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Channel: EMMILA GITANA
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LE LIVRE DES MARGES...Extrait

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" Savais-je, jusqu'ici, qu'ouvrir et fermer les yeux, s'allonger, se mouvoir, penser, rêver, parler, se taire, écrire, lire, sont gestes et manifestations de la subversion ; l'éveil venant bouleverser l'ordre du sommeil, la pensée s'acharnant sur le néant, afin d'en avoir raison, la parole rompant, en se déployant, le silence et la lecture remettant, à chaque phrase, l'écrit en question ? Savais-je aussi, qu'il y a des degrés à la subversion, que nous ne sommes vraiment subversifs, dans nos rapports à autrui, que lorsque nous ne nous appliquons point à l'être et que, dans ce climat de non-suspicion, favorisé par notre comportement naturel, personne, autour de nous, ne s'en aperçoit encore ? La vie se dresse, à tous les instants, contre la mort ; la pensée contre l'impensé et le livre qui s'écrit contre le livre écrit. Exister, penser, écrire nous engageraient, alors, à rechercher indirectement un équilibre intérieur, face à des actes souterrains de subversion, équilibre qui serait enfin trouvé en les
laissant librement s'affronter en nous. Nous sommes le lieu écartelé de ces conflits. Nous parvenons à les localiser en les espaçant et en les limitant dans le temps ; c'est ce que nous appelons ; vivre, avec nous-même, en harmonie."

 

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EDMOND JABES

 

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COCC2

 

 


RENE GUY CADOU

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Je crois en toi
Visage parmi les pierres veinées de soie
Le plus seul avec son courage
Le plus près de la terre
Sous sa taie de soleil
Tu glisses avec les algues de douceur
Entre les rameaux blancs les mains
L'humus découvert des saisons
Tu portes sur le front le tatouage des tempêtes
Les stigmates du fleuve
Derrière toi il y a tout un passé qui s'ouvre
Une enfance incertaine
Des pas inachevés
Le meilleur de toi-même que tu croyais perdu

 

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RENE GUY CADOU

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garcon

 

 

 

 

HELENE CADOU HOMMAGE...

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Ce soir
La nuit est bleue

Avec un parfum de girofle
Sous la pierre lente et chaude

Tu vas et viens
De ton cœur
Au jardin

Et le pouls des planètes
Pourrait cesser de battre

Sans que la peur
Ne soit nommée

Dans la douceur des choses.

 

....

 

 

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Toi
Dans une tour de soleil
Toi
Dans la terre
Avec mes ongles retournés

Toi
N'en déplaise aux loups
Qui cernent mon sommeil
Toi
Dans la mer
À la pelure fraîche lavée

Avec les mille doigts du bonheur
Avec le fuseau des heures enlacées
Avec les continents en dérive

Toi
Dans la chambre où je veille
Épaule contre ma joue
Fougère qui parle dans les vitres
Arbre du sang qui me dessine

Toi
À plein cœur à pleine voix
Toi
Dans les souvenirs à venir
Pour l'enfant que nous n'avons pas.

 

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HELENE CADOU

" Le prince des lisières "

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H

 

 

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Je sais que tu m'as inventée
Que je suis née de ton regard
Toi qui donnais la lumière aux arbres
Mais depuis que tu m'as quittée
Pour un sommeil qui te dévore
Je m'applique à te redonner
Dans le nid tremblant de mes mains
Une part de jour assez douce
Pour t'obliger à vivre encore

 

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HELENE CADOU

" Le bonheur du jour "

 

 

COMME UN OISEAU DANS LA TÊTE...Extrait

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Sur le clavier du ciel où chantent les étoiles
Lancé sur le trapèze impossible des voiles
Dans la sciure des blés habitée des perdrix
Gagnant le toit la tonte épaisse de la nuit
Tout le jour en danger mais retrouvant des ailes
Pour dépasser le monde obscur la citadelle
Est-ce mon ombre ou la lumière sous la pluie

Je ne sais qui je suis prisonnier de ces routes
Avec mon sang qui coule à a mer goutte à goutte
Avec ces larges plaies aussitôt pardonnées
Et mon coeur de plein vent ma grange abandonnée

Je vais. J'ai rendez-vous sur les plateaux sans âge
Avec de vieux béliers frappés à mon image
Enfin je vais bondir sous les cornes du feu

Rien ne ressemble moins à tes yeux que mes yeux
Homme étrange occupé de besognes terrestres
Qui couvre de limons la blancheur du charnier

Jamais tu n'oseras , usant tes propres cendres
Jeter sur le tableau les mots qui font comprendre
Que tout l'amour du monde est à imaginer.

