J’ai trop écrit de poèmes
Je sais
Mais l’arbre
J’ai trop écrit
Avec les prophètes
Et les guetteurs
J’ai trop écrit
Je n’ai jamais su vivre
Autrement
Je conte l’argile
Je compte sur le temps
Qui me rendra lisible
La postérité c’est toujours
Un mal entendu
Qui sourd
Mon enfance est un puits perdu
Je change l’eau
En lumières
J’ai trop écrit dans la coulisse
Veilleur de l’invisible
Donne-moi un repère
Dans ce monde précaire
J’ai perdu le père
J’ai trop écrit
J’ai cherché de l’or
Dans la rivière boueuse
Et fautive
J’ai trop écrit
Que reste-t-il de nos vies ?
Le silence contient la main du sage
Posée sur le dernier manuscrit
J’ai trop écrit
Je sais
Mais l’arbre
Mais le baiser
Sans un mot
Sur tes lèvres
Mais la beauté du jour
Contient le pardon
De l’amour
PATRICK CHEMIN