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Channel: EMMILA GITANA
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LES INTERROGATIONS DE STAGGER LEE...Extrait

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Enfants de la cupidité, héritiers du pillage,
ils touchent à la fin de leur voyage .
c’est surprenant qu’ils y touchent sans s’étonner,
comme s’ils étaient eux-mêmes devenus
cette terre brûlée et profanée,
le buffle abattu, les tribus massacrées,
à l’infini la plaine vierge gorgée de sang,
la famine, le silence, le regard des enfants,
le meurtre maquillé en délivrance, aguichant
l’oeil démocratique,
et bouches de la vérité et de l’angoisse bâillonnée
l’ivresse du viol dans le parfum du magnolia,
le fruit de leurs entrailles haché menu,
hé ! fils et neveux noirauds, nièces cuivrées,
et la noire queue de Tom tranchée
pour froufrouter sous la crinoline,
pour pendre, le plus lourd des bijoux de famille,
entre les seins crayeux et rosés
de la femme du Grand Homme,
ou pour être cousue à la ceinture
de la chienne créole ou de la nièce tel
un bout de satin noir et brillant,
lorgnant, lorgnant comme l’unique oeil de Dieu .
l’espèce brûle de recréer un temps
où nous étions capables de reconnaître un crime.

 

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JAMES BALDWIN

 

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CHRISTAN CAROLINA

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


C'EST UN AMOUR

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Ce n'est pas un amour qui se dit,

c'est un amour qui se contente d'être,

à l'abri des regards,

des espoirs,

c'est un amour qui a la force de la pierre

et qui est gracile comme les ailes d'un rêve,

c'est un amour que jamais mes lèvres n'énonceront,

qui restera scellé en moi,

qui vivra en moi en dépit de moi,

je n'y peux rien,

c'est un amour qui me fait croire que Dieu existe

et que je suis ta créature,

c'est un amour qui est bleu comme les jeux de mes enfants

ou comme les vagabondages du crépuscule,

c'est un amour qui m'avoue que tu me dictes chaque page,

chaque lettre d'une vie dont je crois être l'auteur,

c'est un amour qui ne se découvrira jamais au grand jour,

qui préfère le plein soleil de l'absence,

c'est un amour dont j'ignore tout

car il s'est caché dans les anfractuosités de ma mémoire maladive,

c'est un amour qui me sermonne les mots les plus intrépides

quand je suis las d'écrire,

c'est un amour dont je sais tout

car il est le compagnon des exils de mon souffle,

c'est un amour qui m'apprend à m'aimer

alors que j'ai peine à me tolérer,

c'est un amour qui survivra à ta mort

car il ne requiert guère que tu existes pour subsister,

c'est un amour qui se moque des palabres du désir,

c'est un amour qui ne te demande rien,

moins que rien,

seulement d'induire la musique de mes poèmes,

c'est un amour qui se déploie en un nombre infini de miroirs

qui s'altèrent selon tes métamorphoses et mes déchirures,

c'est un amour qui est toi alors que je ne suis rien.

 

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UMAR TIMOL



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CHRISTAN CAROLINA

JULES SUPERVIELLE...Extrait

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Saisir quand tout me quitte,
Et avec quelles mains
Saisir cette pensée,
Et avec quelles mains
Saisir enfin le jour
Par la peau de son cou,
Le tenir remuant
Comme un lièvre vivant ?
Viens, sommeil, aide-moi,
Tu saisiras pour moi
Ce que je n’ai pu prendre
Sommeil aux mains plus grandes.

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JULES SUPERVIELLE

 

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TCHOBA C

Oeuvre Tchoba

http://www.tchoba.com

 

JE T'ATTENDS

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je t'attends aux grilles des routes
aux croisées du vent du sommeil
je crie ton nom au fond des soutes
des marécages sans oiseaux
du fond de ce désert de fonte
où je pose un à un mes pas

j'attends la source de tes bras
de tes cheveux de ton haleine
tu es terrible tu m'enchaînes
tu me dévastes tu me fais

je t'attends comme la forêt
inextricable enchevêtrée
tissée de renards et de geais
mais que le matin fait chanter.

