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Channel: EMMILA GITANA
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LE TEMPS PAR MOMENTS...Extrait

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A la fin du jour
parfois c’est une écharde
mais le plus souvent tout un arbre
qu’il faut retirer du corps
avec l’étonnement de n’en pas souffrir

et le soir lui aussi doucement
retire de la lumière tous les chemins
de terre et d’eau comme s’il était
inutile que désormais quelque chose
mène quelque part

monde et souffrance en moins
nous marchons dans la paix de la nuit
en prenant soin de ne laisser
nos traces qu’en nous-mêmes

 

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JEAN-FRANCOIS MATHE

 

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tham68,

Oeuvre Thami Benkirane

http://www.benkiranet.aminus3.com


FIGURES...Extrait

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Oui, l'ombre de l'ami, le plomb des vagues,
et l'alcyon de brume, et par trois fois
tendant les bras, voyelles,
«il transformait
les larmes en pensée»,
je vous le dis
à vous, pour, le disant,

dans la soie de l'écoute,
être entre.

Je vous redis ces chants,
les chants des autres,
les fils tissés, l'écho réagrégé de cette
indéchirable soie du son, la terre existe
quand on commence à la sentir,
qu'on sait, en se taisant, lui laisser prendre
son temps à elle, être un passage,
pour l'hospitalité et le présent.

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ANDRE MARKOWICZ

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la tortue legere2

Oeuvre sur

http://latortuelegere.blogspot.fr/

 

 

L'INSTINCT DE CIEL ....Extrait

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"L'amour étreint à la même chair cette précarité que le poème crispe en paroles. Là où nous voulons aller boire et tentons de puiser un peu de transparence, n'est-ce pas au puits sans fond autour duquel s'est construite notre vie? De quelle espèce est-il? D'aucune qui ait un nom. De celle plutôt, indéchiffrable, d'où tous les noms proviennent. Puits à langage, puits du désir, puits de la finitude et de son énigme infinie..."

 

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JEAN-MICHEL MAULPOIX

 

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Vivienne Mok Photography

Vivienne Mok Photography

http://www.viviennemok.blogspot.fr

 

 

UN AUTOMNE SUR LA COLLINE...Extrait

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Comment cultiver la mémoire essentielle sans se plomber les ailes ?

Prendre un nouvel élan sans cogner aux vitres ?

Comment ne pas s'engager dans une course d'animal affolé, tout en zigzags, en labyrinthes, en retour sur soi, en trou final, piège à rats, fosse commune ?

Comment remmailler le monde ?

Recoudre obstinément l'étoffe déchirée ?

Comment déposer garder entretenir oublier se souvenir ?

Comment élargir les seuils, repousser les murs intimes ?

Comment s'alléger pour le prochain départ ?

Ne pas peser plus lourd qu'une feuille d'automne ?

 

 

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FRANCOISE ASCAL

 

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nina aragon2,

Oeuvre Nina Aragon

LE BLEU DE LA NUIT CRIE AU SECOURS...Extrait

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A force d’attendre
j’oublie qui j’attends
Oiseau ou femme
blessure ou bûcher

je scrute la plante
j’exige son secret
avec des gestes humbles
des mots qui apaisent

vague me parvient
cette rumeur de métamorphose
qui travaille mes mains
au plus obscur

j’épelle ton visage
O futur inscrit
dans le pas d’aujourd’hui
dans l’absence éprouvée

dans le silex d’un cri
qui résonne au fond
dans cette humide patrie
des regards et des mots

Ce peu de mort
qu’obstinément je fouille
repousse mes limites
jusqu’au soleil du fenouil

jusqu’à ce mystère
vivant aérien
Un merle qui retient
le monde dans son chant

Au miroir sévère
je ne déserte pas
la cendre dans la voix
doucement prolifère.

