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MEMOIRES SANS VISAGES & AUTRES TEXTES...Extrait

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J'aurais beaucoup à dire
Ce qui remonte de la nuit
Ce que le jour te jette à la figure,
les traînées rouges du ciel entre les branches
Et toi, n'osant bouger pour ne pas déranger
cette splendeur fugace
J'ai quelquefois si mal de toutes ces ferveurs

Que faire de l'absence, qui grandit,
qui déploie ses ailes miroitantes
imprègne le langage
Je pourrais dire la fascination de l'inutile,
l'aimantation du vide

Je pourrais même dire le besoin de parler,
comme on crache,
comme on urine
et l'âpre nécessité de se taire
parce que rien, jamais, n'aboutit,
rien n'atteint l'aube suffisante

La voix se déroule comme un fil,
ânonnant les renoncements, les regrets,
les cèdres argentés dans les forêts d'Ifrane
La voix pleure et chante,
attendant la Parque,
ramassant les cailloux,
dérisoires cadeaux de la vie

 

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COLETTE GIBELIN

Editions du Petit Véhicule, 2016

 

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cèdre-gouraud-1930,

 

 


QUESTIONS DE POESIE

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Dans ta patrie de neige,
Quête muette des mots
depuis toujours,
jusqu'à l'ultime frontière.

Viens boire à l’arc-en-ciel de la beauté
Au grand passage
Au lien à la terre
Point de paroles vaines pour l’enfance absente des mots

Natale est la lumière
Silencieuse la pierre du retour
Au peuple du poème.
Qui se réduit à l'isolement ?
Qui va vivre en exil intérieur ?
Quelle étoile est la plus triste ?

Natale est la lumière
Désenchantée et
écartelée entre rêve et néant.
Qui veut franchir le grand passage ?
Qui porte le chant ?
Qui porte le chagrin ?
Qui désarticule et disloque
les images sans épithètes

Je suis la sœur fatiguée
d’être là dans la chaleur brasillant de l’âme.
Qui interroge la terre ?
Qui abaisse le seuil des étoiles ?
Qui frappe les coups saccadés au cœur ?
Qui du fond de la source vient à la rencontre ?
Qui est réfugié dans les mots archaïques et mythiques de l’enfance taiseuse ?
Qui recherche la plénitude vitale et la borde de tristesse et de doutes ?
Qui cherche l’infini de l’éternité et la borne dans sa grande traversée ?
Qui va lentement vers la mort en procession mystérieuse jusqu’aux ancêtres ?
Qui est taraudé par les origines et par tout un monde inconnu en lui ?
Qui écrit une poésie striée de silences, de non-dits ?
Qui est aux aguets, à l’écoute anxieuse,
en attente de révélation des énigmes du monde ?
qui reste englouti dans le bleu profond,
vie à n’y comprendre rien ?

La poésie à mi-voix, frémit, s’absente,
oreille collée aux mystères, contemplations, silences,
hantes de dieu muet
pressentiments cachés par l’ombre grandissant sur le monde
laisse les larmes retenir l’occident ?

 

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NICOLE BARRIERE

 

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Sezen Vatansever‎

Photographie Sezen Vatansever‎

JEAN LAVOUE...Extrait

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Aux forces qui divisent
Aux branches qui se lézardent
Aux écorces mortes qui de partout craquèlent
Saurons-nous opposer avec calme
Cette poussée de sève
Dans la nuit de l'arbre

Ce surgissement de bourgeons
Ce bruissement de rameaux et de tiges
Ce remuement de terre
Ce soulèvement par milliers
Des crocus de l'aube

Cette fine poussée en gloire
D'un printemps qui n'a que faire
De nos vieilles rancœurs
De nos peurs attisées
De nos calculs sans joie
De nos slogans futiles
De nos amertumes dérisoires ?

 

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JEAN LAVOUE

www.enfancedesarbres.com

 

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jean

FRANKETIENNE...Extrait

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La dure soif jusqu’aux affres des lampes éclatées sursaturées de sable et de gangrène
la flamboyance aux aboiements de la rage
la rougeoyance aux jappements de l’orage tandis que vocifèrent des rafales frénétiques de cloches déracinées surgissant des clartés anonymes
et le désert s’anime de lumières cathédrales en un festin de sel vénéneux
un bâillement de ténèbres déchouquées rompant la drivaillerie nocturne des fantômes maquillés de faux astres
la supercherie des soleils travestis de chiquetailles d’aube ou de mardigratures hachurées de crépuscules factices
scandale magma goudron pétrole monopole nécropole de pourritures hiéroglyphiques où s’en va la mort qui passe brutalement vite
sentochiures de graffiti aux zigzags mathématiques du trépas comme retailles répugnantes des malheurs vagabonds extravagants à rebondissements nauséabonds
nos rues nos ruelles nos pylônes nos boulevards nos maisons nos villes au pilon des barbaries pyromaniaques et macoutiâcres telles des déchirures ornementales de morgue enlugubrée de clafourailles sacrificielles à vapeurs de silence et de râles fatidiques
le définitif monte et remonte le calvaire du destin vers l’absolu concert du vide qui s’effondre dans un abîme d’immobilité.