 

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LUC BERIMONT

 

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agnes

EXIL

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Les mains plus nues qu'à ma naissance et la lèvre plus libre, l'oreille à ces coraux où gît la plainte d'un autre âge,
Me voici restituéà ma rive natale… Il n'est d'histoire que de l'âme, il n'est d'aisance que de l'âme.
Avec l'achaine, l'anophèle, avec les chaumes et les sables, avec les choses les plus frêles, avec les choses les plus vaines, la simple chose, la simple chose d'être là, dans l'écoulement du jour…
Sur des squelettes d'oiseaux nains s'en va l'enfance de ce jour, en vêtement des îles, et plus légère que l'enfance sur ses os creux de mouette, de guifette, la brise enchante les eaux filles en vêtement d'écailles pour les îles… "

 

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SAINT-JOHN PERSE

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Giuseppe Casciaro

Oeuvre Giuseppe Casciaro

JOURNAL D'UN MARIN...Extrait

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"Ce n'est pas encore l'aube dans la maison
La nostalgie est couchée à mes côtés.
Elle dort, elle reprend des forces,
Ca fatigue beaucoup la compagnie
D'un nègre rebelle et romantique.
Elle a quinze ans, ou mille ans,
Ou elle vient seulement de naître
Et c'est son premier sommeil
Sous le même toit que mon cœur.

Depuis quinze ans ou depuis des siècles
Je me lève sans pouvoir parler
La langue de mon peuple,
Sans le bonjour de ses dieux païens
Sans le goût de son pain de manioc
Sans l'odeur du café du petit matin.
Je me réveille loin de mes racines,
Loin de mon enfance,
Loin de ma propre vie.

Depuis quinze ans ou depuis que mon sang
Traversa en pleurant la mer
La première vie que je salue à mon réveil
C'est cette inconnue au front très pur
Qui deviendra un jour aveugle
A force d'user ses yeux verts
A compter les trésors que j'ai perdus."

 

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RENE DEPESTRE

 

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Edith_e_Rene_Depestre_com_Pablo_Neruda_e_Delia_del_Carril_-_copie

Edith et Rene Depestre, Pablo Neruda et Delia del Carril

 

PLUS DE MOTS, PLUS DE VERBE

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On a trop dit d'insignifiances
trop infligé de faux poètes
trop loué ce qui luit, caressé le paraître
noué d'éloges trop de gorges
trop chanté tous ceux qui enseignent
trop enseigné ceux qui déchantent.

Mais, bon Dieu, que remontent
les rumeurs enfouies et les jurons
du vent sur l'incendie,
l'orage en fuite ou ce silence
de la vague océane avant l'écrasement!

 

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YVES HEURTE

 

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Cristina-Torres-Oil

Oeuvre Cristina Torres

 

YVES HEURTE...Extrait

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Dans la nuit, que pense la feuille,
toute dernière feuille morte
en attendant qu'un vent la cueille
le vent du nord qui tout emporte?

Que pense l'exilé quand partent
les soldats qui ont tout détruit,
l'exilé qui ferme sa porte
et jette ses clefs dans le puits?

Que pense la feuille sur l'arbre
quand passe cet homme, qui parle
seul et marche seul, l'exilé
dont le vent ronge les souliers?

Mais l'homme a regardé la feuille
comme lui, toute démunie,
il monte à l'arbre et puis la cueille
en souvenir de son pays.

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YVES HEURTE

 

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ismail shammout

Oeuvre Ismail Shammout, peintre palestinien


YVES HEURTE...Extrait

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De tous les pieux voyages,

ceux du pays d'enfance me semblent seuls sérieux.