 

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RENE GUY CADOU

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cadou

HISTOIRES DE SOIFS...Extrait

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Un peu de pierre 

dans nos regards.

 

Je t'ai rêvée

depuis l'écorce de tes racines.

 

Eteins cette page d'oubli,

traduis plus bas tes mots

dans l'autre langue

où tout sera dit

le dit et le non-dit

 

Et qu'on répète pour toi

les mots de feu

qui nous ont traversés.

 

Avec la soif du vide.

 

....

 

Un nid de blé

qui se souvient des corps heureux,

des corps serrés, des bouches avides

avec leurs cris.

 

Un souffle

qui cherchait à se mêler

à notre voix.

 

Nos gestes légers

que l'herbe humide

a retracé sur notre peau.

 

Nos jambes déracinées

et la chaleur

qui a tissé ce voile tremblant

que l'aube a déchiré.

 

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EMILE HEMMEN

 

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EMILE

 

 

CREPUSCULE D'AUTOMNE ...Extrait

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"Écoute, je ne demande pas grand-chose,
seulement ta main, la tenir
comme une rainette qui dort contente ainsi.
J'ai besoin de cette porte que tu m'offrais
pour entrer dans ton monde, ce petit bout
de sucre vert, joyeux de sa rondeur.
Me prêtes-tu ta main cette nuit
de fin d'année et de chouettes enrouées ?
Tu ne le peux pas pour des raisons techniques. Alors
je la tisse avec l'air, ourdissant chaque doigt,
la pêche soyeuse de la paume
et le verso, ce pays d'arbres bleus.
Je la prends ainsi et je la soutiens, comme
si de cela dépendaient
beaucoup des biens du monde,
la suite des quatre saisons,
le chant des coqs, l'amour des hommes."

 

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JULIO CORTAZAR

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julio

 

 

PROVERBES DU SILENCE ET DE L'EMERVEILLEMENT...Extrait

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Où règne l'absence le silence  est présent

Comment sortir de la langue à l'intérieur

d'elle-même en ce non-lieu où

le merveilleux l'ensemence ou la régénère

 

Et si l'oubli de la langue

ouvrait les portes du silence

 

Pourquoi faut-il sortir du silence

en tout lieu de la langue dont le sens intérieur

s'origine dans l'oubli

 

Et si l'homme était aussi nu que le silence

d'avant l'homme

 

...

 

La langue ne choisit pas d'être épousée

par le silence, c'est lui qui la pénètre

et s'en retire, d'ou la silencieuse

jouissance du jaillissement du cri

survenant du fond des âges

pour y rentrer aussitôt

comme une lueur sauvage dans la nuit.

 

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MICHEL CAMUS

 

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brooke shaden

Oeuvre Brooke Shaden

JE SUIS UN BUVARD POUR LE CAFE DU JOUR

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Être un homme et ne pas le savoir ; être vivant et toujours en douter ; être mort et encore dans le couloir de la lumière. Je décèle au-delà de mon souffle, la rossée qui déroute mes envies. Je m’éteins devant le miroir chaotique d’une balance mécanique sans jamais avoir le goût de rompre. La nuit tombée, je redécouvre l’esprit bancal qui flotte dans un noyau de plumes. Mon radeau enchaîne les cascades qui torpillent le calme apparent. Le plaisir des sens est tantôt une ivresse, tantôt une frustration de pardons réflexifs et de contritions. Mes bougies se consument lentement dans un champ d’épreuves, dans le feu clair de l’être.  