 

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FRANKETIENNE

 

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victor hugo2

Oeuvre Victor Hugo

LE PIEGE

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Et tout ce sang

Tout ce sang…
Toutes ces vies qui s’échappent les cris
Les rochers entassés devant la grotte et le feu
La fumée l’air qui manque les prières sont-elles utiles
Les enfants que l’on serre dans les bras jusqu’à les étouffer
Tout ce sang
Tout ce sang
Le bruit absurde de la bombe à la terrasse du café les rires
Brisés les vitres en éclats le silence qui suit comme un souffle
Mortel puis les cris les appels au secours les sirènes
Et ceux qui rampent sous les tables celui qui regarde l’endroit
Oùétait sa main au bout de son bras là où gicle
Tout ce sang
Tout ce sang

Aujourd’hui vous regardez les deux armées d’ombres qui se lèvent
De chaque côté de la guerre leurs yeux creux de peine
Leurs mains décharnées qui se tendent leurs voix d’os,
Enfants, et vous croyez qu’ils demandent vengeance de
Tout ce sang
Tout ce sang
vous ne voyez pas que ce qu’ils veulent
C’est le pardon
Vos mains nouées au dessus d’eux
Pour qu’ils puissent dormir
En paix

 

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ALEXO XENIDIS

 

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roberto matta

Oeuvre Roberto Matta

EN MONTAGNE LIBANAISE

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Se souvenir – du bruit du clair de lune,
lorsque la nuit d’été se cogne à la montagne,
et que traîne le vent,
dans la bouche rocheuse des Monts Liban.

Se souvenir – d’un village escarpé,
posé comme une larme au bord d’une paupière ;
on y rencontre un grenadier,
et des fleurs plus sonores
qu’un clavier.

Se souvenir – de la vigne sous le figuier,
des chênes gercés que Septembre abreuve,
des fontaines et des muletiers,
du soleil dissous dans les eaux du fleuve.

Se souvenir – du basilic et du pommier,
du sirop de mûres et des amandiers.

Alors chaque fille était hirondelle
ses yeux remuaient comme une nacelle,
sur un bâton de coudrier.

Se souvenir – de l’ermite et du chevrier,
des sentiers qui mènent au bout du nuage,
du chant de l’Islam, des châteaux croisés,
et des cloches folles du mois de Juillet

Se souvenir – de chacun, de tous,
du conteur, du mage, et du boulanger,
des mots de la fête, de ceux des orages,
de la mer qui brille comme une médaille,
dans le paysage.

Se souvenir – d'un souvenir d'enfant
d'un secret royaume qui avait notre âge;
nous ne savions pas lire les présages,
dans ces oiseaux morts au fond de leurs cages,
sur les Monts Liban».

 

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NADIA TUENI

 

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louis-lottier-001

Oeuvre Louis Lottier

LE LIVRE DU DOUTE ET DE LA GRÂCE...Extrait

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Il serait beau, ami,
de naître dans un autre monde :
tu aurais là plusieurs jeunesses
et tu pourrais choisir la plus heureuse,
la mieux remplie,
peut-être aussi la plus étrange.
Il serait beau, ami,
de vivre dans un autre monde,
et ce ne serait point
être là, respirer, s’émouvoir,
mais peut-être se faire plus durable
comme la pierre endormie dans la pierre,
ou le fleuve courant à l’intérieur du fleuve,
ou le feu inconnu
qui ne ressemble pas au feu.
Il serait beau, ami,
de mourir dans un autre monde,
sans rien comprendre
ni calculer,
sauf que la mort peut-être
y est très douce,
y est très tendre,
et ne saurait se comparer
ni à la mort ni à la vie.

 

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ALAIN BOSQUET

 

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phil charp

Oeuvre Philippe Charpentier

RAPJAZZ...Extrait

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Mots et rêves
sont mes repères.
Mon journal
n'a pas de dates.
En rapjazz
je dis ma ville.

Que pourrais-je écrire que l'on ne sache déjà ?
Que devrais-je dire que l'on n'ait déjà entendu ?
J'écoute ma voix baroque dans le miroir enflé de litanies sauvages.

Batteur battant aux appels de ma ville
rapeur frappeur à l'ivresse de mes tripes
je délire et je tangue au fracas de ma langue à mes roues cycloneuses
je dérape aux zigzags de mes mots à dentelles d'ouragan
mes paysages écrabouillés au tournoiement du vent
coïncidence et connivence
mes affres et mes balafres
mes joies et mes vertiges au tressaillement du masque
mon ombre écartelée d'oubli et d'épouvante.

