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Channel: EMMILA GITANA
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FRANKETIENNE...Extrait

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Ma terre refécondée de lumières couturières

au dépannage de l’aube un nouveau jour bourgeonne

tout autour de nos mains ouvrières

songes vivaces à fraîcheur de rosée

le néant poignardé d’astres incandescents

animant la magie de nos lampes intérieures.

 

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FRANKETIENNE

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tham12,

Photographie Thami Benkirane

benkiranet.aminus3.com

 

 


LA METAMORPHOSE DE NARCISSE...Extrait

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...

Narcisse, tu perds ton corps,
emporté et confondu par le reflet millénaire de ta disparition,
ton corps frappé de mort
descend vers le précipice des topazes aux épaves jaunes de l’amour,
ton corps blanc, englouti,
suit la pente du torrent férocement minéral
des pierreries noires aux parfums âcres,
ton corps…
jusqu’aux embouchures mates de la nuit
au bord desquelles
étincelle déjà
toute l’argenterie rouge
des aubes aux veines brisées dans « les débarcadères du sang ».

Narcisse,
comprends-tu ?
La symétrie, hypnose divine de la géométrie de l’esprit, comble déjà ta tête de ce sommeil inguérissable, végétal, atavique et lent
qui dessèche la cervelle
dans la substance parcheminée
du noyau de ta proche métamorphose.

...

 

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SALVADOR DALI

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la-metamorphose-de-narcisse-

Oeuvre Salvador Dali

DEMAIN

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Habiterons-nous mieux la terre
Si nos âmes horizontales
L’encerclent de barbelés
Et de credo aveugles au ciel ?

Habiterons-nous mieux la terre
Si nous l’ensorcelons de nos réseaux,
De nos marchés, de nos actions,
De nos raisons dernières ?

Habiterons-nous mieux la terre
Si nous croyons qu’un dieu asservit l’homme,
Ou bien l’argent,
Au point de l’obliger à tuer son frère ?

Habiterons-nous mieux la terre
Si l’espace est ferméà l’oiseau,
Notre coeur à l’étoile
Et si l’arbre ne tend plus ses branches aux frontières ?

Habiterons-nous mieux la terre
Si nul enfant ne la regarde plus
Avec ses yeux de mage, de roi, de poète ?

Habiterons-nous mieux la terre
Si nos veines nomades
Ne laissent plus couler en nous l’eau des rivières
Et si nous n’atteignons plus jamais la Mer ?

Habiterons-nous mieux la terre
Quand nous l’aurons laissée pour morte,
Incendiée et pillée,
Vidée de son mystère ?

Habiterons nous mieux la terre
Quand son chant ne nous parviendra plus
Quand nous serons sans astre,
Sans eau, sans lumière ?

Habiterons-nous mieux la terre
Quand nous la regarderons de haut,
Satellite affligé par notre commune misère ?

Habiterons-nous mieux la terre
Quand elle sera sans jardin pour célébrer
Sans clairières où nous retrouver,
Sans chemin pour nous souvenir ?

Habiterons-nous mieux la terre
Quand nous aurons oublié combien elle était belle
Quand nous la prenions entre nos bras
Comme au plus vif de nous-mêmes ?

Habiterons-nous mieux la terre
Quand nous ne l’aimerons plus comme nous aimions
Quand notre cœur battait à tout rompre
Sur son écorce charnelle ?

Habiterons-nous mieux la terre
Quand nous ne sèmerons plus,
Quand nous ne planterons plus,
Quand nous n’arroserons plus,
Quand nous ne verrons plus grandir en elle le Germe ?

Habiterons-nous mieux la terre
Quand la brûlure du soleil
Aura eu raison d’elle et de nous,
Quand elle n’aura plus la force d’échapper au désert ?

Habiterons-nous mieux la terre
                                                   Demain ?