 Ecartelé entre la vie et la mort, je connais l’alchimie des imperfections qui troublent mes failles. Tout ce que je suis incapable de traduire me laisse dans un non choix. Le vide est une respiration que je n’ai jamais quittée. J’appartiens aux mystères qui donnent vie à une prépondérance inaltérable aux secrets de la matière dont je suis un minuscule maillon.  

 

Les mots maltraitent toujours l’incompréhension de ce que je suis. L’écriture se déploie comme une sève profonde rejoint la surface du tronc avant de glisser sur les chemins striés de l’écorce où le corps avance dans l’esprit. Tandis que s’élève une richesse impalpable, la sécheresse qui me tient lieu de refuge tue les fauves fantômes qui peuplent les chemins de broussaille. L’amour qui me brûle et me consume ne connaît pas les cendres froides. Dans le matin, dans le présent, le corps ému, la vie avance et je la suis à petits pas. Je cherche les pistes brisées sous le regard des dunes, là où le vent reconstitue de nouvelles parures. Je suis un buvard pour le café du jour, un filtre pour la folie qui me saisit.

 

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BRUNO ODILE

 

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JAAMATI MOHAMED ,,

Oeuvre Jaamati Mohamed

 

 

 

 


L'HOMME QUI PLANTAIT DES ARBRES...JEAN GIONO

L'IMPICCATI DI U NIOLU....

EN MEDITERRANEE...

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Dans ce bassin où jouent
Des enfants aux yeux noirs,
Il y a trois continents
Et des siècles d'histoire,
Des prophètes des dieux,
Le Messie en personne.
Il y a un bel été
Qui ne craint pas l'automne,
En Méditerranée.

Il y a l'odeur du sang
Qui flotte sur ses rives
Et des pays meurtris
Comme autant de plaies vives,
Des îles barbelées,
Des murs qui emprisonnent.
Il y a un bel été
Qui ne craint pas l'automne,
En Méditerranée.

Il y a des oliviers
Qui meurent sous les bombes
Là où est apparue
La première colombe,
Des peuples oubliés
Que la guerre moissonne.
Il y a un bel été
Qui ne craint pas l'automne,
En Méditerranée.

Dans ce bassin, je jouais
Lorsque j'étais enfant.
J'avais les pieds dans l'eau.
Je respirais le vent.
Mes compagnons de jeux
Sont devenus des hommes,
Les frères de ceux-là
Que le monde abandonne,
En Méditerranée.

Le ciel est endeuillé,
Par-dessus l'Acropole
Et liberté ne se dit plus
En espagnol.
On peut toujours rêver,
D'Athènes et Barcelone.
Il reste un bel été
Qui ne craint pas l'automne,
En Méditerranée.

 

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GEORGES MOUSTAKI

 

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JOSE EMILIO PACHECO

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Les éléments de la nuit
Sous le plus petit empire que l'été a rongé
s'écroulent les jours, la foi, les prévisions.
Dans la dernière vallée
la destruction s'assouvit
dans des villes vaincues que la cendre affronte.
La pluie éteint la forêt illuminée par l'éclair.
La nuit laisse son venin.
Les mots se brisent contre l'air.
Rien ne se restitue,
Rien n'accorde
La verdeur aux champs calcinés.
Ni l'eau dans son exil
Ne retournera à la fontaine
Ni les os de l'aigle
Ne retourneront à ses ailes.

 

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JOSE EMILIO PACHECO

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mammatus,

 

 

JEAN DIHARCE

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Parfois
on peut laisser des bouts de vie
nul ne me contestera d'y être en ma maison
en ce pays où j'ai racine
on pélerine quelquefois
les coquilles ont des jacques qui se replient au ciel
on se fait des mémoires comme on offre un bijou
on monte un peu plus haut
des chardons en montagnes
un nom imprononçable
une église en vertige
des torrents qui protestent
et au-delà
l'Espagne
qui se défait des mains
à trop avoir saigné

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JEAN DIHARCE

 

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CHEMIN COMPOSTELLE

 

NATURELLE...