Mes amours me reviennent amalgame d'utopies et de tendre violence quand je mange mes silences
je m'en vertige à contempler ma ville debout
hors des vestiges de l'ombre
entre pierre et poussière
entre l'or invisible et la boue des ténèbres
entre ordures et lumière
je nage inépuisable

je suis de Port-au-Prince
ma ville enfouraillée de nuits intarissables
ma ville schizophonique bavarde infatigable.

 

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FRANKETIENNE

 

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HAITI,

Artiste ?


UN MORT HEUREUX

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  Je n'ai pas disparu
car il suffit de se pencher sur la rivière :
ce sont mes mots qu'elle chuchote
avec douceur, les nuits de pleine lune.
Je suis tout près :
regardez le platane,
qui prend mes vieilles attitudes,
celle de la rancœur et celle de l'espoir.
et même le nuage me ressemble,
je vous assure,
avec cette manière de bouder,
puis soudain d'éclater de rire.
Je suis un mort heureux, n'en doutez pas :
j'habite votre pain,
votre doute léger,
le tremblement qui accompagne
vos journées trop remplies.
Je suis une fourmi, une virgule,
un verre d'eau pour vous servir.
Me ferez-vous l'honneur de me croire, à présent
que je suis décédé ?

 

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ALAIN BOSQUET

Demain, sans moi

 

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nuages,

http://sphere.of.fear.cowblog.fr/images/

CARLOS SANTANA - OYE COMO VA

BERTHE MORISOT - 1841-1895

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À voir la détermination avec laquelle Berthe Morisot nous regarde, nous pourrions penser qu’elle a trouvé facilement sa place d’artiste. Une palette est esquissée sur la gauche de trois mouvements tournants. Elle porte une fleur bleue à la boutonnière, « comme une décoration  », dira Mallarmé, elle se tient droite, la tête tournée vers le spectateur, et elle nous regarde de ses célèbres yeux noirs qui ont tant fasciné Manet. Paul Valéry écrira d’ailleurs au sujet de ses yeux  : « Berthe Morisot vivait dans ses grands yeux dont l’attention extraordinaire à leur fonction, à leur acte continuel lui donnait cet air étranger, séparé qui séparait d’elle. Étranger, c’est-à-dire étrange; mais singulièrement étranger —  étranger, éloigné par présence excessive  ».

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edma-morisot

Oeuvre Edma Morisot - Berthe Morisot peignant...

 

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 On pourrait dire que c’est l’effet que produit d’abord cet autoportrait. Elle porte une robe brune, zébrée de quelques touches ocre, vert, marron, et a noué un foulard noir autour du cou. Ses cheveux sont gris, signe qu’il s’agit d’un autoportrait de la maturité et, à mesure qu’on le regarde, on se demande ce que cache une telle détermination du regard. Pourquoi Berthe Morisot aurait-elle cet air étranger alors qu’elle est née dans la bonne bourgeoisie française de la deuxième moitié du XIXe siècle   ? Alors, on cherche sa signature... et on ne la trouve pas. Il s’agit d’une esquisse, ce qui veut dire que le tableau n’est pas terminé. De plus, elle ne l’a exposé qu’une fois, à la galerie Le Barc de Boutteville en 1893, mais au milieu d’un grand nombre d’autres portraits de gens beaucoup plus importants qu’elle. Il ne sera vraiment montré qu’après sa mort, lors de l’exposition posthume qui eut lieu à la galerie Durand-Ruel en 1896, inspirant ce commentaire à sa fille Julie Manet qui note dans son Journal  : «  Ce portrait a été fait il y a environ une dizaine d’années, maman ne l’avait pas fini, personne ne le vit, elle le roula et le laissa dans une armoire ou une chambre de débarras   ; son apparition à l’exposition émerveille  » (4 mars 1896).

 Cet autoportrait serait-il exemplaire du statut de la femme artiste dans le mouvement impressionniste, et plus largement dans la champ professionnel où elle peut tout juste prétendre à un statut d’amatrice  ? Déjà sa mère pensait que Berthe « n’a pas le talent de valeur commerciale et publique, elle ne vendra jamais rien de ce qu’elle fait comme ça   ». Ce qui était vrai des impressionnistes l’est encore plus pour les femmes. Berthe n’est reconnue ni par le pouvoir artistique ni par la société bourgeoise dont elle est issue. Même pour ses amis peintres, comme Manet, elle a d’abord été un modèle à peindre avant d’être un sujet qui peint. Avant même d’avoir pris un pinceau, elle est pour ses semblables une femme-objet de la représentation. Est-ce parce que le statut de femme-sujet de son regard lui est pratiquement interdit qu’elle cache la toile dans un débarras  ?