L'ombre mystérieuse du prunier sur un champ

vaut bien un glacier dans les Andes,

le petit banc trop bleu dans l'école déserte,

le trône d'Ayos Nicolaos sur le perchoir de sa falaise.

Si je devais un jour perdre toute mémoire qui sait si je ne donnerais pas la neuvième symphonie

pour le violon solo d’un grillon dans le soir ?

 

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YVES HEURTE

 

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chatscompiegne,Oeuvre ?

 

 

 

 

A YVES HEURTE

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Le mot frère existe-t-il
    Sans qu'on l'habille d'un drapeau ?
    J'appelle camarade
    Le pain nu sur la table
    Où chacun prend sa croûte.
    Les étoiles sont mes sœurs.
    Les arbres sont mes oncles.
    La sève au bout des branches
    Nous parle des racines.
    Je lis les lignes de la main
    Tout au bout d'un moignon.

    Tout homme prend naissance
    D'une blessure d'enfance.
    Ceux qui se croient de pierre
    Ont peur des pétales.
    Ils ferment l'horizon
    Aux abeilles de l'aube.

    Je ne coupe plus un lys
    Sans entendre son cri.
    Je ne fais plus mon pain
    Sans remercier la terre.
    Je parle pour la pluie
    Quand les nuages ont soif.

 

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JEAN-MARC LAFRENIERE

13 novembre 2004

http://www.francopolis.net/francosemailles/yvesheurte.htm

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AGNES,

BOUTHAÏNA AZAMI

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Monde de certitudes. Inconciliables. Où la censure prend d’insoupçonnables visages. Plus hideux les uns que les autres. Je n'en ai pas pour autant perdu mon âme d'enfant. J'irai en semer la rosée en terre autre, avant que ne m'use cette solitude que je braque, plus que jamais, vain bouclier contre une indécence grandiloquente qui, chaque jour, me saute au visage. L'innocence n'est jamais qu'un défi. Que je ne perdrai pas.

 

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BOUTHAÏNA AZAMI

 

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CLAIRE GOTHIE2

Photographie Claire Gothié

DANS LES VOIX DU POEME

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Dans les voix du poème, le silence des pauvres
Voix des brumes
Au pieds des feux
Sur la mer
L'âme des marins morts
Aile de vague douce
Chant lointain des eaux vives
Lever de lune sous un ciel d'or
Vaisseau fantôme
Hommes de flammes
Rire des enfants d'Alep
Aux chars abandonnés
Houles et vents
Réinventent les gris
Pour des nuages qui dansent
Table de roses et de lumières
Pétales embarqués
Rêve d'un soir flouté
Tremblant de deviner le chant du monde
Voix des chimères
Voix réfractaire voix solaire
Voix blanche voix caverneuse
Dire des maux simples
Des mots pour tous
Les damnés de la Terre
Difficiles à trouver
Les mots légers pour dire le lourd
Des mots d'écume pour les abysses
De petites fleurs de terril
Pour la vie sacrifiée des mineurs
Voix du secret
Voix des Roms
Cailloux jetés aux routes d'infamie
Loin de la belle errance
Cris de colère en torches violentes
Pour que surgissent
Les rencontres enflammées de la vie chatoyante.

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SONIA BRANGLIDOR

 

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FAMILLE GITANS3

Famille roms

 

 

 

 

A FLEUR DE MOTS

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L’insurrection poétique
À fleur de mots
À fleur de chants
Un soulèvement du verbe
À pas de colombe
Des mots qui s’insurgent
Se révoltent
Des mots de résistance
Des mots qui se dressent
Des barricades d’adjectifs
Des articles et des noms
Des NON
À l’oppression
Des mots mutins
Des mots rebelles
Des poèmes qui se lèvent
Des mots d’émeute
Des mots en meute
Pour défendre la liberté
Des chants d’insoumis
Des mots pour dire la paix
Des mots pour faire TAIRE
Les faux culs venimeux
Ceux du « Travail rend libre »
Au seuil d’un camp de mort
Petits mots de poète
Mots d’APPEL
À la vie véritable
Des mots comme des caresses
Comme des éclats de rire
À la gueule des fachos
Des mots pour dynamiter
La violence
Des mots pour réenchanter l’hirondelle
Pour sortir de la boue
Et pour regarder l’AUTRE
Ton frère
Qui te regarde