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    Je pars, je vais mêler une histoire à la mienne, pimenter ma vie et colorer mes effets; Je vais abandonner le noir qui me rend transparente et oser le bleu, le jaune et le rouge, détacher mes cheveux, les couronner d'une nature fraîche. Je couvrirais les murs de tissus faiseurs de  lumière chaude. Je rendrais leur libertéà mes pieds, je délivrerais mes seins prisonniers depuis trop longtemps. J'évoluerais dans un jardin verdoyant sans clôture. Oiseaux et petites grenouilles, mobile sonore naturel, inventeront une chorégraphie permanente. Les fruits sucrés ne seront plus interdits. J'observerais les feuilles de bananiers se déployer doucement, comme par magie, au lever du soleil, je recevrais la pluie amie. Et je rirais, oui je rirais, j'oublierais les pleurs, la peur, la douleur, je chanterais, je danserais, je caresserais les animaux, la terre, le sable, j'enlacerais les arbres en fermant les yeux, et je ferais l'amour avec la mer, le matin, le soir; la nuit ... Je vivrais simplement, follement.....dans une douce  folie...

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JOSIANE

 

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MER

LES VRAIS AMIS SONT COMME LES ARBRES....

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Les vrais amis sont comme les arbres
Ils ont hâte de te voir
Mais restent imperturbables
Si tu ne passes pas dire bonsoir
Même après une longue absence
Tu peux renouer avec eux
Il n’y a pas d’intermittence
Te revoir les rend heureux
Les vrais amis sont comme les arbres
Plantés très loin ou bien tout près
Sans jalousie et sans alarme
Ils croissent, c’est leur métier
Les vrais amis sont comme les arbres
Ils tendent leurs bras, ne plient pas
Ils grimpent vers la lumière
C’est ce qui les met en joie
Les vrais amis sont comme les arbres
L’univers est dans leur peau
Qu’il fasse pluie, glace ou bourrasque
Ils parfument et tiennent chaud
Les vrais amis quand ils trépassent
N’en finissent pas de fleurir
Dans nos mémoires opiniâtres
Même coupés les arbres prient.

 

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JULOS BEAUCARNE

 

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tronc-d-arbre,

 

 


PATRICK CHEMIN

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Pour Fabienne

 

Pose ta vie un moment près des iris sauvages du marais. Demeure un instant dans le secret des arbres. Ne demande rien. N’attends rien. La patience de la terre est infinie. C’est un long murmure depuis la nuit des temps. Ta vie est une éternité. Ne passe pas à côté. Parfois la lenteur. Parfois la précision du mot et l’humilité du chant. Parfois le vent du soleil. Parfois tout en haut des cimes de l’imaginaire. Parfois dans l’abîme du trop et des impasses de la pensée obsédante. Ton petit caillou, pose-le sur ton cœur. Respire. Ta vie est une éternité.

Ne passe pas à côté.

 

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PATRICK CHEMIN

 

 

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fab

 

 

 

 

FRANKETIENNE

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Les ténèbres s’éteignent
et les ombres s’effacent
au refutur de l’aube
je vais revivre l’éternité
à travers mes racines
jusqu’à ruiner l’abîme.

...


Dans l’obscure ambiguïté
Des amours angulaires
et des miroirs illusoires
l’on ne perçoit presque rien
sauf que tout change à l’instant
continûment
interminablement
et que l’œil devient sexe modifiable
selon l’envie de vivre ou de mourir
ici ailleurs maquillage de silence
et d’angoisse insoutenable
tant les mots pèsent en motifs d’émotion.

...

La distorsion du songe
la vie qui ose toujours
hausser la barre et le défi
la thématique brumeuse
des hypothèses factices
hormis l’éternité du thème
quand s’impose le dilemme
insoluble impossible
de saisir la vérité fugace
des heures qui passent.