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BERTHEMORISOT

Oeuvre Berthe Morisot

 

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On sait qu’une seule toile fut achetée par l’État de son vivant, et encore, ce fut grâce à l’intervention de Stéphane Mallarmé. On sait aussi que les femmes qui n’étaient pas inscrites par des liens familiaux dans les milieux artistiques n’avaient aucune chance de percer, sauf exception évidemment, comme l’a montré Rosa Bonheur en incarnant un véritable contre-modèle de réussite artistique. Mais Berthe Morisot n’a pas étéélevée par un père saint-simonien. Elle vient d’un milieu bourgeois où les femmes ne travaillent pas. Elles prennent le thé l’après-midi, cousent dans le jardin ou se promènent avec les enfants, dans un ennui mortel que Berthe Morisot exhibe littéralement dans ses scènes d’intimité féminine. Une huile de 1876 représentant une Femme à l’éventail ou tête de jeune fille montre une jeune fille blonde assise dans un fauteuil en train d’agiter un éventail les yeux fixes, comme chavirés d’angoisse à la perspective d’une vie sans issue.

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BERTHEMORISOT

Oeuvre Berthe Morisot

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Berthe Morisot a connu ces angoisses comme en témoignent ses carnets. Elle a connu son occultation comme créatrice à une époque où les femmes n’avaient droit à aucune autonomie sociale, intellectuelle, religieuse, créatrice. Peut-on dire alors qu’elle dénonce dans cet autoportrait inachevé l’effroyable condition qui est faite aux femmes artistes du XIXe siècle  ? D’abord, on est frappé par le faible nombre d’autoportraits
qu’elle a peints dans sa carrière. Cinq connus, dont trois avec sa fille Julie, et trois autres disparus (deux aquarelles et une esquisse). La plupart sont inachevés, comme cette autre esquisse à l’huile conservée au musée Marmottan. Ils datent tous des années 1885, 1887, soit dix ans avant sa mort. Elle a alors quarante-quatre ans. En 1874 elle a épousé le frère d’Edouard Manet, Eugène, avec qui elle a eu sa fille Julie à l’âge de trente-sept ans   : in extremis,  pourrait-on dire, et cette alliance avec les Manet, juste après la mort de son père, montre bien qu’une femme de son milieu se doit d’être « protégée  » par un homme. Sans oublier qu’elle n’aura son premier atelier qu’à l’âge de quarante-neuf ans.

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BERTHEMORISOT

Oeuvre Berthe Morisot

 

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Alors oui   ! elle peut s’affirmer avec fierté sur cette petite toile dont elle sait ce qu’elle deviendra. « Le désir de glorification après la mort me paraît une ambition démesurée, écrira-t-elle dans ses Carnets. La mienne se bornerait à vouloir fixer quelque chose de ce qui passe  ; oh   ! Quelque chose   ! la moindre des choses. Eh bien, cette ambition-là est encore démesurée  ! Une attitude de Julie, un sourire, une fleur, un fruit, une branche d’arbre, et quelque fois un souvenir plus spirituel des miens, une seule de ces choses me suffirait  ».

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Berthe_Morisot_Le-berceau-

Oeuvre Berthe Morisot

 

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Elle a fait mieux. Elle a inscrit sa présence d’artiste dans le mouvement même de dissolution de l’image de la femme qu’elle opère dans l’optique impressionniste, contre l’académisme institutionnel dont l’idéal de beauté féminine enferme les femmes dans le carcan du conformisme et de la représentation. Elle s’est engouffrée dans la brèche ouverte par Manet. Et la voilà devant nous qui se désocculte comme créatrice mais qui n’ose pas aller plus loin. Le chemin est long, comme le disent sa touche nerveuse et sa façon de montrer des femmes qui se réduisent à des taches de lumière dans un parc ou au bord de l’eau. Peut-être pourra-t-elle signer ses autoportraits. En attendant, elle fixe quelque chose d’inouï  : une femme qui nous regarde dans la conscience de sa valeur, comme elle l’exprima en disant  : « Je ne crois pas qu’il y ait jamais eu un homme traitant une femme d’égale àégal, et c’est tout ce que j’aurais demandé, car je sais que je les vaux  ».

 

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https://clio.revues.org/1603

 

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LA POSSIBILITE D'UNE ÎLE...Extrait

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Et la mort qui avance

A petits cris plaintifs,

Dansant sa drôle de danse

Sur mon centre émotif



Qui grimpe dans le lit,

Soulève les couvertures ;

Mon amour aboli,

Pourquoi tout est si dur ?





  Au bout de quelques mois

(Ou de quelques semaines)

Tu t’es lassée de moi,

Toi que j’avais fait reine.



Je connaissais le risque,

En mortel éprouvé ;

Le soleil, comme un disque,

Luit sur ma vie crevée.





