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PEAU NOIRE, MASQUE BLANC ...Extrait

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Merci Adéla

 

Il ne faut pas essayer de fixer l’homme, puisque son destin est d’être lâché.
La densité de l’Histoire ne détermine aucun de mes actes.
Je suis mon propre fondement.
Et c’est en dépassant la donnée historique, instrumentale, que j’introduis le cycle de ma liberté.
Le malheur de l’homme de couleur est d’avoir été esclavagisé.
Le malheur et l’inhumanité du Blanc sont d’avoir tué l’homme quelque part.
Sont, encore aujourd’hui, d’organiser rationnellement cette déshumanisation. Mais moi, l’homme de couleur, dans la mesure où il me devient possible d’exister absolument, je n’ai pas le droit de me cantonner dans un monde de réparations rétroactives.
Moi, l’homme de couleur, je ne veux qu’une chose :
Que jamais l’instrument ne domine l’homme. Que cesse à jamais l’asservissement de l’homme par l’homme. C’est-à-dire de moi par un autre. Qu’il me soit permis de découvrir et de vouloir l’homme, où qu’il se trouve.
Le nègre n’est pas. Pas plus que le. Blanc.
Tous deux ont à s’écarter des voix inhumaines qui furent celles de leurs ancêtres respectifs afin que naisse une authentique communication. Avant de s’engager dans la voix positive, il y a pour la liberté un effort de désaliénation. Un homme, au début de son existence, est toujours congestionné, est noyé dans la contingence. Le malheur de l’homme est d’avoir été enfant.
C’est par un effort de reprise sur soi et de dépouillement, c’est par une tension permanente de leur liberté que les hommes peuvent créer les conditions d’existence idéales d’un monde humain.
Supériorité ? Infériorité ?
Pourquoi tout simplement ne pas essayer de toucher l’autre, de sentir l’autre, de me révéler l’autre ?
Ma liberté ne m’est-elle donc pas donnée pour édifier le monde du Toi ?
A la fin de cet ouvrage, nous aimerions que l’on sente comme nous la dimension ouverte de toute conscience.

Mon ultime prière :
O mon corps, fais de moi toujours un homme qui interroge !

 

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FRANTZ FANON



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fanon21,

 

Frantz Fanon


SI DEPUIS LE LOINTAIN...Extrait

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Si depuis le lointain, comme nous sommes divorcés,
Je te suis encore reconnaissable, le passé,
Ô toi partageant mes souffrances !
Peut te signifier quelque bonheur,
Alors dis-moi comment t’espère l’amie ?
Dans ces jardins, là où par un affreux
Et obscur temps nous nous rencontrâmes ?
Ici, auprès des fleuves du monde sacré de l’origine.
Je dois le dire, quelque bonheur était
Dans tes regards, lorsque dans le lointain tu
Te retournais une fois joyeusement,
Homme toujours renfermé, à l’air
Si ténébreux. Comment s’écoulaient les heures là-bas, combien tranquille
Était mon âme au-delà de cette vérité, que
J’étais devenue tellement séparée ?
Oui ! je l’avoue, j’étais tienne.
Vraiment ! comme tu voulais, le connu de tous,
En ma mémoire me le rapporter et écrire
Par des lettres, ainsi me fut aussi adressé
Que je dise tout du passé.
Était-ce le printemps ? Était-ce l’été ? Le rossignol
Avec de suaves mélodies vivait avec les oiseaux qui
N’étaient pas loin dans le bocage,
Et nous ceignaient d’odeurs les arbres.
Les clairs sentiers, les courts buissons et le sable
Que nous foulions rendaient plus réjouissants
Et aimables les jacinthes
Ou les tulipes, violettes, œillets.
Sur les parois et les murs verdissait le lierre, verdissait
Une bienheureuse obscurité dans les hautes allées. Souvent
Soir et matin étions-nous là-bas
Àéchanger maintes choses et nous voir avec joie.
Dans mes bras revivait l’adolescent,
Lui, encore délaissé, venu de régions
Qu’il me montrait avec quelque mélancolie,
Mais les noms de ces lieux extraordinaires
Et de toutes ces beautés les avait-il retenus, ce qui
Sur les rives bienheureuses, pour moi aussi très précieux,
Au pays chez nous était en fleurs,
Ou bien dérobé, depuis une vue plus élevée,
Où quelqu’un peut aussi de partout contempler la mer,
Mais nul ne veut être. Contente-toi, et pense
À elle, elle qui est encore amusée, pourquoi,
Parce que le jour ravissant nous apparaissait,
Qui avec des aveux ou des serrements de mains
Débutait, qui nous réunissait. Ah ! Hélas pour moi !
Ce furent de beaux jours. Mais
Un morne crépuscule suivit plus tard.
Tu étais si seul dans ce monde si beau,
M’affirmes-tu toujours, bien-aimée ! Ce
Que pourtant tu ne sais pas