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FRANKETIENNE

 

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FRA

 

 

DE GUERRE EN GUERRE

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La mer ne sait d’où lui vient toute cette eau
Au large des déserts assoiffés de tant de fleuves

Une aile toute seule ne peut suffire à la mouette
Pour apaiser les brûlures de la vague et du sable

Toutes ces feuilles qui tombent sous la tyrannie
De l’hiver n’empêchent l’oiseau de se poser

Sur les branches libre et indomptable
Son chant nourri des neiges et du soleil

Qu’a-t-elle donc la terre pour gémir ainsi
Sous les décombres la palme percée par le tonnerre

De tant de nuits déchirées par les éclairs
Les primevères rasées par les bottes d’enfer

Je vous reconstruis saisons des veines
Des arbres, du sang de la lumière

Par-delà les frontières par-delà les murs
Si vous tremblez vous remuez ma poussière

Comment peut-on laisser l’enfant se nourrir
De galettes d’argile parmi les larmes du crocodile

Visages d’ombre chiffres sans nombre
Tours d’orgueil hippopotames lourds dans la boue

J’ai de toi île la colère de l’orange verte
Toutes ces failles dans la fêlure du vent

Comme une fissure béante dans la césure
À moi bourgeons contre tous ces cimetières.

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TAHAR BEKRI

 

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visaGE2

 

 

 

 

 

NUITS PARTAGEES

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Au terme d'un long voyage, je revois toujours ce corridor, cette taupe, cette ombre chaude à qui l'écume de mer prescrit des courants d'air purs comme de tout petits enfants, je
revois toujours la chambre où je venais rompre avec toi le pain de nos désirs, je revois toujours ta pâleur dévêtue qui, le matin, fait corps avec les étoiles qui
disparaissent. Je sais que je vais encore fermer les yeux pour retrouver les couleurs et les formes conventionnelles qui me permettent de t'aborder. Quand je les rouvrirai, ce sera pour
chercher dans un coin de la pièce l'ombrelle corruptible à manche de pioche qui me fait redouter le beau temps, le soleil, la vie, car je ne t'aime plus au grand jour, car je regrette
le temps où j'étais parti à ta découverte et le temps aussi où j'étais aveugle et muet devant l'univers incompréhensible et le système d'entente
incohérent que tu me proposais.

N'as-tu pas suffisamment porté la responsabilité de cette candeur qui m'obligeait à toujours retourner tes volontés contre toi?

Que ne m'as-tu donnéà penser! Maintenant, je ne viens plus te voir que pour être plus sûr du grand mystère que constitue encore l'absurde durée de ma vie,
l'absurde durée d'une nuit.

Quand j'arrive, toutes les barques s'en vont, l'orage recule devant elles. Une ondée délivre les fleurs obscures, leur éclat recommence et frappe de nouveau les murs de laine. Je
sais, tu n'es jamais sûre de rien, mais l'idée du mensonge, mais l'idée d'une erreur sont tellement au-dessus de nos forces. Il y a si longtemps que la porte têtue n'avait
pas cédé, si longtemps que la monotonie de l'espoir nourrissait l'ennui, si longtemps que tes sourires étaient des larmes.

Nous avons refusé de laisser entrer les spectateurs, car il n'y a pas de spectacle. Souviens-toi, pour la solitude, la scène vide, sans décors, sans acteurs, sans musiciens. L'on
dit : le théâtre du monde, la scène mondiale et, nous deux, nous ne savons plus ce que c'est. Nous deux, j'insiste sur ces mots, car aux étapes de ces longs voyages que nous
faisions séparément, je le sais maintenant, nous étions vraiment ensemble, nous étions vraiment, nous étions, nous. Ni toi, ni moi ne savions ajouter le temps qui nous
avait séparés à ce temps pendant lequel nous étions réunis, ni toi, ni moi ne savions l'en soustraire.

Une ombre chacun, mais dans l'ombre nous l'oublions.

La lumière m'a pourtant donné de belles images des négatifs de nos rencontres. Je t'ai identifiée à des êtres dont seule la variété justifiait le nom,
toujours le même, le tien, dont je voulais les nommer, des êtres que je transformais comme je te transformais, en pleine lumière, comme on transforme l'eau d'une source en la
prenant dans un verre, comme on transforme sa main en la mettant dans une autre. La neige même, qui fut derrière nous l'écran douloureux sur lequel les cristaux des serments
fondaient, la neige même était masquée. Dans les cavernes terrestres, des plantes cristallisées cherchaient les décolletés de la sortie.