  Il n’y a pas d’amour

(Pas vraiment, pas assez)

Nous vivons sans secours,

Nous mourons délaissés.



L’appel à la pitié

Résonne dans le vide

Nos corps sont estropiés,

Mais nos chairs sont avides.



Disparues les promesses

D’un corps adolescent,

Nous entrons en vieillesse

Où rien ne nous attend



Que la mémoire vaine

De nos jours disparus,

Un soubresaut de haine

Et le désespoir nu.





  Ma vie, ma vie, ma très ancienne,

Mon premier vœu mal refermé

Mon premier amour infirmé

Il a fallu que tu reviennes.



Il a fallu que je connaisse

Ce que la vie a de meilleur,

Quand deux corps jouent de leur bonheur

Et sans fin s’unissent et renaissent.



Entré en dépendance entière

Je sais le tremblement de l’être

L’hésitation à disparaître

Le soleil qui frappe en lisière






Et l’amour, où tout est facile,

Où tout est donné dans l’instant.

Il existe, au milieu du temps,

La possibilité d’une île.

 

 

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MICHEL HOUELLEBECQ

 

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thomas goujon

Photographie Thomas Goujon

MAHMOUD DARWICH...Extrait

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Comme l’herbe qui pousse entre les jointures des rochers,

On s’est rencontré un jour tels deux étrangers… 

Le ciel printanier composait l’étoile après l’étoile.

Et moi, je composais une strophe d’amour

Pour tes yeux… Et je l’ai chantée !

 

Tes yeux, savent- ils que j’ai longuement attendu

Comme l’été qui a attendu un oiseau

Et que j’ai dormi comme l’émigrant

Ayant un œil fermé tandis que l’autre demeure éveillé

A pleurer sa sœur… ?

Amoureux, nous sommes

Jusqu’à ce que s’endorme la lune.

Nous, nous savons que les étreintes et les baisers

Sont la nourriture des nuits d’amour

Et que le matin appelle mes pas à poursuivre

La  route pour encore un nouveau jour !

 

Amis, nous sommes… Marche, donc, près de moi main dans la main

Ensemble… nous ferons le pain et les chansons !

Pourquoi  demander à ce chemin…  où il nous mène…

Et comment il a cicatrisé nos pieds ?

Mon destin et le tien... C’est d’aller

 Ensemble  pour l’éternité !

Pourquoi chercher  les tristes élégies dans un recueil ancien?

Et pourquoi nous demander : O ! Amour vas- tu durer ?

Je t’aime…

De l’amour des caravanes pour l’oasis d’herbes et d’eau

Et de l’amour du pauvre pour le pain !

 

Comme l’herbe qui pousse entre les jointures des rochers

On s’est rencontré un jour tels deux étrangers… 

Et nous resterons des camarades  pour toujours…

 

 .

 

 MAHMOUD DARWICH

 

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deux

ON N'ECRIT PAS AVEC LES LARMES

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Est-ce la pluie sur ma joue ou la sueur amère des jours passés à boire? Je ne suis ni gai ni triste, tout simplement poète. On n'écrit pas avec des larmes. On a beau faire les durs, le cœur saigne sous la carapace. Que deviendra l'enfance dans cet enfer moderne? Trop de barreaux remplacent la ligne d'horizon. Le matin vient trop tard pour réveiller le soleil. Les ombres sont partout et snipent l'infini. Je me sers des mots pour saluer la mer, la duvet des palombes et le vent dans les branches. Il faut bien que les mots dépassent le réel et qu'ils résistent au froid. Une pause, une rose, une chose, ce sont plus que des rimes, plus que des mots, plus que des lettres et de l'encre. Des milliards d'atomes ont engendré la voix. Chaque paragraphe peut être une maison.

Sans la chaleur d'une histoire, un peuple meurt de froid. Nous avons nos hivers pour réchauffer les mots autour d'un poêle à bois, des bancs de neige en pleine réflexion, des chiens qui hurlent à la lune et des chasses-galeries. La mort est à l'aise avec nous malgré notre méfiance. Nous refusons de croire au temps, mais nous faisons confiance aux vendeurs d'assurances. Dans les moments d'émoi, mon corps bouge plus vite. La bête butée repart. Chaque nouveau matin sera peut-être le dernier. J'aime la pluie et ses dentelles de brume, les levers de soleil où tout saigne soudain, les orages trop courts. J'écris de longues lettres. Quelques phrases macèrent dans le bocal des ratures. Un soupir de géant crache des milliers d'insectes. Il m'arrive de lire comme on écosse des petits pois, pour l'odeur et le goût. Les mots avec leurs pattes et leurs antennes avancent sur la page, laissant une traînée d'encre comme une bave d'escargot. À défaut de balles à blanc, je tire avec des caractères d'imprimerie. Je farcis l'horizon de garamond 14, de Bodoni et d'elzévir.