 

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JEAN LAVOUE


http://www.enfancedesarbres.com

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JEAN LURçAT PAR GERALD BLONCOURT

Oeuvre Jean Lurçat, photographiée par Gérald Bloncourt

JE NE SAIS PLUS, JE NE VEUX PLUS

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Je ne sais plus d'où naissait ma colère ;
Il a parlé... ses torts sont disparus ;
Ses yeux priaient, sa bouche voulait plaire :
Où fuyais-tu, ma timide colère ?
Je ne sais plus.

Je ne veux plus regarder ce que j'aime ;
Dès qu'il sourit tous mes pleurs sont perdus ;
En vain, par force ou par douceur suprême,
L'amour et lui veulent encor que j'aime ;
Je ne veux plus.

Je ne sais plus le fuir en son absence,
Tous mes serments alors sont superflus.
Sans me trahir, j'ai bravé sa présence ;
Mais sans mourir supporter son absence,
Je ne sais plus !

 

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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

 

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PISTACHES ET ROUDOUDOUS

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Un jour
la raison a fait son baluchon
Hop, j'prends la route, j'bats le goudron
Elle a dit j'me casse, c'est fatigant la vie d'ici
Tempête, pistaches et roudoudous
j'veux m'amuser
serrer la main des fous
paraît qu'ils ont un vin de derrière les fagots
(ça sent le souffre !)
Des bonshommes en costume lui ont demandé si elle avait le droit
Mais les gars !
J'ai toujours raison,
c'est ça qui est bien la force du nom, vous savez
Elle a fait du chemin loin loin
dans la gadoue, sur les montagnes
Elle a trouvé des farfelus
partout ils tiraient une bière rose fermentée sous acides
Bigre ! ça décoiffe !
Elle commençait à retrouver du sens aux choses
(ses sens ?)
Elle a sauté dans une pirogue gréée par un taiseux
traversé des vents qui sentaient l'anis
Il n'avait même pas peur, le bougre, mais elle, si
Oh la la ! Pas raisonnable tout ça, a-t-elle pensé
mais qu'est-ce qu'on s'marre !
Elle fait des tours et détours au manège de la Terre
Elle a eu mal au coeur
(ah, ben si, elle en avait un finalement)
Elle a ri
(les zygomatiques au travail, ça déchire !)
Elle a pleuré
(des litres !)
et puis elle est rentrée
Elle a retrouvé son salon tout p'tit
ses pantoufles toutes serrées
son lit tout mou
et elle a dit Ohé les gars !
J'connais bien mieux qu'tout ça !
Venez on s'casse, pistaches et roudoudous
On tape la route, on change de nom
on va boire un canon et siffler des chansons
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LEILA ZHOUR
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roudoudous

LE TEMPS QUI RESTE

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Combien de temps...
Combien de temps encore
Des années, des jours, des heures, combien ?
Quand j'y pense, mon coeur bat si fort...
Mon pays c'est la vie.
Combien de temps...
Combien ?

Je l'aime tant, le temps qui reste...
Je veux rire, courir, pleurer, parler,
Et voir, et croire
Et boire, danser,
Crier, manger, nager, bondir,désobéir
J'ai pas fini, j'ai pas fini
Voler, chanter, partir, repartir
Souffrir, aimer
Je l'aime tant le temps qui reste

Je ne sais plus où je suis né, ni quand
Je sais qu'il n'y a pas longtemps...
Et que mon pays c'est la vie
Je sais aussi que mon père disait :
Le temps c'est comme ton pain...
Gardes-en pour demain...

J'ai encore du pain
Encore du temps, mais combien ?
Je veux jouer encore...
Je veux rire des montagnes de rires,
Je veux pleurer des torrents de larmes,
Je veux boire des bateaux entiers de vin
De Bordeaux et d'Italie
Et danser, crier, voler, nager dans tous les océans
J'ai pas fini, j'ai pas fini
Je veux chanter
Je veux parler jusqu'à la fin de ma voix...
Je l'aime tant le temps qui reste...

Combien de temps...
Combien de temps encore ?
Des années, des jours, des heures, combien ?
Je veux des histoires, des voyages...
J'ai tant de gens à voir, tant d'images..
Des enfants, des femmes, des grands hommes,
Des petits hommes, des marrants, des tristes,
Des très intelligents et des cons,
C'est drôle, les cons ça repose,
C'est comme le feuillage au milieu des roses...