Insurrection CONTRE
L’humiliation
La servitude volontaire
La lâcheté
L’aveuglement
L’égoïsme
L’apathie
L’opportunisme
CONTRE
La misère grandissante des peuples
L’enrichissement indécent des puissants
(L’argent a une odeur : celle du sang)
De tous les profiteurs de guerre
La fermeture des frontières
Le tabassage des immigrés
Et tout cela AVEC DES MOTS
Pas des mots qui tuent
Pas des mots qui mentent
Pas les mots d’Auschwitz
Mais des mots de tolérance
Et
De fraternité
Avec vous, clandestins, déracinés, perdus
Europe, France, terre de Saint-François d’Asile
Pour rendre aux mendiants leur dignité
La poésie est l’estuaire de tous les possibles
Et l’océan de l’impossible
Pour être libres de nos rêves
Insurrection contre les égorgeurs
Contre les mitrailleurs
Contre les profiteurs
Contre les prêcheurs
Contre les dégoiseurs
Contre les politicards menteurs

Faire barrage à la haine
Au meurtre
À la guerre des religions
Manipulées par les banques
Contre les embrigadeurs
Contre les empêcheurs d’aimer en rond
Ronde fraternelle, bigarrée
Celle où toutes les langues
Toutes les couleurs
Tous les sourires
Chantent
Et dansent
Sur le fil de vie
Si fragile
Si fort
Avec de la pensée aiguisée
Avec un crayon bien taillé
Avec un pinceau bien trempé
Avec une mémoire bien acérée
Avec un piano bien accordé
Avec un stylo bien chargé

Insurrection généreuse
Avec des dessins
De l’architecture
Des tableaux
Des photographies
Des musiques
De la philosophie
Des poèmes
Du théâtre
Avec ces armes là
Bâtir
Un monde nouveau
Un monde SOLIDAIRE

 

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SONIA BRANGLIDOR
Janvier 2015

 

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Mots poetiques

LA MAIN PAYSAGE

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La main paysage, paume de sables et de brumes
Les blancs coteaux de solitude
Une femme endormie au soleil du silence
Une verdeur exquise enfantée dans l’ivresse
Au rivage de la colline, une mouette, immobile
Veille les blés, gourmands de rondeur clair de lune
La danse parfumée du chèvrefeuille courbe le vent
Les corolles enflammées au crépuscule exultent
Un oeil ouvert au creux des pierres grises
Pupille d’ocre
Noir
Les vertiges du matin, conteurs de promesses
Un carnaval de nuages déguisés en pluies
Derrière un mur, les souvenirs sauvages
Des jambes tordues, noueuses, belles comme une forêt qui chante
Une rumeur sans voix, sans cri, sans fêlure
Une foule tranquille, les arpenteurs du soir
La candeur d’un ruisseau dont les langues déliées abreuvent de rêves
La robe tendre et mauve des toits
-Nouveau jour
Un arbre argenté dessine à l’infini
Le visage paysage, miroir et reflet de nos pas
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SONIA BRANGLIDOR 
MARINE RIGUET
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HENRI BOUTET2

Oeuvre Henri Boutet

CHET BAKER - My funny Valentine


LETTRE DE GABRIEL- GARCIA MARQUEZ

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" Si pour un instant D-ieu oubliait que je suis une marionnette de chiffon et m’offrait un morceau de vie, je profiterais de ce temps du mieux que je pourrais.

Sans doute je ne dirais pas tout ce que je pense, mais je penserais tout ce que je dirais.

Je donnerais du prix aux choses, non pour ce qu’elles valent, mais pour ce qu’elles représentent.