 

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ANDRE LAUDE

 

 

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ANDRE 2

A PERTE DE COEUR...Extrait

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Toutes les folies sont des états de grâce

tu émanes
tu irradies
comme un meneur de lune
ton monde n’a pas changé
mais il vibre autrement
cadencé par le silence et l’amour
ouvrant d’autres traces
d’autres gisements
un saisissement en continu
qui se diffuse à travers tes os
la folle folie d’aimer
à perte de coeur

Toutes les folies sont des états de grâce

 

 

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ZENO BIANU

 

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FOLIE

 

 

PAS A PAS

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Oui d’ici

            d’un seul pas

                    nous rejoindrons tout

 

 

Le tout nous rejoindrons

            d’un seul pas

                    ou de dix-mille

 

 

Pas à pas

            par le plus bref trait

            par le plus grand cercle

Nous rallierons tout

 

 

Depuis l’extrême lointain

            perçant le noir tourbillon

                    nous avait touchés jadis

La flamme

 

 

 Nous n’aurons de cesse

            que nous n’ayons franchi la ténèbre

            nous n’aurons de fin

que nous n’ayons gagné l’infini

 

 
Pas à pas

                    par la voie obscure

                    par la voie nocturne

Car c’est la nuit que circule incandescent

Le souffle

Et que, par lui portés

Nous réveillerons

                    toutes les âmes errantes

Voix de la mère appelant le fils perdu

Voix de l’amante appelant l’homme rompu

Filet de brume le long de blêmes ruelles

Filet de larmes le long des parois closes

Le crève-cœur d’une étoile filante

                    crève l’enfance au rêve trop vaste

Le trompe-l’œil de la lampe éteinte

                    trompe l’attente au regard trop tendre

 

 

Si jamais vers nous se tend une main

                    serons-nous sauvés ?

Si jamais une paume s’ouvre à nous

                    serons-nous réunis ?

 

 

Déjà les feuilles de sycomores ensanglantent la terre

Les sentiers aux gibiers se découvrent givre et cendre

Plus rien que plage noyée et marée montante

Plus rien sinon l’ici

                                      sinon le rien d’ici

 

 
Quand les oies sauvages déchirent l’horizon

Soudain proche est l’éclair de l’abandon

Pour peu que nous lâchions prise

                    l’extrême saison est à portée

Désormais à la racine  du Vide

Nous ne tenons plus

                    que par l’ardente houle

Chaque élan un éclatement

Chaque chute un retournement

Tournant et retournant

Le cercle se formera

                    au rythme de nos sangs

Un ultime bond

                    et nous serons au cœur

Où germe sera terme

                    et terme germe

En présence du Temps repris

 

 
Oui d’ici

                  d’un pas encore

                                          nous rejoindrons tout

 

 

 Au royaume de nul lieu

            la moindre lueur est diamant

D’un instant à l’autre

                               nous sauverons alors

Ce qui est à sauver

 

 

Du corps invisible

            rongé de peines

            rongé de joies

Nous sauverons l’insondable nostalgie

L’in-su

                          l’in-vu

                                                 l’in-ouï




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FRANCOIS CHENG

 

 

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isabelle diffre

Oeuvre Isabelle Diffre

http://www.diffre.com/

BAGAGE DE SOUVENIRS

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Pour Roland

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J’ai senti frémir mon corsage

J’ai senti mon cœur frissonner

J’ai crié dans ta bouche

au goût marron

— châtaigne du terroir —

J’ai fermé les yeux et j’ai senti

la vibration tiède du désir

— senteur de vieux bois —

Tu m’as offert des boucles d’oreille

petit morceau d’argent

dessin minuscule

symbole.

Tu m’as offert un instrument

portatif

guimbarde

Je l’ai rangée dans mon sac.

J’ai dressé une carte sur les lignes de la main.

J’ai suivi la piste à la recherche du trésor.

J’ai trouvé un oiseau en forme de miroir,

j’ai regardé dedans

je n’ai vu ni or ni argent,

rien que des cœurs en boîtes,

des tables gigognes,

d’immenses pâtés de maisons !

J’ai regardé le ciel et j’ai vu des colombes bleues.

Était-ce mai, était-ce juin ?

Je me suis assise sur le talus à rêver.

Je t’ai vu assis, beau, sur un tas de nuages.

Illusion,

tout n’était qu’oripeaux.

Toi assis sur un tas de nuages, tes doigts chantant,

tes yeux faisant la navette,

le temps qui manquait pour parvenir à moi.

Y parviendrais-je ?

— J’y suis allée, mais tu n’y étais déjà plus.

Je me suis senti vieille et pleine de rides.