Combien de temps...
Combien de temps encore ?
Des années, des jours, des heures, combien ?
Je m'en fous mon amour...
Quand l'orchestre s'arrêtera, je danserai encore...
Quand les avions ne voleront plus, je volerai tout seul...
Quand le temps s'arrêtera..
Je t'aimerai encore
Je ne sais pas où, je ne sais pas comment...
Mais je t'aimerai encore...
D'accord ?

 

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JEAN-LOUP DABADIE

SERGE REGGIANI

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NOUS LE TROUVERONS CE PAYS

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Je te le dis comme le vent respire

Nous le trouverons ce pays

Où la plus simple liberté

Réinvente la vigne

 

Le vendangeur ne touche pas le sol

Mais sa folie nous accompagne

Et pour l'espace nous marchons

A la vitesse de nos rêves

A la violence de notre pas.

 

 

Rêver commence au bout du champ

Le laboureur est plus étoilé que poussière

 

Un cheval meurt

Une rivière enfantine s'endort

Et l'on comprend toute la fatigue de l'eau.

 

Une avancée de plus vers celle qui m'entoure

Et le village sera femme

Avec église sur les yeux

Sur les lèvres le jardin pour sarcler la parole

 

La fontaine brûle au milieu

Mais le feu a les voyelles de l'eau.

 

 

Cette femme aux frontières

De l'air et de l'eau

 

Ne porte sur elle

Que l'étincelle de sa bouche

 

Au jour des déchirures

Elle embrassera les châteaux

 

Les rois comprendront que le feu

Est le royaume des pauvres.

 

 

Lumineuse amitié

Le matin prend les peupliers

Par le cou

J'endosse le silence

Comme un manteau sans couture

 

Et pour l'embrasement de mes pas

Toujours m'en vais vers ce qui brûle.

 

 

Nous serons toujours plus grands que les arbres

Nos fruits nous ressemblent

Et quand par malheur ils tombent

C'est le bruit d'un cœur qui se brise

Savez-vous que la terre en tremble ?

 

 

Au pays ensemencé d'orages

Une fille qui danse éparpille la pluie

 

Le ruissellement sur les hanches

Annonce le premier éclair

 

L'amour nous brise

Comme une foudre dans la chair.

 

 

 

Un peu d'eau sur tes lèvres

Pour la douceur de me parler

 

Quand aimer demande la pluie

La sécheresse nous craquelle.

 

Faut-il si peu d'espace

Pour brûler tant et tant

Si peu d'espace encore

Pour que le corps s'en aille

 

L'absence est à notre taille

Et le feu notre seul enfant.

 

 

Entre son ombre et sa famille

Un homme parallèle au blé

 

La tige au vent se brise

Mais les moissons n'ont pas de prix

 

 

Celui que l'on fusille

Aura la vision sans limite

 

Les siens comprendront-ils

La prophétie des yeux bandés ?

 

 

On fit un cercle autour de lui

Pour que le feu nous soit plus proche

 

Se savait-il au centre de la terre

Quand nous le prenions par la main

 

Le poème qu'il nous a lu

Ouvrit tout grand notre frontière

 

Si lui se souleva

Il nous restait le monde et les confidences du feu.

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MARC BARON

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van_gogh_bles_jaunes_

Oeuvre Vincent Van Gogh

EN PAYS DE VERTIGE...Extrait

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...

Ne parle pas. Ne parle pas. Ne parle pas.

L'air va fleurir. C'est un bouquet triste

Vite fané. Sois prêt, le mur va s'ouvrir

Et tu verras le versant de l'autre monde.

 

Chacun s'en va selon son rythme

Avec un air de danse dans la tête,

La réalité dans les bras. Chacun est

Heureux, chacun est triste des mêmes choses.

 

La route est pleine de chansons inouïes

Et le cœur de fleurs saccagées.