Où vont tous les objets perdus, les projets avortés, les cœurs de chien sans maître, les poupées oubliées, les peaux mortes, les paroles muettes? Le corps garde en mémoire les blessures subies. Sur la peau qu'est ma vie, chaque phrase est une cicatrice qui démange. Les fantômes s'unissent à la mémoire du monde. Il est toujours trop tard pour la main qui écrit. Le mal est déjà fait. On placarde les murs d'affiches publicitaires. Le strass y cache la détresse. Lors des enterrements, chaque mort est notre mort.

Il manque toujours un mot pour être entier, jamais d'os à ronger. Au moindre envol, les poètes et les oiseaux laissent des plumes. Avec le temps, le corps devient triste. Les muscles s'atrophient. Les pieds regimbent à danser. Les doigts cherchent leurs gestes et je cherche mes mots. Ce qu'on oublie devient pesant. Il faut saisir l'oiseau sous le soustraire au ciel, croquer la pomme sans effacer les branches, mettre à nu l'espérance sans la déshabiller.

J'aime les phrases qui ne finissent pas, les maisons hantées par la forêt. Malgré les apparences, la vie finit toujours par renaître. Les chemises au dos d'une chaise ont les gestes du vent, les muscles des fantômes. Chaque enfant qui naît réinvente les larmes.

 

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JEAN-MARC LA FRENIERE

http://lafreniere.over-blog.net/2017/02/on-n-ecrit-pas-avec-des-larmes.html?utm_source=_ob_share&utm_medium=_ob_facebook&utm_campaign=_ob_sharebar

 

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Berthe-Morisot-Snowy

Oeuvre Berthe Morisot

 

 

 

 

 

 

 

 

 

SYMPHONIE INACHEVEE....Extrait

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C’était il y a très longtemps – écoute, amer amour de l’autre monde

— C’était très loin, très loin – écoute bien, ma sœur d’ici

— Dans le Septentrion natal où des grands nymphéas des lacs

Monte une odeur des premiers temps, une vapeur de pommeraies de légende englouties.

 

Loin de nos archipels de ruines, de lianes, de harpes,

Loin de nos montagnes heureuses.

— Il y avait la lampe et un bruit de haches dans la brume,

Je me souviens,

 

Et j’étais seul dans la maison que tu n’as pas connue,

La maison de l’enfance, la muette, la sombre,

Au fond des parcs touffus où l’oiseau transi du matin

Chantait bas pour l’amour des morts très anciens, dans l’obscure rosée.

 

C’est là, dans ces chambres profondes aux fenêtres ensommeillées

Que l’ancêtre de notre race avait vécu

Et c’est là que mon père après ses longs voyages

Était venu mourir.

 

J’étais seul et, je me souviens,

C’était la saison où le vent de nos pays

Souffle une odeur de loup, d’herbe de marécage et de lin pourrissant

Et chante de vieux airs de voleuse d’enfants dans les ruines de la nuit.

 

...

 

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OSCAR VLADISLAS DE LUBICZ MILOSZ

 

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Berthe-Morisot-Farm

Oeuvre Berthe Morizot

 

 