Mais ce qui compte, c’est la vie que l’œil emporte

Bagage de souvenirs ?

La mémoire enveloppée dans du papier cadeau.

Les angoisses, les souffrances

laissées dans un coin d’armoire.

L’amour, les bonnes choses,

portées dans une petite valise.

Prête pour le voyage !

Adieu !     À bientôt !

 

 

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LEILA CARVALHO

 

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henri matisse,

Oeuvre Henri Matisse

 

 


L'IRREDUCTIBLE ROUSSEAU...Extrait

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    On ignore tout de la matière songeuse.
    Des forêts ou des lianes gelées aux vitres de l'enfance.
    Du lait. Du sang ou de la lymphe. La sève. Des paupières et du ventre d'où suinte impassiblement la neige des étoiles.
    On ignore tout des algues.
    Des épithètes en quête de visage. Des lèvres flétries pétale après pétale.
    Or, il y a le ciel.
    Ses plaies. Ses renflements. Ses ulcères.
    Des millions d'oiseaux entassés sur les plages. L'eau. La pluie, qui dessine nervures et lignes de vie, de chance ou d'amour à même les trottoirs.
    Il y a des murs. Des corps et des mains. Des montagnes et des fleuves inquiets, des marécages. La défroque d'un songe quand la nuit se retire. Des rêves équarris auxquels nul ne croit plus par le charnier où l'on rouvre et se frotte les yeux, un instant aveuglé par la clarté matinale.


    Il se tient là, Jean-Jacques.


    Comme à l'envers de toute rationalité.
    Il a écrit des lettres, des traités - de musique, de botanique. Dénoncé l'altération spectaculaire des fêtes qui unissaient les citoyens.
    Discours. Méditations. Un roman. Des études sociales et un précis d'éducation, il ne se pencha qu'avec réticence sur la fabrication des icônes, la peinture, la statuaire, ne relevant en elles, et dans l'architecture, que l'ambivalence dont Walter Benjamin saura nous instruire : il n'est pas de témoignage de la civilisation qui ne soit celui de sa décadence.
    Verdict sans appel Nous survivons parmi des ruines.

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LIONEL BOURG

 

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lionel

 

 

 

 

UNE BOUSSOLE

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Choses sont mots. Quelqu'un - mais qui, mais quoi? -
                        Nous écrit: cette incessante graphie
                        Inextricable et qui ne signifie
                        Rien, c'est l'histoire humaine. En ce convoi

                        Passent Carthage et Rome, et moi, lui, toi,
                        Mon désespoir d'être cryptographie,
                        Hasard, rébus - mon impensable vie,
                        Cette Babel qui s'écartèle en moi.

                        Mais par-delà la parole ou le nombre
                        Un reste attend. Je sens planer son ombre
                        Sur cet acier léger, lucide et bleu

                        Qui cherche un point où l'océan fait trêve;
                        Presque une montre entr'aperçue en rêve,
                        Presque un oiseau qui dort et tremble un peu.

 

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JORGE LUIS BORGES

 

 

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boussole-sextant-et-carte-ancienne,

 

 

STABAT MATER FURIOSA...Extrait

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Ma prière voilà comment commence ma prière
j’aime que le matin blanc pèse à la vitre  

et l’on tue ici
j’aime qu’un enfant courant dans l’herbe haute vienne à cogner sa joue à mes paumes

et l’on tue ici
j’aime qu’un homme se plaise à mes seins et que sa poitrine soit un bateau qui porte dans la nuit

et l’on tue ici
j’aime qu’on bavarde à la porte du boulanger quand il n’y a d’autre souci que le bleu du ciel étendu sous la théorie des nuages

et l’on tue ici
j’aime qu’à quelques-uns on s’ennuie paisiblement à observer le vent dormir sur les toits de la ville

et l’on tue ici
j’aime qu’on bâtisse une fleur pour la fleur dans le loisir insipide du jardin

et l’on tue ici
j’aime que la pierre roule dans la rivière et que cela fasse un bruit de clarinette

et l’on tue ici
j’aime que les heures ne soient que le temps qui passe pour faire les heures

et l’on tue ici
et voilà comment continue ma prière
êtes-vous là encore êtes-vous là mangeurs d’ombres
je crache
je crache sur l’homme