Je dormirais peu, je rêverais plus, sachant qu’en fermant les yeux, à chaque minute nous perdons 60 secondes de lumière.

Je marcherais quand les autres s’arrêteraient, je me réveillerais quand les autres dormiraient.

Si D-ieu me faisait cadeau d’un morceau de vie, je m’habillerai simplement, je me coucherais à plat ventre au soleil, laissant à découvert pas seulement mon corps, mais aussi mon âme.

Aux hommes, je montrerais comment ils se trompent, quand ils pensent qu’ils cessent d’être amoureux parce qu’ils vieillissent, sans savoir qu’ils vieillissent quand ils cessent d’être amoureux !

A l’enfant je donnerais des ailes mais je le laisserais apprendre à voler tout seul.

Au vieillard je dirais que la mort ne vient pas avec la vieillesse mais seulement avec l’oubli.

J’ai appris tant de choses de vous les hommes… J’ai appris que tout le monde veut vivre en haut de la montagne, sans savoir que le vrai bonheur se trouve dans la manière d’y arriver.

J’ai appris que lorsqu’un nouveau-né serre pour la première fois, le doigt de son père, avec son petit poing, il le tient pour toujours.

J’ai appris qu’un homme doit uniquement baisser le regard pour aider un de ses semblables à se relever.

J’ai appris tant de choses de vous, mais à la vérité cela ne me servira pas à grand chose, si cela devait rester en moi, c’est que malheureusement je serais en train de mourir.

Dis toujours ce que tu ressens et fais toujours ce que tu penses.

Si je savais que c’est peut être aujourd’hui la dernière fois que je te vois dormir, je t’embrasserais très fort et je prierais pour pouvoir être le gardien de ton âme.

Si je savais que ce sont les derniers moments où je te vois, je te dirais « je t’aime » sans stupidement penser que tu le sais déjà.

Il y a toujours un lendemain et la vie nous donne souvent une autre possibilité pour faire les choses bien, mais au cas où elle se tromperait et c’est si c’est tout ce qui nous reste, je voudrais te dire combien je t’aime, que jamais je ne t’oublierais.
Le lendemain n’est sûr pour personne, ni pour les jeunes ni pour les vieux.

C’est peut être aujourd’hui que tu vois pour la dernière fois ceux que tu aimes. Pour cela, n’attends pas, ne perds pas de temps, fais le aujourd’hui, car peut être demain ne viendra jamais, tu regretteras toujours de n’avoir pas pris le temps pour un sourire, une embrassade, un baiser parce que tu étais trop occupé pour accéder à un de leur dernier désir.

Garde ceux que tu aimes prés de toi, dis leur à l’oreille combien tu as besoin d’eux, aime les et traite les bien, prends le temps pour leur dire ‘je regrette’ ‘pardonne-moi’ ‘s’il te plait’ ‘merci’ et tous les mots d’amour que tu connais.

Personne ne se souviendra de toi pour tes pensées secrètes.

Demande la force et la sagesse pour les exprimer.

Dis à tes amis et à ceux que tu aimes combien ils sont importants pour toi.
Envoie cette lettre à tous ceux que tu aimes, si tu ne le fais pas, demain sera comme aujourd’hui. Et si tu ne le fais pas cela n’a pas d’importance. Le moment sera passé.

Je vous dis au revoir avec beaucoup de tendresse. "

 

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GABRIEL GARCIA-MARQUEZ

 

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gabrielGarciaMarquez1981,

Gabriel Garcia-Marquez

ELOGIO DE LA LEJANIA

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En la fuente de tus ojos
viven las redes de los pescadores
del mar errante.
En la fuente de tus ojos
mantiene el mar su promesa.
Aquí arrojo un corazón
que vivió entre los hombres,
mi ropa y el fulgor de un juramento:
me encuentro más desnudo
que lo oscuro en lo negro.
Sólo al renegar soy fiel.
Soy tú cuando soy yo.
En la fuente de tus ojos
robo y sueño.
Una red capturó otra red:
nos separamos enlazados.
En la fuente de tus ojos
un ahorcado estrangula la soga.