Ténèbres abyssales toutes tendues vers une confusion éblouissante, je ne m'apercevais pas que ton nom devenait illusoire, qu'il n'était plus que sur ma bouche et que, peu
à peu, le visage des tentations apparaissait réel, entier, seul.

C'est alors que je me retournais vers toi.

Réunis, chaque fois à jamais réunis, ta voix comble tes yeux comme l'écho comble le ciel du soir. Je descends vers les rivages de ton apparence. Que dis-tu? Que tu n'as
jamais cru être seule, que tu n'as pas rêvé depuis que je t'ai vue, que tu es comme une pierre que Ton casse pour avoir deux pierres plus belles que leur mère morte, que tu
étais la femme d'hier et que tu es la femme d'aujourd'hui, qu'il n'y a pas à te consoler puisque tu t'es divisée pour être intacte à l'heure qu'il est.

Toute nue, toute nue, tes seins sont plus fragiles que le parfum de l'herbe gelée et ils supportent tes épaules. Toute nue. Tu enlèves ta robe avec la plus grande
simplicité. Et tu fermes les yeux et c'est la chute d'une ombre sur un corps, la chute de l'ombre tout entière sur les dernières flammes.

Les gerbes des saisons s'écroulent, tu montres le fond de ton cœur. C'est la lumière de la vie qui profite des flammes qui s'abaissent, c'est une oasis qui profite du
désert, que le désert féconde, que la désolation nourrit. La fraîcheur délicate et creuse se substitue aux foyers tournoyants qui te mettaient en tête de me
désirer. Au-dessus de toi, ta chevelure glisse dans l'abîme qui justifie notre éloignaient.

Que ne puis-je encore, comme au temps de ma jeunesse, me déclarer ton disciple, que ne puis-je encore convenir avec toi que le couteau et ce qu'il coupe sont bien accordés. Le piano
et le silence, l'horizon et l'étendue.

Par ta force et par ta faiblesse, tu croyais pouvoir concilier les désaccords de la présence et les harmonies de l'absence, une union maladroite, naïve, et la science des
privations. Mais, plus bas que tout, il y avait l'ennui. Que veux-tu que cet aigle aux yeux crevés, retienne de nos nostalgies?

Dans les rues, dans les campagnes, cent femmes sont dispersées par toi, tu déchires la ressemblance qui les lie, cent femmes sont réunies par toi et tu ne peux leur donner de
nouveaux traits communs et elles ont cent visages, cent visages qui tiennent ta beauté en échec.

Et dans l'unité d'un temps partagé, il y eut soudain tel jour de telle année que je ne pus accepter. Tous les autres jours, toutes les autres nuits, mais ce jour-là j'ai
trop souffert. La vie, l'amour avaient perdu leur point de fixation. Rassure-toi, ce n'est pas au profit de quoi que ce soit de durable que j'ai désespéré de notre entente. Je
n'ai pas imaginé une autre vie, devant d'autres bras, dans d'autres bras. Je n'ai pas pensé que je cesserais un jour de t'être fidèle, puisqu'à tout jamais j'avais
compris ta pensée et la pensée que tu existes, que tu ne cesses d'exister qu'avec moi.

J'ai dit à des femmes que je n'aimais pas que leur existence dépendait de la tienne.

Et la vie, pourtant, s'en prenait à notre amour. La vie sans cesse à la recherche d'un nouvel amour, pour effacer l'amour ancien, l'amour dangereux, la vie voulait changer
d'amour.

Principes de la fidélité... Car les principes ne dépendent pas toujours de règles sèchement inscrites sur le bois blanc des ancêtres, mais de charmes bien vivants,
de regards, d'attitudes, de paroles et des signes de la jeunesse, de la pureté, de la passion. Rien de tout cela ne s'efface.