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JEAN MALRIEU

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tham8,

Photographie Thami Benkirane

benkiranet.aminus3.com/

 


LA PETITE FILLE

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Sa peau rougie par l'exaltation et l'émotion laisse deviner sa fragilité, les papillons l'escortent. Une couronne d'herbes folles la fait reine et déesse antique elle devient, drapée d'une étoffe blanche . De trop grandes ballerines argentées ne lui appartenant pas l'obligent à freiner son pas, elle porte le collier de perles vertes qu'elle a confectionné avec soin et y a insérer une perle orange, sa couleur préférée. C'est sa signature vitaminée. . . Elle invente une chorégraphie devant le miroir de la petite armoire en noyer et se salue bien bas, non sans avoir déclamé dans le désordre, des mots inadaptés à la situation . Elle court dans le jardin retrouver l'inspiration, évite le chat qui dort, indifférent à cette agitation. Elle pose des pansements de couleurs sur les cicatrices des arbres abimés et ramasse des cailloux, trésors aux facettes brillantes, forcément trés rares, qu'elle ramènera du pays de ses vacances . Vivre intensément le présent, jouir d'une liberté différente, ailleurs, est son cadeau le plus apprécié .
Une envie de chocolat la sort de son univers, la voilà qui déboule dans la cuisine et exprime son souhait. Assise sur le pas de la porte , elle déguste sa gourmandise, pieds nus, ses chaussures l'ayant abandonnée plus tôt , et sa couronne bat de
l'aile. Jurer, que dans peu de temps elle réalisera un nouveau scénario !!!!
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JOSIANE
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JOSS

DES CLES ET DES SERRURES...Extrait

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 " Dans la structure imaginaire privilégiée que constitue la maison, Gaston Bachelard attribuait un rôle fondamental au grenier et à la cave. A la maison toute de plain-pied, comme à l’appartement qui en est l’équivalent, il manque une dimension importante, la dimension verticale avec l’acte de monter et de descendre qui lui correspond. Cette dimension verticale, c’est l’escalier qui la matérialise, et plus particulièrement ces deux escaliers antithétiques et complémentaires : celui qui descend à la cave et celui qui monte au grenier, car, notez-le bien, on descend toujours à la cave, et on monte toujours au grenier, bien que la logique la plus élémentaire exige aussi l’opération inverse.
Or, si ces deux escaliers ont en commun un certain mystère et l’inconfort de leur raideur, ils possèdent des qualités bien différentes par ailleurs. Le premier est de pierre, froid, humide, et il fleure la moisissure et la pomme blette. L’autre a la sèche et craquante légèreté du bois. C’est qu’ils anticipent chacun sur les univers où ils mènent, lieu d’obscurité et de durée épaisse, maturante et vineuse de la cave, ciel enfantin et poussiéreux du grenier où dorment le berceau, la poupée, le livre d’images, le chapeau de paille enrubanné.
Oui, c’est bien cela : l’escalier est anticipation du lieu où il mène, et cette anticipation atteint son degré le plus ardent lorsqu’il monte de la salle du tripot à la chambre de passe et s’emplit des balancements d’une robe outrageusement échancrée et parfumée.
On devrait instituer une société protectrice des escaliers. L’architecture misérabiliste qui les supprime ou les réduit à la portion congrue est déplorable. Les tours gigantesques se condamnent elles-mêmes en rendant invisibles les ascenseurs, ces ludions funèbres, ces cercueils verticaux et électriques. Une vieille loi de l’urbanisme, ou de l’urbanité ? voulait qu’une volée de marches n’excédât pas le nombre de vingt et un d’un palier à l’autre. C’était la mesure humaine. Il est vrai qu’il y a aussi l’escalier inutile, absolu, monumental et solennel. Celui-là ne connaît pas de mesure. Maître de la maison, il exige souverainement ces deux choses que le monde moderne tend de plus en plus à nous refuser : l’espace et l’effort.
L’espace, le grand escalier d’apparat, déployé comme un vaste éventail, le dévore à belles dents. Dans un palais, il revendique le principal, le centre, il rêve visiblement de tout prendre, d’envahir la totalité du volume intérieur. Il nous suggère de vivre sur ses marches, de dormir sur ses paliers. Et il prend tout en effet sur la scène du Casino de Paris ou des Folies Bergère lorsqu’il étale, comme un immense et profane reposoir, les chairs les plus avenantes, somptueusement déshabillées.
Mais monter un escalier est dur, le descendre périlleux. Qui ne se souvient du cri de défi de Cécile Sorel au terme du dangereux exercice que lui imposaient sur scène ses falbalas et ses cothurnes de strass : « L’ai-je bien descendu ? »"

