
À l’humanité entière
À tous les sujets sensibles
Elle est, paraît et devient belle
Pour vous comme pour moi, c’est essentiel
De parier sur l’accord de toutes les sensibilités
De faire comme si tous les cœurs s’accordaient
Et tous les esprits communiaient
Autour de ce réceptacle ou de ce spectacle
De la beauté… celle de la fleur
Qui pousse à Jérusalem
Pourquoi Jérusalem ?
Parce que c’est le nom de la fleur
La seule qui n’appartient à Personne
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http://www.lejournaldepersonne.com/2012/03/le-manuel-demmanuel/