de l’homme de guerre
 je crache sur le guerrier de la prochaine
de la prochaine guerre
qui joue aujourd’hui avec son ours en peluche les ailes des mouches et
la poudre rouge et bleue des papillons
je crache sur l’esprit de guerre qui pense et prévoit la douleur
je crache sur celui qui pétrit la pâte de la guerre
et embrasse son sommeil quand on cuit la mort au four de la guerre
je crache sur le ruisseau de sang qui tombe des doigts du vainqueur
comme un mouchoir par mégarde tombe au caniveau
je crache sur celui qui fait d’un corps de femme une chair ouverte
une chair bleue qui était blanche
couverte de guêpes qui était faite pour le baiser
déchirée qui était comme une soie pour le soleil
je crache sur la haine et la nécessité de cracher sur la haine
homme de guerre je te regarde


regarde-moi !
je te dis regarde-moi !

 

 

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JEAN-PIERRE SIMEON

 

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GUY DENNING,

Oeuvre Guy Denning

 

 

RENAUD GARCIA FONS - Double Bass & Flamenco Guitar | Arcoluz

SOURCES DU VENT...Extrait

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Toujours l’amour

Sous les lueurs des plantes rares
les joues roses des cerisiers
les diamants de la distance
Et les perles dont elle se pare
Sous les lustres des flaques tièdes
A travers la campagne hachée
A travers les sommeils tranchés
A travers l'eau et les ornières
les pelouses des cimetières
A travers toi
Au bout du monde
Le monde couru pas à pas
Ton amour sous la roue du soir
A peine la force de ce geste de désespoir
A peine l'eau ridée sur le cours de ton sein
Contre le parapet fragile du destin
J'aime ces flocons blancs de la pensée perdue
dans le vent de l'hiver et le printemps mordu
Mon esprit délivré de ces chaînes anciennes
Et que la rouille a dénouées
Pour me serrer plus fort aujourd'hui dans les tiennes

 

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PIERRE REVERDY

 

 

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auguste-rodin-1840-1917-plaisir-infini-dessin

Oeuvre Auguste Renoir

 

 

 

 

 

AGNES SCHNELL...Extrait

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Au réveil
il faudra tout reprendre
remettre ses pas dans l’éphémère
sans se tromper

au réveil il faut reprendre
la trame usée
et inventer de nouveaux points
des motifs fougueux
des mesures impétueuses

des silences surtout
du blanc du vide
dans le chant entre les mots…

 

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AGNES SCHNELL

 

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isabelle diffre,,

Oeuvre Isabelle Diffre

http://www.diffre.com/

 



JOEL GRENIER

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Ce devait être écrit quelque part, sur une table des lois oubliée. En langue étrangère, en message codé.
Sur une page blanche qui fuyait sa marge ou sur une plus noire qui ne demandait qu'à ouvrir un tout autre chapitre jusqu’à la conclusion.
Ce n'est pas un roman, plutôt une nouvelle. Un livre cent fois lu qui toujours recommence et la plume posée sur le bord des bougeoirs ne trace après tout qu'une ligne au destin.
Aux rayons de la lune, le ciel s'allume de verbes jamais conjugués au plus-que-futur parfait.
Et si je ne sais pas lire, je t'épellerai.

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JOËL GRENIER

 

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Vivienne Mok Photography

Vivienne Mok Photography

 

 


BLANC SUR BLANC...Extrait

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...


Maintenant j’habite plus près du soleil, les amis

ne connaissent pas le chemin : c’est bon

d’être ainsi, à personne,

dans les plus hautes branches, frère

 

du chant exempt de l’oiseau

de passage, reflet d’un reflet,

contemporain

de n’importe quel regard de surprise,

 

seulement ce va-et-vient des marées,

ardeur faite d’oubli,

douce poussière à fleur d’écume,

et seulement cela.

...



Traverser le matin jusqu’à la feuille

des peupliers,

être frère d’une étoile, ou de son fils,

ou peut-être un jour d’une autre lumière de soie,

 

ignorer les eaux de mon nom,

les secrètes noces du regard,

les chardons et les lèvres de la soif,

ne pas savoir comment

 

on finit par mourir d’être une telle hésitation,

un si grand désir

d’être flamme, de brûler ainsi d’étoile

en étoile,

 

jusqu’à la fin.