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PAUL CELAN

 

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YEUX

 

 

PRIERE D'UN DESOEUVRE

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Père,
descends des cieux, j'ai oublié
les prières que la grand mère m'a enseigné,
la pauvre, elle repose en paix à présent,
elle n'a plus à laver, nettoyer, elle n'a
plus à se tracasser toute la journée à propos de vêtements,
elle n'a plus à veiller la nuit, de peine en peine,
à prier, à t'implorer des choses, à regimber doucement.
Descends des cieux; si tu y es, alors oui descends,
car je me meurs de faim dans mon recoin,
car je ne sais pas de quoi sert que je sois né,
car je vois mes mains rejetées,
je n'ai pas de travail, je n'ai rien,
baisse toi un peu de là haut, et contemple
ce que je suis, cette chaussure déchirée,
cette angoisse, cet estomac vide,
cette ville sans pain pour mes dents, la fièvre
qui me vrille la chair,
ce sommeil de fortune,
là sous la pluie, châtié par le froid, persécuté,
je te dis que je ne comprends pas, Père, penche-toi,
touche moi l'âme, regarde moi
le cœur,
je n'ai pas volé, je n'ai pas assassiné, j'ai été enfant
et en retour on m'a frappé et on m'a frappé,
je te dis que je ne comprends pas, Père, penche-toi,
si tu es là haut, car je cherche
la résignation en moi et je n'ai rien et je vais
me raccrocher à la rage et je vais l'aiguiser
pour frapper et je vais
hurler jusqu'à ce que le sang me vienne au cou
parce que je n'en puis plus, j'ai des reins
et je suis un homme,
descends, Père,
qu'est il advenu de ta créature ?
Un animal enragé
qui mastique le pavé de la rue ?

 

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JUAN GELMAN
traduit de l'espagnol (Argentine),

par E. Dupas

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JUAN2

 

 

SINGULIER, JE LE SUIS PAR DEFAILLANCE

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La terre est fourbue de catastrophes, de famines, de guerres, de dominations très injustes, de mœurs sanguinaires, de répressions injustifiées, d’atrocités sans noms, et de quelques autres acraties belliqueuses.   

 

Des moments de grandes lassitudes augmentent ma générositéà l’égard du vide. Des moments où je caresse l’idée affreuse de l’anonymat de mes propres souffles. Des tempos où tout n’est pas rose et où la joie a du souci à se faire.   

 

Tout est surfait dans ce monde en panique. Des ivresses naviguent sur des champs de mines, des cafards survolent le désemparement de l’innocence et la nacre pure des défaites humaines s’enfonce dans la boue des océans de promesses. Affamé par je ne sais quel idéal, l’homme prisonnier de la satisfaction coûte-que-coûte écoute les battements d’ailes des anges qui passent. Avec mes congénères, je navigue sur des eaux oublieuses où nul sursaut n’enjambe l’ecchymose des heures blanchâtres. Sur la longue route de la soif, l’oasis étanche le désir à coups de ressacs volubiles. Les images composent le puits dans lequel je m’engouffre. Un calme noir réveille ma chair dans une dimension qui la désempare. De brefs échos me rappellent la verte prairie des hommes et des femmes solidaires dans l’effort. Je tiens de mémoire que je dois m’oublier dans ce désordre tremblant. Ma vie est une lèpre dévorante et je suis agenouillé face à la guérison.  