 

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FRIEDRICH HÖLDERLIN

 

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HOLDERLIN

 

 

 

ANGELE PAOLI...Extrait

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...

déjà si avant dans l'automne
la pluie est tombée drue toute la nuit
tu marches dans les pas de celle qui fut
les effraies piaillent dans les ravines
le ciel est noir d'orages convenus
tu marches dans l'écoute des rumeurs sombres
de la mer un chien vagabond t'accompagne
tache mordorée qui caracole bondit haleine suspendue
fier compagnon de route abandonné
aux lendemains de l'été       odeurs de champignons
de mousses    cyclamen sauvage
la marjolaine en fleurs épice les talus
la beauté du lieu t'accompagne
solitude au coeur

 

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 ANGELE PAOLI

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Plinio Nomellini2,

Oeuvre Plinio Nomellini

PHILIPPE MAC LEOD

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" Que se soient les mots qu'on prononce ou les mots qu'on tait, qu'on retient, les mots qui s'élèvent ou les mots qui descendent en nos obscurités, c'est dans un véritable "espace" de la parole qu'il nous est demandé d'entrer, les mots nous environnant d'une sorte de halo de lumière, les mots donnant corps à notre âme et en retour explorant ses continents. "

 

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PHILIPPE MAC LEOD

 

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Brooke Shaden Photography8,

Brooke Shaden Photography

 

 

TRAVERSEE NOMADE...Extrait

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Accepte que se déposent
bleu de source dans le creux
de la roche claire
la mauve et le chardon unis
pour recréer le ciel

La pierre se fait chair
accrochant la lumière
Dans la paille des herbes
recueille enfin le jour...

 

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SABINE PEGLION

 

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INESSA MOROZOVA2

Oeuvre Inessa Morozova

 

 

ALLEGEANCE AU VENT

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Allégeance au vent. Les peupliers du jardin, ce sont horloges à eau chiffrant nos instants et saisons, ce sont fuseaux à fuyant fil de vie. Quand la lune se fait puissante, leur feuillage frémit en petites mains d’ombre sur le pignon laiteux. Te voilà femme de soie grège, béante sous les doigts de caresse, femme de vals et de coteaux, de frondaisons et de lichens. Femme arabesque, luxuriante et luisante dans le petit jardin où, en marche à travers la douceur, tu regardes pleuvoir une pâleur sur les acanthes (hautes hampes pétales-casques roses à peine), deux oliviers, un massif de fleurs en croix. Tu acquiesces à ce que tu es. Ombres celées, tressaillante soudain vertigineusement, tu offres en partage tout le vif du vent sur tes seins. J’embrasse en toi la fleur de vie.

 

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FRANCOIS LAUR

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laur

 

L'OR DES TIGRES...Extrait

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C'est l'amour. Je devrai me cacher ou fuir.
Les murs de ma prison grandissent, comme en un rêve atroce.
Le beau masque a changé, mais comme toujours c'est le seul.
De quoi peuvent me servir mes talismans :
l'exercice des lettres, la vague érudition,
l'apprentissage des mots dont l'âpre Nord
se servit pour chanter ses mers et ses épées,
la sereine amitié, les galeries de la Bibliothèque,
les choses courantes, les coutumes, le jeune amour de ma mère,
l'ombre militaire de mes morts, la nuit intemporelle, la saveur du sommeil ?