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MICHEL TOURNIER

 

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orange

LA CENTAINE D'AMOUR...Extrait

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" Ces fleurs brusques avec des eaux et des menaces,
ce pavillon pris dans les tourments de l’écume,
ces rayons de miel et ces récifs incendiaires
sont devenus la paix de ton sang dans le mien,
une couche d’étoiles et bleue comme la nuit
et la simplicité sans fin de la tendresse. "

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PABLO NERUDA

 

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petermitchev

Oeuvre Peter Mitchev

 

 

NOUVEAUX POEMES...Extrait

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Empoisonnée, ensanglantée, minée,
Emprisonnée, calcinée, meurtrie,
Tu implores, Terre, en criant
De toutes tes racines- veines,
De tous tes fleuves et rivières,
L’Homme-l’ingrat,
D’arrêter tous ses crimes,
De te laisser continuer
Les chants de tes épopées
Portés par tes échos,
Entre monts et vallées,
Entre labours et cimes,
Entre grottes et forêts !

Pourtant, tu lui offres encore
Ton eau qu’il assassine,
Tes arbres qu’il élimine !
Pourtant, tu coules encore
Roucoules, ton corps asphyxié,
En tes chemins de fleurs,
En tes rires de mer, en tes aires,
En tes champs, en tes déserts, rêveuses dunes !

Pourtant, ses impitoyables gaz brûlent encore tes pleurs !
L’ingrat rend de ses dards d’acier et de haine
Ton voyage d’amour impossible !
Terre ravagée, tu es son lâche trophée, sa cible !
Il ne sait que te violer, t’estropier, te polluer,
Bourreau aux bras pestilentiels,
Aux flammes de fiel !

Pourtant, tu lui offres encore
Ton sang, tes fruits, ton miel,
Tout l’argent, tout l’or de ton généreux ciel !

 

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© MOKHTAR EL AMRAOUI

 

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TCHOBA NIMBUS CIRCLE,

Oeuvre Tchoba

http://fr.upside-art.com/artists/009873-tchoba

 

 

PERSONNE NE QUITTE SA MAISON...