Je m'obstine à mêler des fictions aux redoutables réalités. Maisons inhabitées, je vous ai peuplées de femmes exceptionnelles, ni grasses, ni maigres, ni blondes,
ni brunes, ni folles, ni sages, peu importe, de femmes plus séduisantes que possibles, par un détail. Objets inutiles, même la sottise qui procéda à votre fabrication
me fut une source d'enchantements. Etres indifférents, je vous ai souvent écoutés, comme on écoute le bruit des vagues et le bruit des machines d'un bateau, en attendant
délicieusement le mal de mer. J'ai pris l'habitude des images les plus inhabituelles. Je les ai vues où elles n'étaient pas. Je les ai mécanisées comme mes levers et
mes couchers. Les places, comme des bulles de savon, ont été soumises au gonflement de mes joues, les rues à mes pieds l'un devant l'autre et l'autre passe devant l'un, devant
deux et fait le total, les femmes ne se déplaçaient plus que couchées, leur corsage ouvert représentant le soleil. La raison, la tête haute, son carcan
d'indifférence, lanterne à tête de fourmi, la raison, pauvre mât de fortune pour un homme affolé, le mât de fortune du bateau... voir plus haut.

Pour me trouver des raisons de vivre, j'ai tenté de détruire mes raisons de t'aimer. Pour me trouver des raisons de t'aimer, j'ai mal vécu.

Au terme d'un long voyage, peut-être n'irai-je plus vers cette porte que nous connaissons tous deux si bien, je n'entrerai peut-être plus dans cette chambre où le désespoir
et le désir d'en finir avec le désespoir m'ont tant de fois attiré. A force d'être un homme incapable de surmonter son ignorance de lui-même et du destin, je prendrai
peut-être parti pour des êtres différents de celui que j'avais inventé.

A quoi leur servirai-je?



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PAUL ELUARD

 