Être avec toi ou ne pas être avec toi est la mesure de mon temps.
Déjà la cruche se brise sur la fontaine,
déjà l'homme se lève à la voix de l'oiseau,
déjà s'assombrissent ceux qui regardent aux fenêtres
mais l'ombre n'a pas apporté la paix.
C'est, je le sais bien, l'amour : le désir anxieux d'entendre sa voix,
l'attente et la mémoire, l'horreur de vivre dans la succession.
C'est l'amour avec ses mythologies, avec ses petites magies inutiles.
Il y a un coin de rue où je n'ose passer.
Déjà les armées m'encerclent, les hordes.
(Cette chambre est irréelle, elle ne l'a pas vue.)
Le nom d'une femme me dénonce.
J'ai mal à une femme dans tout mon corps.

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JORGE LUIS BORGES

« Le menacé»

Traduction de l'espagnol (Argentine) par Néstor Ibarra

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borges

LETTRE D'ANTOINE DE ST EXUPERY A NATHALIE ...Extrait

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 ... A Nathalie .

"Mais je ne puis pas ne pas connaître
que je viens d'être pris par la main.
Pour la première fois depuis bien longtemps
je ferme les yeux.
Sur la paix de mon cœur.
Je n'ai plus à chercher mon chemin.
On ne peut pas m'empêcher de fermer les yeux si je suis heureux.
Un peu comme les portes ou les fenêtres des granges.
On les ferme une fois qu'elles sont pleines.
Tu es en moi comme une provision merveilleuse.
Bien sûr je te ferai mal.
Bien sûr tu me feras mal.
Bien sûr nous aurons mal.
Mais ça, c'est la condition de l'existence.
Se faire printemps, c'est prendre le risque de l'hiver.
Se faire présent, c'est prendre le risque de l'absence...
... Et moi, c'est à mon risque de peine que je connais ma joie."

 

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ANTOINE DE SAINT EXUPERY

 

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ST EX

 

 


TANT DE JOLIES CHOSES

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Même s'il me faut lâcher ta main
Sans pouvoir te dire "à demain"
Rien ne défera jamais nos liens
Même s'il me faut aller plus loin
Couper les ponts, changer de train
L'amour est plus fort que le chagrin
L'amour qui fait battre nos coeurs
Va sublimer cette douleur
Transformer le plomb en or
Tu as tant de belles choses à vivre encore
Tu verras au bout du tunnel
Se dessiner un arc-en-ciel
Et refleurir les lilas
Tu as tant de belles choses devant toi
Même si je veille d'une autre rive
Quoi que tu fasses, quoi qu'il t'arrive
Je serai avec toi comme autrefois
Même si tu pars à la dérive
L'état de grâce, les forces vives
Reviendront plus vite que tu ne crois
Dans l'espace qui lie le ciel et la terre
Se cache le plus grand des mystères
Comme la brume voilant l'aurore
Il y a tant de belles choses que tu ignores
La foi qui abat les montagnes
La source blanche dans ton âme
Penses-y quand tu t'endors
L'amour est plus fort que la mort
Dans le temps qui lie ciel et terre
Se cache le plus beau des mystères
Penses-y quand tu t'endors
L'amour est plus fort que la mort

 

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FRANCOISE HARDY

 

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LES CLARTES MITOYENNES...Extrait

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Ce qui façonne la parole  
jusqu’au silence  
entrouvert soudain transparent
avant que l’air ne brasille
Le faîte jusqu’à s’aligner  
sur le chemin des sources
Présent où se décompose  
le plus avant sous les pas
qu’environnent pour nous
les clartés mitoyennes
Et le centre au plus profond
oublie la torsion des jours  
L’évidence où je dis  
surélève toute avance
S’avoue découverte  
la parcelle reconquise  
dépositaire sans défaut
du visage mis à nu

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FERNAND VERHESEN

 

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jean yves verne,

Sculpture Jean-Yves Verne

BRIBES...Extrait

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Après l’envol des cheveux blancs
renaîtra l’aubépine

pour les enfants perdus
pour les bêtes déshéritées
pour les nuits trop longues
et les visages sans visage

Après le départ des derniers guerriers
et l’oubli des morts
la terre sourire dans le cœur des fontaines

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ANDRE SOURIS

 

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donatello

Oeuvre Donatello

PLEIN POUVOIR...Extrait

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Encore un jour d’eau fraîche qui commence
Sur l’herbe bleue des heures à faucher.
Encore un jour qui paye redevance
Pour mériter ses raisons d’espérer.