 

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EUGENIO DE ANDRADE

 

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nora douady2,

Oeuvre Nora Douady

LES PLAISIRS INTERDITS...Extrait

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Si pour certains, la vie, c'est marcher les pieds nus sur des éclats de verre ; pour les autres, la vie, c'est regarder le soleil en face.
    La plage compte les jours et les heures pour chaque enfant qui meurt. Une fleur s'ouvre, une tour s'effondre.
    Rien n'a changé. J'ai tendu le bras, pas de pluie. Marché sur du verre, pas de soleil. Regardé la lune, pas de plage.
    Qu'importe. Ton destin, c'est de voir des tours que l'on élève, des boutons de fleur, des enfants qui meurent; à l'écart, comme une carte dont le jeu s'est perdu

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LUIS CERNUDA

 

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CHAGALL,

Oeuvre Marc Chagall

LE MAÎTRE DES NAUFRAGES

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Je ne suis qu’une disparition au milieu de ces océans évaporés : pas un oiseau dans le ciel ! Pas un cavalier en ronde ! Ni l’ombre d’un seul tambourineur qui devancerait une armée de mendiants et laverait dans un bac de sable un poème désabusé.
D’autres villes me résorberont que j’appellerai désert. Des villes inaccessibles pour qui veut comparer des civilisations grandies dans le complot et la guerre, où l’amour ne chasse pas la haine, où la haine n’explique jamais les maladies du corps et de l’esprit. Des villes sans arc de triomphe hormis leur bracelet de la Géante sur le chemin des prophètes, leur jour incommensurable de Pasteurs à la voix forte et leur hurlement plus qu’organique derrière la gangue du grand départ. Leurs portes hautes, leurs tapis à moitié consumés, leurs verrous et d’autres objets
à frôler
pour montrer à quoi ressembleraient le soleil et l’humus
dans la légende qui m’a façonné en déserts interminables sur les traces de Sindbad :
le maître des naufrages. L’explorateur de la cécité dans les mers en
surnombre qui ne
sut jamais pour quel désastre il propagea idiomes et mousselines.

Sindbad !
serais-tu capable de déplacer les montagnes
de mourir pour une idée
de gésir dans ces corps d’où monte l’invocation à Moula Baghdad
pour des communications de terreur
de construire un royaume avec sept cieux
autant de terres et de compagnons pour peupler
ton œuvre
de laver de la mort ces filles enterrées vivantes
leurs pères punis dent pour dent œil pour œil
mon corps est dallé de ce talion

Je n’ai rien à semer rien à récolter
Je gratte le lichen des fenêtres. Je ramasse les débris des chemins, fixant mes nostalgies sur des bivouacs de conquérants
dans les quadratures des portes
parmi des citadelles avides de talismans
les jours de vendredi
à l’heure d’ouverture de la trappe céleste
vers les déserts en girouette sur nos têtes
qu’annoncent les fauves hissant notre mort
leur bras s’emparant de nos cités de
sommeil avec un linge blanc de tumeur chaude
à triturer au faîte du mal

 

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Le livre du désert (2), ABDELAZIZ  MANSOURI

"À peine un souffle ", Le livre du désert (2)

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maher naji

Oeuvre Maher Naji

EN HOMMAGE AUX VICTIMES INNOCENTES DE NICE....

LE CONSENTEMENT TACITE

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(Après Nice, la lucidité permettrait un peu d'espoir!)

 

"Il était un homme, une fois, qui n'ayant plus faim, plus jamais faim, tant il avait dévoré d'héritages, englouti d'aliments, appauvri son prochain, trouva sa table vide, son lit désert, sa femme grosse, et la terre mauvaise dans le champ de son coeur.
N'ayant pas de tombeau et se voulant en vie, n'ayant rien à donner et moins à recevoir, les objets le fuyant, les bêtes lui mentant, il vola la famine et s'en fit une assiette qui devint son miroir et sa propre déroute."

 

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RENÉ CHAR

 " Les Matinaux "

 

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syrie2,

Proche Orient en ruine.......Syrie

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