J'ai pris le chemin des épices du nard et de l'encens
Le gabier de mon attente à la hune de mon amour
Il se retient de crier la terre à lui se découvre
En toi se démêle dans le flux la laine des comètes
Une fileuse à voix de merle en tresse les frontières
Mélodies des lavandières l'auberge samaritaine
J'écoute ton coeur bat mais ton coeur est ignorance
Tu poursuis tes rêves quand je les vois poursuivis
Je tremble et rougis et ne sais la pudeur qui me prend
Je voudrais te recouvrir mais la trame se déchire
Mon amour que j'habillai de velours tu te dénudes
A quoi donc m'a t-il servi de te parer de mon guet
A quel usage toutes ces robes filées de merveille
Te voici plus nue que l'enfant à l'issue de la mère
Plus nue qu'un oiseau sur le plus nu des rameaux
Nue telle ma bouche quand je te dis que je t'aime
Nue comme une flûte comme un violon de Mozart
Nue comme l'étoile comme l'or et la croix de Jésus
...
Jeu de paume des collines le ciel se les renvoie
Tes seins émergent un vol de colombes fraie l'azur
J'écoute à ton sexe battre la mer immense
Rumeur des coquillages grand pavois de tes mains
Tu pénètres en rade les flancs chargés de cristal
Voile gonflée de ta chair claires digues de tes jambes
Mais tu gardes de l'obscur le noir drapeau corsaire
A l'artimon tu t'étales où se joignent tes cuisses
Mon corail des abysses mes courbes et mes caps
Te voici laissée sur la grève et du poids des éponges
Les prisons de tes aisselles le relais de la ténèbre
Je les presse je les lave tu me regardes et souris
Tu ne m'interroges pas mais je te lis incertaine
Aux battements de volière dans le lacs de tes cils
Mon innocence t'effraie la tienne m'emplis de peur
Il fait jour dis-tu mais la source tu l'ignores
Je l'ai suivie dans sa course femme de nuit et d'aube
O femme qui ne sais que tu portais en toi le monde
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MAX-POL FOUCHET
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Photographie Danil Golovkin