Encore un jour à semer la semence,
À féconder le doux limon du corps.
Encore un jour à miser sur la chance.
Encore un jour à défier le sort.

Encore un jour à se trouver soi-même,
À se connaître à soi-même étranger.
Encore un jour où rien ne vaut qu’on aime
Puisqu’il faut bien tout amour dénouer.

Encore un jour à compter les étoiles
Sans bruit tombant de ce soir à demain.
Encore un jour où l’on met à la voile :
Ho hisse et ho ! ce port n’est plus le mien.

Encore un jour à souffrir ses blessures,
Encore un jour de bois sec à brûler,
Encore un jour de sang et d’aventure,
Un jour encore… et tout va commencer.

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CARLO MASONI

 

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temps

 

 

NAQUERIN ZINCALO-PRONOIA

LES PAS DE L'EAU...Extrait

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La vie n'est pas cette chose que nous oublions, toi et moi,
L'ayant égarée naguère dans la niche de l'habitude.
La vie est cette main tendue qui s'apprête à cueillir
Les premières figues noires dans la bouche acre de l'été,
La vision qu'offre l'arbre aux yeux multiples des insectes,
La sensation étrange qu'éprouvent les oiseaux migrateurs,
Le sifflement d'un train qui vire dans le rêve d'un pont,

La vie est reflet multiplié par le miroir,
Fleur "à la puissance de l'éternité",
Elle est : terre amplifiée par nos battements de cœur,
Géométrie simple et monotone de nos respirations.

Ιl faut laver nos yeux.
Ιl faut voir d'une autre manière.
Ιl faut purifier nos mots.
Ιl faut que le mot puisse lui-même devenir vent,
Puisse lui-même devenir pluie.
Ιl faut plier nos parapluies.
Ιl faut rester sous la pluie.
Ιl faut que pensée et mémoire en puissent être imprégnées.
Ιl faut suivre toute la ville à l'accueil de la pluie.
Voir son ami sous la pluie.
Chercher l'amour sous la pluie.
S'unir à une femme sous la pluie.
Se livrer au jeu sous la pluie.
Écrire, parler ou planter des volubilis sous la pluie.
La vie n'est qu'un baptême perpétuel.
Une ablution dans la vasque de l'éternel présent.

 

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SOHRÂB SEPEHRI

 

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SOHRAB

PROSES ANDALOUSES...Extrait

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Je te porte en moi, Grenade, ma blessure.
Je t’investis de mémoire et de songe
Quand luit, sous le feuillage des paupières,
Ta lente parabole.
Je te confère une évidence de pierre
Dans la profuse exaltation des myrtes,
Et tes créneaux lacèrent une légende
Où vont rêvant d’indicibles sultanes
Je te porte en moi, ma blessure, Grenade
Couronné d’ombre et de fontaines,
J’écoute Dieu s’épandre
Dans l’or obscur des arabesques
Tandis qu’un pas envoûte l’Albaïcin
Entre des fronts de neige dure
Et monte aux grottes où saignent les guitares,
Pour que le rouge soir ressemble à ton visage,
Federico
Et je souffre de toi, Grenade, ma blessure.
...
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CARLO MASONI
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CATHERINE ROSSI

Oeuvre Catherine Rossi


OSSELETS D'AMOUR

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mes amis morts
tellement vivants
tellement présents
je ne pense jamais à vous
vous vous imposez
en venant là où je me hante
n'importe où

ce grain de solitude
par lequel votre voix
-la mienne aussi- se déleste
s'élève entre rêve réalité
hors des formes furieuses
où s'esquisse une humanité
si peureuse si frileuse

mes enfants mes parents
je vous vois nuageux
parmi les méandres du soleil
vous venez vous abriter
les jours d'orage
dans les alvéoles de ma chair
à l'abris de mes paupières

nous ne nous perdons jamais de vue
en dépit d'une impossible distance
nous nous retrouvons au chaud
dans le ventre des mères
dans les clairière où se reposent les vents
sur les vagues des mers et des prairies
partout où nous nous sommes échoués.