INSOMNIE

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Je dis : ma Mère. Et c’est à vous que je pense, ô Maison !
Maison des beaux étés obscurs de mon enfance, à vous
Qui n’avez jamais grondé ma mélancolie, à vous
Qui saviez si bien me cacher aux regards cruels, ô
Complice, douce complice ! Que n’ai-je rencontré
Jadis, en ma jeune saison murmurante, une fille
À l’âme étrange, ombragée et fraîche comme la vôtre,
Aux yeux transparents, amoureux de lointains de cristal,
Beaux, consolants à voir dans le demi-jour de l’été !
Ah ! j’ai respiré bien des âmes, mais nulle n’avait
Cette bonne odeur de nappe froide et de pain doré
Et de vieille fenêtre ouverte aux abeilles de juin !
Ni cette sainte voix de midi sonnant dans les fleurs !
Ah ces visages follement baisés ! ils n’étaient pas
Comme le vôtre, ô femme de jadis sur la colline !
Leurs yeux n’étaient pas la belle rosée ardente et sombre
Qui rêve en vos jardins et me regarde jusqu’au cœur
Là-bas, au paradis perdu de ma pleureuse allée
Où d’une voix voilée l’oiseau de l’enfance m’appelle,
Où l’obscurcissement du matin d’été sent la neige.
Mère, pourquoi m’avez-vous mis dans l’âme ce terrible,
Cet insatiable amour de l’homme, oh ! dites, pourquoi
Ne m’avez-vous pas enveloppé de poussière tendre
Comme ces très vieux livres bruissants qui sentent le vent
Et le soleil des souvenirs et pourquoi n’ai-je pas
Vécu solitaire et sans désir sous vos plafonds bas,
Les yeux vers la fenêtre irisée où le taon, l’ami
Des jours d’enfance, sonne dans l’azur de la vieillesse ?
Beaux jours ! limpides jours ! quand la colline était en fleur,
Quand dans l’océan d’or de la chaleur les grandes orgues
Des ruches en travail chantaient pour les dieux du sommeil,
Quand le nuage au beau visage ténébreux versait
La fraîche pitié de son cœur sur les blés haletants
Et la pierre altérée et ma sœur la rose des ruines !
Oùêtes-vous, beaux jours ? oùêtes-vous, belle pleureuse,
Tranquille allée ? aujourd’hui vos troncs creux me feraient peur
Car le jeune Amour qui savait de si belles histoires
S’est caché là, et Souvenir a attendu trente ans,
Et personne n’a appelé : Amour s’est endormi.
— Ô Maison, Maison ! pourquoi m’avez-vous laissé partir,
Pourquoi n’avez-vous pas voulu me garder, pourquoi, Mère,
Avez-vous permis, jadis, au vent menteur de l’automne,
Au feu de la longue veillée, à ces magiciens,
Ô vous qui connaissiez mon cœur, de me tenter ainsi
Avec leurs contes fous, pleins d’une odeur de vieilles îles
Et de voiliers perdus dans le grand bleu silencieux
Du temps, et de rives du Sud où des vierges attendent ?
Si sage vous saviez pourtant que les vrais voyageurs,
Ceux qui cherchent la Baie du Sincère et l’Île des Harpes
Et le Château Dormant ne reviennent jamais, jamais !
  Mon cœur est tout seul dans la froide auberge et l’insomnie
Debout dans le vieux rayon contemple mon vieux visage
Et nul, nul avant moi n’avait compris de quelles morts
Sourdes, irrémédiables sont faits ces jours de la vie !

 

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OSCAR VLADISLAS DE LUBICZ MILOSZ

 

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Oeuvre Berthe Morisot

LE VISAGE NUPTIAL

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À présent disparais, mon escorte, debout dans la distance;
La douceur du nombre vient de se détruire.
Congéà vous, mes alliés, mes violents, mes indices.
Tout vous entraîne, tristesse obséquieuse.
J’aime.

L’eau est lourde à un jour de la source.
La parcelle vermeille franchit ses lentes branches à ton front,
dimension rassurée.
Et moi semblable à toi,
Avec la paille en fleur au bord du ciel criant ton nom,
J’abats les vestiges,
Atteint, sain de clarté.

Tu rends fraîche la servitude qui se dévore le dos;
Risée de la nuit, arrête ce charroi lugubre
De voix vitreuses, de départs lapidés.

Tôt soustrait au flux des lésions inventives
(La pioche de l’aigle lance haut le sang évasé)
Sur un destin présent j’ai mené mes franchises
Vers l’azur multivalve, la granitique dissidence.

Ô voûte d’effusion sur la couronne de son ventre,
Murmure de dot noire!
Ô mouvement tari de sa diction!
Nativité, guidez les insoumis, qu’ils découvrent leur base,
L’amande croyable au lendemain neuf.
Le soir a fermé sa plaie de corsaire où voyageaient les fusées
vagues parmi la peur soutenue des chiens.
Au passé les micas du deuil sur ton visage.

Vitre inextinguible: mon souffle affleurait déjà l’amitié
de ta blessure,
Armait ta royauté inapparente.
Et des lèvres du brouillard descendit notre plaisir
au seuil de dune, au toit d’acier.
La conscience augmentait l’appareil frémissant deta permanence;
La simplicité fidèle s’étendit partout.

Timbre de la devise matinale, morte saison
de l’étoile précoce,
Je cours au terme de mon cintre, colisée fossoyé.
Assez baisé le crin nubile des céréales:
La cardeuse, l’opiniâtre, nos confins la soumettent.
Assez maudit le havre des simulacres nuptiaux:
Je touche le fond d’un retour compact.
Ruisseaux, neume des morts anfractueux,
Vous qui suivez le ciel aride,
Mêlez votre acheminement aux orages de qui sut guérir
de la désertion,
Donnant contre vos études salubres.
Au sein du toit le pain suffoque à porter coeur et lueur.
Prends, ma Pensée, la fleur de ma main pénétrable,
Sens s’éveiller l’obscure plantation.

Je ne verrai pas tes flancs, ces essaims de faim, se dessécher,
s’emplir de ronces;
Je ne verrai pas l’empuse te succéder dans ta serre;
Je ne verrai pas l’approche des baladins inquiéter
le jour renaissant;
Je ne verrai pas la race de notre liberté servilement se suffire.