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Personne ne quitte sa maison à moins
Que sa maison ne soit devenue la gueule d’un requin
Tu ne cours vers la frontière
Que lorsque toute la ville court également
Avec tes voisins qui courent plus vite que toi
Le garçon avec qui tu es allée à l’école
Qui t’a embrassée, éblouie, une fois derrière la vieille usine
Porte une arme plus grande que son corps
Tu pars de chez toi
Quand ta maison ne te permet plus de rester.
Tu ne quittes pas ta maison si ta maison ne te chasse pas
Du feu sous tes pieds
Du sang chaud dans ton ventre
C’est quelque chose que tu n’aurais jamais pensé faire
Jusqu’à ce que la lame ne soit
Sur ton cou
Et même alors tu portes encore l’hymne national
Dans ta voix
Quand tu déchires ton passeport dans les toilettes d’un aéroport
En sanglotant à chaque bouchée de papier
Pour bien comprendre que tu ne reviendras jamais en arrière
Il faut que tu comprennes
Que personne ne pousse ses enfants sur un bateau
A moins que l’eau ne soit plus sûre que la terre-ferme
Personne ne se brûle le bout des doigts
Sous des trains
Entre des wagons
Personne ne passe des jours et des nuits dans l’estomac d’un camion
En se nourrissant de papier-journal à moins que les kilomètres parcourus
Soient plus qu’un voyage
Personne ne rampe sous un grillage
Personne ne veut être battu
Pris en pitié
Personne ne choisit les camps de réfugiés
Ou la prison
Parce que la prison est plus sûre
Qu’une ville en feu
Et qu’un maton
Dans la nuit
Vaut mieux que toute une cargaison
D’hommes qui ressemblent à ton père
Personne ne vivrait ça
Personne ne le supporterait
Personne n’a la peau assez tannée
Rentrez chez vous
Les noirs
Les réfugiés
Les sales immigrés
Les demandeurs d’asile
Qui sucent le sang de notre pays
Ils sentent bizarre
Sauvages
Ils ont fait n’importe quoi chez eux et maintenant
Ils veulent faire pareil ici
Comment les mots
Les sales regards
Peuvent te glisser sur le dos
Peut-être parce leur souffle est plus doux
Qu’un membre arraché
Ou parce que ces mots sont plus tendres
Que quatorze hommes entre
Tes jambes
Ou ces insultes sont plus faciles
A digérer
Qu’un os
Que ton corps d’enfant
En miettes
Je veux rentrer chez moi
Mais ma maison est comme la gueule d’un requin
Ma maison, c’est le baril d’un pistolet
Et personne ne quitte sa maison
A moins que ta maison ne te chasse vers le rivage
A moins que ta maison ne dise
A tes jambes de courir plus vite
De laisser tes habits derrière toi
De ramper à travers le désert
De traverser les océans
Noyé
Sauvé
Avoir faim
Mendier
Oublier sa fierté
Ta survie est plus importante
Personne ne quitte sa maison jusqu’à ce que ta maison soit cette petite voix dans ton oreille
Qui te dit
Pars
Pars d’ici tout de suite
Je ne sais pas ce que je suis devenue
Mais je sais que n’importe où
Ce sera plus sûr qu’ici

 

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WARSAN SHIRE

( Poétesse somalienne)

 

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tham45

Photographie Thami Benkirane

http://www.http://benkiranet.aminus3.com/

 

 

PAJARITA DE PAPEL

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Pajarita de papel


«¡ Oh pajarita de papel!
Águila de los niños.
Con las plumas de letras,
sin palomo
y sin nido.

Las manos aún mojadas de misterio
te crean en un frío
anochecer de otoño, cuando mueren
los pájaros y el ruido
de la lluvia nos hace amar la lámpara,
el corazón y el libro.

Naces para vivir unos minutos
en el frágil castillo
de naipes que se eleva tembloroso
como el tallo de un lirio.
y meditas allí ciega y sin alas
que pudiste haber sido
el atleta grotesco que sonríe
ahorcado por un hilo,
el barco silencioso sin remeros ni velamen,
el lírico
buque fantasma del miedoso insecto,
o el triste borriquito
que escarnecen, haciéndolo Pegaso,
los soplos de los niños.

Pero en medio de tu meditación
van gotas de humorismo.
Hecha con la corteza de la ciencia
te ríes del Destino,
y gritas: "Blanca Flor no muere nunca,
ni se muere Luisito.
La mañana es eterna, es eterna
la fuente del rocío"

Y aunque no crees en nada dices esto,
no se enteren los niños
de que hay sombra detrás de las estrellas
y sombra en tu castillo.

En medio de la mesa, al derrumbarse
tu azul mansión, has visto
que el milano te mira ansiosamente:
"Es un recién nacido.
una pompa de espuma sobre el agua
del sufrimiento vivo"

Y tú vas a sus labios luminosos
mientras ríen los niños,
y callan los papás, no se despierten
los dolores vecinos.

Así pájaro clown desapareces
para nacer en otro sitio.
Así pájaro esfinge das tu alma
de ave fénix al limbo. »

 

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FEDERICO GARCIA LORCA

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COCOTTES

COCOTTE EN PAPIER

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Cocotte en papier !
Aigle des enfants,
Aux plumes de lettres,
Sans nid,
Sans ami.

Des doigts encore trempés de mystère
Te font naître en un froid
Crépuscule d'automne, alors que meurent
Les oiseaux et que le bruit de la pluie nous fait aimer la lampe,
Le cœur et le livre.