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brooke shaden 2

Photographie Brooke Shaden

LA CARTA EN EL CAMINO

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Adiós, pero conmigo
serás, irás adentro
de una gota de sangre que circule en mis venas
o fuera, beso que me abrasa el rostro
o cinturón de fuego en mi cintura.
Dulce mía, recibe
el gran amor que salió de mi vida
y que en ti no encontraba territorio
como el explorador perdido
en las islas del pan y de la miel.
Yo te encontré después
de la tormenta,
la lluvia lavó el aire
y en el agua
tus dulces pies brillaron como peces
Adorada, me voy a mis combates.
Arañaré la tierra para hacerte una cueva
y allí tu Capitán
te esperará con flores en el lecho.
No pienses más, mi dulce,
en el tormento
que pasó entre nosotros
como un rayo de fósforo
dejándonos tal vez su quemadura.
La paz llegó también porque regreso
a luchar a mi tierra,
y como tengo el corazón completo
con la parte de sangre que me diste
para siempre,
y como
llevo
las manos llenas de tu ser desnudo,
mírame,
mírame,
mírame por el mar, que voy radiante,
mírame por la noche que navego,
y mar y noche son los ojos tuyos.
No he salido de ti cuando me alejo.
Ahora voy a contarte:
mi tierra será tuya,
yo voy a conquistarla,
no sólo para dártela,
sino que para todos,
para todo mi pueblo.
Saldrá el ladrón de su torre algún día.
Y el invasor será expulsado.
Todos los frutos de la vida
crecerán en mis manos
acostumbrados antes a la pólvora.
Y sabré acariciar las nuevas flores
porque tú me enseñaste la ternura.
Dulce mía, adorada,
vendrás conmigo a luchar cuerpo a cuerpo
porque en mi corazón viven tus besos
como banderas rojas,
y si caigo, no sólo
me cubrirá la tierra
sino este gran amor que me trajiste
y que vivió circulando en mi sangre.
Vendrás conmigo,
en esa hora te espero,
en esa hora y en todas las horas,
en todas las horas te espero.
Y cuando venga la tristeza que odio
a golpear a tu puerta,
dile que yo te espero
y cuando la soledad quiera que cambies
la sortija en que está mi nombre escrito,
dile a la soledad que hable conmigo,
que yo debí marcharme
porque soy un soldado,
y que allí donde estoy,
bajo la lluvia o bajo
el fuego, mírame por el mar, que voy radiante,
mírame por la noche que navego,
y mar y noche son los ojos tuyos.
No he salido de ti cuando me alejo.
Ahora voy a contarte:
mi tierra será tuya,
yo voy a conquistarla,
no sólo para dártela,
sino que para todos,
para todo mi pueblo.
Saldrá el ladrón de su torre algún día.
Y el invasor será expulsado.
Todos los frutos de la vida
crecerán en mis manos
acostumbrados antes a la pólvora.
Y sabré acariciar las nuevas flores
porque tú me enseñaste la ternura.
Dulce mía, adorada,
vendrás conmigo a luchar cuerpo a cuerpo
porque en mi corazón viven tus besos
como banderas rojas,
y si caigo, no sólo
me cubrirá la tierra
sino este gran amor que me trajiste
y que vivió circulando en mi sangre.
Vendrás conmigo,
en esa hora te espero,
en esa hora y en todas las horas,
en todas las horas te espero.
Y cuando venga la tristeza que odio
a golpear a tu puerta,
dile que yo te espero
y cuando la soledad quiera que cambies
la sortija en que está mi nombre escrito,
dile a la soledad que hable conmigo,
que yo debí marcharme
porque soy un soldado,
y que allí donde estoy,
bajo la lluvia o bajo
el fuego,
amor mío, te espero,
te espero en el desierto más duro
y junto al limonero florecido:
en todas partes donde esté la vida,
donde la primavera está naciendo,
amor mío, te espero.
Cuando te digan "Ese hombre
no te quiere", recuerda
que mis pies están solos en esa noche, y buscan
los dulces y pequeños pies que adoro.
Amor, cuando te digan
que te olvidé, y aun cuando
sea yo quien lo dice,
cuando yo te lo diga,
no me creas,
quién y cómo podrían
cortarte de mi pecho
y quién recibiría
mi sangre
cuando hacia ti me fuera desangrando?
Pero tampoco puedo
olvidar a mi pueblo.
Voy a luchar en cada calle,
detrás de cada piedra.
Tu amor también me ayuda:
es una flor cerrada
que cada vez me llena con su aroma
y que se abre de pronto
dentro de mí como una gran estrella.
Amor mío, es de noche.
El agua negra, el mundo
dormido, me rodean.
Vendrá luego la aurora
y yo mientras tanto te escribo
para decirte: "Te amo".
Para decirte "Te amo", cuida,
limpia, levanta,
defiende
nuestro amor, alma mía.
Yo te lo dejo como si dejara
un puñado de tierra con semillas.
De nuestro amor nacerán vidas.
En nuestro amor beberán agua.
Tal vez llegará un día
en que un hombre
y una mujer, iguales
a nosotros,
tocarán este amor, y aún tendrá fuerza
para quemar las manos que lo toquen.
Quiénes fuimos? Qué importa?
Tocarán este fuego
y el fuego, dulce mía, dirá tu simple nombre
y el mío, el nombre
que tú sola supiste porque tú sola
sobre la tierra sabes
quién soy, y porque nadie me conoció como una,
como una sola de tus manos,
porque nadie
supo cómo, ni cuándo
mi corazón estuvo ardiendo:
tan sólo
tus grandes ojos pardos lo supieron,
tu ancha boca,
tu piel, tus pechos,
tu vientre, tus entrañas
y el alma tuya que yo desperté
para que se quedara
cantando hasta el fin de la vida.
Amor, te espero.
Adiós, amor, te espero.
Amor, amor, te espero.
Y así esta carta se termina
sin ninguna tristeza:
están firmes mis pies sobre la tierra,
mi mano escribe esta carta en el camino,
y en medio de la vida estaré
siempre
junto al amigo, frente al enemigo,
con tu nombre en la boca
y un beso que jamás
se apartó de la tuya.

 

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PABLO NERUDA

 

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EDMUND HODGSON

Fotografia Edmund Hodgson

 

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