 

La terre ressemble à une planète d’exil. Je me diffuse dans la motte que le progrès refuse de travailler. Les médias me télégraphient l’alphabet à ingurgiter et je vomis l’excès comme un nourrisson recrache une overdose de lait. Que fais-je ici hérissé d’antennes et de radars comme un avion survole un lieu de naufrage ? Il me semble être plus consistant dans la fatalité que dans l’illusion des vaisseaux fantômes qui lèvent l’ancre sans moi. Sur l’île du monde, je cherche les trèfles à quatre feuilles qui n’existent plus. L’odyssée de la vie rabat ses perles bleues pour les enfiler sur l’arc-en-ciel d’un destin moulu par les rames d’une pirogue écervelée. Des aigreurs torrides remontent le cours des marais où j’ai perdu l’étincelle qui me guidait.      

 

La disposition dans laquelle je me trouve remet en cause le consentement au meilleur des mondes possibles. J’exclus toute pilule du bonheur si elle se résigne à l’exultation des sens soumis à un environnement socioculturel. La volonté surpasse la raison. L’immanence est transcendance. Mon existence ouvre un chemin sans interrogation préalable, les explications précèdent toute situation. Questions et réponses traquent l’énergie sous la canopée des résistances invisibles. La vie qui se déploie dans mon sang me cloue à la racine de l’humanité. Quel choix doit-on énoncer entre douleur et souffrance et amour et bonheur ? L’évidence nous résume. Je trouve parfois dans les ombres maudites un souffle régénérateur. Mon cœur est un mystère, mon cœur est une prière. Pour m’étirer jusqu’à demain, l’aube aura besoin de toute sa magnificence. L’avenir me crie des morceaux d’infini et je redeviens le vagabond de la distance insaturée.

 

    «La route qui monte et qui descend est une ; c'est la même.» - Héraclite d'Ephèse 

 

Est-ce l’air qui nous porte ou la flexion de ses combinaisons ? J’étais armé de mon cercueil dès le premier jour où la route s’est rompue. J’habite l’oxygène vital et la haute forme sombre de la singularité. Singulier, je le suis par défaillance. Tous les miroirs élastiques où l’homme se reflète m’irradient. Dans les préludes de l’émotion, j’expie les brillances de la souffrance qui me rehaussent. J’ai appris la langue des épines avant celle de la rose. Je me succède dans un combat qui n’est pas le mien, des siècles de préparations gazeuses se retirent, dépourvus de tout. Je ne suis qu’un déserteur dans la fissure de mes entrailles. Des fractions de peur insérées à la poussière inhibent les tic-tacs de la pointe sèche qui tourne dans ma poitrine.  

 

Longtemps, j’ai fait le tour des ombres à la recherche d’une respiration joyeuse. Tous les matins, au bout du sommeil, j’ai suivi les traits de lumière qui perçaient les volets. Dans la toux d’un silence charognard, la marche instable de la clarté rompt dans la vacuité existentielle. La nuit tout est monochrome et l’impatience pèse sur l’équilibre de la terre. Toutes les proportions se fondent dans la matrice du noir. Par ici, des monceaux de misères accrochées à la salissure des rues. Par-là, des regards infatigables escaladant les miradors du luxe. J’ai mangé aux empreintes des images que la terre habitée me renvoie. Dans l’indigeste arrogance de mes semblables, j’ai tourné de l’œil comme une mouche s’écroule dans un espace vaporisé d’aérosol. De ce lieu rêvé qui me tend les mains, une syntaxe volontairement forcée m’a ligoté l’esprit. 

 

Je suis enfermé dedans, dans une mosaïque composée d’éclats disparates, du désespoir à une amertume teintée de dérision, de la jubilation à la tristesse. Mais, maintenant que j’ai lié amitié avec moi-même, ayant connaissance de mon groupe sanguin, je saisis ma vie dans son non-être et, par moment, je marche à ma rencontre dans une rigole asséchée.

 

 

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BRUNO ODILE

http://brunoodile.canalblog.com/

 

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werner hornung

Oeuvre Werner Hornung

OISEAUX AVEC RACINES

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Mes mots sont des oiseaux
avec des racines

toujours plus profond
toujours plus haut

cordon ombilical.

Le jour perd son bleu
les mots sont allés dormir.

 

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HILDE DOMIN

 

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emmila

 

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