Tu ne vis que quelques minutes
Dans le frêle château
Des cartes qui s'élève en chantant
Comme la tige d'un lys,
Là, sans yeux et sans ailes, tu songes
Que tu aurais pu être
L'acrobate grotesque qui sourit
Pendu à un fil,
La silencieuse nef sans rameurs ni voilure,
Le lyrique
Vaisseau-fantôme du craintif insecte
Ou bien le triste petit âne
Dont le souffle moqueur des enfants
Fait un nouveau Pégase.

Mais au milieu de ta méditation
Tu mets un grain d'humour
Faite d'écorce de la science
Tu te ris du destin
Et cries : "Jamais ne meurt Blanche-Neige
Ni le Petit Poucet.
Eternel est le matin, éternelle
La source de la rosée."

Tu le dis, bien sûr, sans en croire un mot,
C'est pour que les enfants ignorent
Qu'il fait de l'ombre au-delà des étoiles,
De l'ombre dans ton château.

Au milieu de la table, quand s'écroule
Ton nid bleu, tu as remarqué
Le milan qui te guette avidement :
C'est un nouveau-né,
Fleur d'écume sur l'eau
De la souffrance humaine.

C'est ainsi, oiseau-clown, que tu finis
Pour renaître ailleurs.
C'est ainsi, oiseau-sphinx, que tu rends ton âme
D'oiseau-sphinx aux limbes.

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FEDERICO GARCIA LORCA

 

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origami

 

 

 

 


LA MORT EST UNE ILLUSION

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La mort est une illusion. On ne meurt pas mais on naît de différente manière. On naît dans le renouveau total, ce qui donne l'impression d'une rupture nommée mort. Chaque fois que le renouveau est profond, chaque fois que le renouveau est total, la mort est le premier mot qui vient pour décrire cette naissance radicale. La naissance radicale elle-même est une sorte de mort, c'est-à-dire un changement, une renaissance qui brise les limites stagnantes de la finitude, de la saturation. La mort offre à la conscience un voyage interne dans la conscience de la renaissance, dans la conscience de l'infini. La mort vient pour changer la saturation en promesse de renouvellement. La naissance qui ne désire pas la mort ne désire pas la plénitude. La conscience qui renie la mort est une conscience qui se replie sur la stagnation et la finitude, et qui, par conséquent, meurt sans renaître, elle meurt dans la négation de la renaissance, elle vit dans la mort négative. La mort réelle, celle qui répond sémantiquement et ontologiquement à ce qu’on désigne par fin de la vie, est la mort qui s’est limitée à la mort telle qu’on la conçoit tragiquement dans la finitude. Elle est donc une mort définitivement mourante, une mort définitivement dé-naissante, une mort définitivement périclitante et tragique.

Il y a la mort tragique et il y a aussi la vie tragique. Cette dernière se définit de la même manière que la mort dans ses limites résistantes. La vie tragique est celle qui nie la vie dans son ouverture renaissante, celle qui habite les eaux stagnantes et puantes de la résistance au renouveau. La vie qui s’est limitée fatalement à son idée terminale, à la négation de la renaissance, n’est pas différente de la mort qui s’est limitée à l’idée liminale de la mort. La vie en elle-même, la vie profondément assumée dans l’élan de la renaissance, ne saurait supporter la mort tragique qui est un pur mensonge sur la conscience qui devient, sur la conscience qui désire et se désire, sur la conscience qui pense et se pense, celle qui rêve, celle qui crée… Toutes ces facultés exceptionnelles et proposantes, toutes ces facultés foncières et transcendantes, qui sont propres à la vie pour la mettre sur la liminalité ouverte sont aussi celles de la mort. Il y a la mort qui rêve, il y a celle qui crée et désire. Il y a la mort qui se pense et qui voyage dans la conscience positive de l’ouverture.