 

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ANDRE CHENET

le 18/09/2016

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andre2

 

 

LUMIERE NOMADE...Extrait

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O femme dévêtue comme la lune
dans les prémices éparses de la lampe
Je nomme tes seins donation de neige
tes jambes parvis des célébrations
Car tu commences l’invention
d’un miel plus doux que laine d’agneau pascal
O rivière écartelée je te mesure
comme un oiseau posé sur son ombre
Tu me reçois mon entrouverte d’une chère blessure
Et nous voici brûlants comme de folles branches
dans l’arbre de l’éclair
Tandis que tu dénoues ô déjà séparée
les lèvres les toisons
Je te regarde me quitter dans le ruissellement du sommeil
où tu t’éloignes en très secrets voyages
et je te suis et te rejoins dans le poème
femme en exode
ô plus que nue
colombe longuement heureuse de mourir

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CARLO MASONI

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ANTOINE CALBET

Oeuvre Antoine Calbet

PORTRAIT AVEC DES DONATEURS ...Extrait

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 Merci Thami

 

J'aime au linge associer la guêpe
Surtout si l'été fut clair et l'ombre striée
Par les fentes des volets. Le sang court plus vite
Dans les vaisseaux et on voit mieux les taches
Sur la peau des vipères. Même les ronces deviennent
Venimeuses, les femmes descendent vers la rive
Et regardent dans l'eau trembler leur corps
Parmi les peupliers. Le linge à cause des guêpes
Se fait ruche et guêpière, lacère les hanches,
Sur la mousse s'amoncelle et débordant des brouettes
Livre au courant ses taches, ses lunes, ses bouillons.

 

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 ROBERT MARTEAU

 

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bonnard2

 

Oeuvre Pierre Bonnard

 

FERNAND VERHESEN...Extrait

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Te voici dans l'air bleu
des forêts intérieures
Vivante aux courbes pures
du visible
Une étrange lumière
atteint le sol sauvage
nous sommes dans l'amitié
d'un espace sans nom
Prémices de douceur
entre mes paumes
Souffle soudain d'une abeille
tout langage renaît
Les mots oublient leur absence
un visage s'éclaire
Dans la voix survenue
le silence est sillages

 

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 FERNAND VERHESEN

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arabesque2

AMERIQUE

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à Carlos de Radzistky

(fragment)

Toute mon enfance a rêvé dans les atlas aux cartes hospitalières
J’y ai imaginé le dernier Mohican près de la case de l’Oncle Tom
J’ai vu les placers du Sacramento et les saloons où les femmes
crachent par terre
Et les cow-boys qui sucent en selle leur dernière goutte de rhum
Les chutes du Niagara, les abattoirs de Chicago, le pont suspendu
de Brooklyn
La lune de Chateaubriand sur les forêts bleues du Meschacebé
Les visages pâles au crépuscule couleur de crime et d’aubergine
Les cliquetis d’éperons quelque part dans l’Arkansas derrière des
troupeaux emballés
Les Indiens avec des plumes à effeuiller comme les marguerites
Les Indiens manieurs de tomahawk et chasseurs de têtes
Les forêts impénétrables de Gustave Aymard et de Mayne-Reid
Les Quakers barbus dans les villages tristes du Massachusetts
Les filles de milliardaires qu’on appelle Barbara ou bien Margaret
Les séquoias des montagnes rocheuses débités à la dynamite.
Rien de tout cela mon enfance et toi oùétais-tu oùétais-tu
Et les yeux du premier communiant et le sang rose de tes lèvres
Et les ramures de tes mains aux branches encore dans la sève
Vie infinitésimale confiée à quel aïeul inconnu !
Oùétais-je qui donc portait mon devenir étais-je
Comme le chêne tout entier vit déjà dans le moindre gland
Comme un peu de pollen contient des saules pour mille ans
Comme les nuages charrient déjà la blancheur éclatante des
neiges
Et toi ma mère au cœur si doux tu n’avais pas encore de cœur
Nous n’étions pas encore mais pourtant nous étions déjà au
monde
De siècle en siècle, d’heure en heure, de femme brune en femme
blonde
Nous fûmes ensemble et peut-être un doux vieillard aux mains de
labeur
Dans quelque village au bord du soir portait déjà nos cheveux
blancs.

 

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Robert GOFFIN

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carte de l'Amerique2

 

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