Chimères, nous sommes montés au plateau.
Le silex frissonnait sous les sarments de l’espace;
La parole, lasse de défoncer, buvait au débarcadère angélique.
Nulle farouche survivance:
L’horizon des routes jusqu’à l’afflux de rosée,
L’intime dénouement de l’irréparable.

Voici le sable mort, voici le corps sauvé:
La Femme respire, l’Homme se tient debout.

 

 

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RENE CHAR

 

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rene

COMPLAINTE DU LEZARD AMOUREUX

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N'égraine pas le tournesol.

Tes cyprès auraient de la peine.

Chardonneret reprends ton vol

Et reviens à ton nid de laine.

Tu n'es pas un caillou du ciel

Pour que le vent te tienne quitte.

Oiseau rural ; I'arc-en-ciel

S'unifie dans la marguerite.

L'homme fusille cache toi ;

Le tournesol est son complice

Seules les herbes sont pour toi

Les herbes des champs qui se plissent.

Le serpent ne te connaît pas

Et la sauterelle est bougonne :

La taupe, elle, n'y voit pas ;

Le papillon ne hait personne

Il est midi chardonneret.

Le séneçon est là qui brille

Attarde-toi va sans danger :

L'homme est rentré dans sa famille !

L'écho de ce pays est sûr.

J'observe, je suis bon prophète ;

Je vois tout de mon petit mur

Même tituber la chouette.

Qui, mieux qu'un lézard amoureux

Peut dire les secrets terrestres ?

O léger gentil roi des cieux.

Que n'as tu ton nid dans ma pierre !

 

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RENE CHAR

Orgon, août 1947

 

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LA SORGUE - CHANSON POUR YVONNE

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Rivière trop tôt partie, d'une traite, sans compagnon

Donne aux enfants de mon pays le visage de ta passion

Rivière où l'éclair finit et où commence ma maison

Qui roule aux marches d'oubli la rocaille de ma raison.

Rivière, en toi terre est frisson, soleil anxiété.

Que chaque pauvre dans sa nuit fasse son pain de ta moisson.

Rivière souvent punie, rivière à l'abandon.

Rivière des apprentis à la calleuse condition

Il n'est vent qui ne fléchisse à la crête de tes sillons.

Rivière de l'âme vide, de la guenille et du soupçon

Du vieux malheur qui se dévide, de l'ormeau de la compassion .

Rivière des farfelus des fiévreux, des équarrisseurs

Du soleil lâchant sa charrue pour s'acoquiner au menteur.

Rivière des meilleurs que soi, rivière des brouillards éclos

De la lampe qui désaltère l'angoisse autour de son chapeau.

Rivière des égards au songe rivière qui rouille le fer

Où les étoiles ont cette ombre qu'elles refusent à la mer.

Rivière des pouvoirs transmis et du cri embouquant les eaux

De l'ouragan qui mord la vigne et annonce le vin nouveau

Rivière au coeur jamais détruit dans ce monde fou de prison

Garde-nous violent et ami des abeilles de l'horizon.

 

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RENE CHAR

«Le Soleil des Eaux», Editions Gallimard

 

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riviere

UGARITICA

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Au bout de mes doigts je détiens
ces blancs oiseaux cunéiformes
mon souffle mon amour mon désir voyageur
ces oiseaux effilant le loin
fortuits & brefs dans l'incessant
combat du feu & de la mer
ces moments d'ailes donnant ciel
à mes mots
insoucieux de moi
lointains déjà
comme les vagues & le vent
& miens oh rythmiquement miens

 

Dans la cendre & le sable
à ce delta du temps
Alasia Samara
appelant de leur nuit
la source
que nous serons peut-être

 

Creusant ameublissant le sens
trembler de ne sauver
l'insignifiant
Arracher à leur mort
lacunaire
hommes & dieux leurs noms
érodés
Rallumer ce soleil
oxydé qu'ils déclineront
dévastant de désert en désert
toutes les nostalgies
sur des chemins inusités
qui ne sauront que partir

 

O bateliers du Siyannu
vous marins mangeurs d'Infini
rapportez-nous l'abécédaire
de tous les peuples de la mer

 

Ensevelie sous quelques lettres
le visage l'âme lissée
par une Phénicie de songe
elle vient d'un silence
de quatre millénaires
juste à temps pour sauver
ce moineau tombé dans décembre

 

O vaisseaux O jardins
Soir où s'abattent les oiseaux
Flou d'élégie sur le bassin
Le même insecte tarde
à mourir sa mort circulaire

 

Site d'étoiles de beauté
Ici l'été s'exalte
Le poème sent battre
ses sèves jugulaires

 

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RAYMOND FARINA

Extrait de Archives du sable, Ugaritica,
Editions Rougerie, 1982

 

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Charles Gleyre2

Oeuvre Charles Gleyre

 

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