La mort tragique est une illusion. La vie réduite à la mort est une illusion. Rien ne réduit la vie et rien ne réduit non plus la mort. Rien ne réduit la vie à la mort et rien ne réduit la mort à la vie. La réduction est une illusion. La réduction est une invention déviée, une fausse implication, une fausse intrication. Il faut vivre pleinement la renaissance pour transformer et la vie et la mort. Et surtout pour les situer toutes les deux sur le diapason de l’ouverture et de l’intrication positives, sur le diapason de la plénitude.

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© MONSIF OUADAÏ SALEH, 2016

 

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nath magrez

Photographie Nathalie Magrez

 

 

 

 

 

 

 

ABDELWAHAB MEDDEB

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...

« le monde est un tissu d'épiphanies
toute chose visible porte en elle
les traces de l'Invisible
voir c'est déchiffrer pour interpréter
l'esprit fouille ce que l'oeil reçoit
il perçoit plus que l'offre du regard
toute face tout paysage est enveloppé d'un halo
où grouillent les atomes au-delà des sens
et ces atomes emplissent le champ
au-dedans de traits et des rides
et des tics qui animent les visages
comme à la surface des mers
à la furtive levée du sable »

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ABDELWAHAB MEDDEB

 

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PHILIPPE LE FERRAND

Photographie Philippe Le Ferrand

 

 

TITI ROBIN - LA PETITE MER

SABLE MOUVANT

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Et le chanteur d'amour
Embrouillé dans les feuilles
Roucoule pour l'oreille sourde
qui l'accueille
La chanson d'un cœur d'or
Plus lourde que du plomb

Et les dates aussi se sont éparpillées
Dans les gouffres de l'atmosphère
Les chiffres plus vite brouillés
Entre les rides sèches de la terre
Dans tous les recoins des visages
Nuages de l'enfer arrêtés au passage
Je glisse sur la palissade
Par-dessus les feuillards et les épis de blé
Flatté par le ronron trop doux de ma paresse
Bercée dans ma prison
Comme un refrain d'amour

Mais il y a quelque chose qui grince
Dans les chevilles
Qui joignent plutôt mal
La charpente des jours

Plus fort que l'ouragan
qui courbe le fil d'herbe
Qans les crevasses chargées d'eau
Plus haut que le splendide cintre de l'orage
Au summum de son numéro

Quand la houle se met à rincer durement la coque des navires
Et le vent à pincer la harpe des agrès
         Je m'en irai plus bas
         Peut-être à la dérive
         Vers un autre côté
Ou bien je laisserai tomber les gouttes d'or dans la poussière

Ou bien j'irai mourir
Dans un creux de la nuit
Ou bien j'irai laver mon cœur dans la rivière
Comme un linge souillé des rigueurs du destin


Mais si le sort permet encore que je m'attarde
Pour perdre
Pour gagner
Au hasard des chemins
Ce qu'il faut pour sourire
Et attendre le sang
Du jour au lendemain
Alors
         Je prie le ciel
Que nul ne me regarde
Si ce n'est au travers d'un verre d'illusion
Retenant seulement
Sur l'écran glacé d'un horizon qui boude
Ce fin profil de fil de fer amer
si délicatement délavé
par l'eau qui coule
les larmes de rosée
les gouttes de soleil
les embruns de la mer


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PIERRE REVERDY

 

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tham53,

Photographie Thami Benkirane

http://benkiranet.aminus3.com/

MALGRE LES ÂPRES TRAVERSEES...

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Malgré les âpres traversées de la nuit organique
lors de la mort de nos chevaux fous
nos amours à l’encan et nos corps disgraciés
nous aurions pu errer muets et las
balayant incertains le bitume des villes
de nos ombres inachevées

Pourtant
chaque matin nous enlaçons l’air frais
Nous posons notre joue sur le souple oreiller du vent
et c’est notre manne
Chaque goutte de pluie est désir sur nos mains tendues
Chaque trouée est route ronde ouverte
Chaque maison est ruche
et les fruits sur nos lèvres sont les plus mûrs

Nos épaves intérieures n’étoufferont jamais le chant des oiseaux

 

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FRANCIS ROYO

 

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Bernard Liegeois

Oeuvre Bernard Liegeois

http://www.bernardliegeois.com

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