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JEAN LAVOUE...Extrait

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Printemps gris aux larmes d’avril
Tu guettes en nous les signes 
D’une joie que, seuls, nous pourrions 
Laisser fleurir en toi.

 

Pas de réserves pour la route,
Seule la manne du silence
Cueillie à l’instant même
Sur le pollen des jours.

 

Nul besoin de hâter le pas,
Le but est aussi le chemin ;
Ici est gravée l’empreinte
D’un ciel que tu n’espérais pas.

 

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JEAN LAVOUE

www.enfancedesarbres.com

 

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bernard liegois

Photographie Bernard Liégeois

 

 


L'ESPRIT

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 Merci Adélita mia...

 

L’Esprit, qui sur les mondes veille,
Allume au gouvernail l’amour.
Dans la nuit, mon âme appareille
À ta rencontre, astre du jour.

À l’abîme répond l’abîme ;
Et, par les lumineux sillons,
Elle répand son chant sublime
Entre les constellations.

L’Amour la guide avec sa flamme
Au sein du firmament qui luit ;
Il s’est entrevu dans cette âme,
Elle a connu sa flamme en lui !

 

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VIATCHESLAV IVANOV
Traduction de J. Chuzewille

dans l'Anthologie des poètes russes

 

 

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MARK ALTUS2

Oeuvre Mark Altus

LE CHANT DE LA FOLIE SAUVAGE

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Nos mains rejointes rassemblées devant le soleil d’ombre du cœur 

étroit devant l’aurore obscure d’insomnie
ô belle éveillée vive de la muette mort
poursuivrons-nous enfin l’élan du psaume
ailé de joie le chant de la folie sauvage !
A mi-chemin du lac ensommeillé de noire ivresse
et de la grande neige d’esprit clair
est-il resté là-bas qui tremble de pluviers et d’anémones dans son rêve
ainsi qu’une lisière âgées de vieux sapins sur le suspens d’abîme et de silence !
Et ce seront d’abord les branches les plus lourdes
et parées de nœuds têtus déroulées

par le ciel aux mille doigts urgents

parmi ton âme de lueurs chantantes de flocons
murmurés d’ailes à repli d’aube mon aimée !
Puis le brillant salut des volutes d’enfance la plus frêle
aux fins rayons du jour nouveau dans des cimes d’espoir
et les sommets feuillus de l’or les chaînes en fusion blanche du printemps
le temps de liberté des astres de la mer !
Aventurons ici l’amour terrible de nos deux ombres
jusque dans l’ordre armé de ce fond de mémoire
aux absolues blancheurs des neiges nues et planes
et devançons le dur défi de solitude sur le champ !
Dieu déjà nous confond depuis son appui d’air et de ce feu bougeur
au loin d’une distance emmêlée chevelue
et frappant de la foudre un seul être parfait aux deux feuillages de ténèbres enlacés !
Voici le cri dans l’unique jeté
voici le mot transcrit de sable en sable
et le désert blanchi sous la pluie de l’aveu !
Te voici mienne en moi toujours et tien en toi
me voici ô vaste joie de l’ensemble pur
et nous voici le cœur perdu et solitaire qui cherche et cherche !
Ainsi l’amour amoncelé pour plus d’absence et de désir encore
et dévorés en eux-mêmes d’amour
ainsi les yeux fermés vivants et morts les éblouis !

 

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JEAN-PHILIPPE SALABREUIL

 

 

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couple_antique_Mucha,

Oeuvre Alphonse Mucha

LE PASSEUR DE SILENCE...Extrait

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...

Quand un enfant blessé se prend pour un navire
et regarde la mer de son lit de poussière
quand le filin des jours vous glisse entre les doigts
quand le vent tient ouverts même les yeux des morts
quand les pierres se détachent de nos années perdues
quand la douleur ressemble à quelqu’un qui approche
alors on aimerait bien pour mourir l’un à l’autre
trouver une maison où l’on oserait vieillir

 

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TRISTAN CABRAL

 

 

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Claude-Monet

Oeuvre Claude Monet

NOTRE DAME DES LANDES...

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A trop vouloir éliminer la part de Rêve, le pouvoir finit toujours par créer les Légendes. 
Un rêve tout seul, ce n'est pas grand chose. Des cabanes, et des marmites pleines de soupes de légumes pas trop appétissantes, et des toilettes sèches, et de la boue et des assemblées générales interminables, inconfortables et mal chauffées. La zone, Notre Dame des Landes, et tout le monde n'avait pas envie d'y aller. Ca va cinq minutes, la vie en communauté. 
Mais la défense de la Part de Rêve , c'est autre chose.

Le pouvoir donc, décide que la destruction de cabanes vaut bien d'envoyer des milliers de policiers surarmés. Il FAUT casser, ravager, attaquer, empêcher . Quoi, mais quoi ? Forcément autre chose que des cabanes, des toilettes sèches et des assemblées générales interminables. 
Forcément on se demande quoi, devant cette Force déployée. Et forcément, on le trouve en soi, et avec étonnement on entend un premier Ministre l'asséner. ON ne peut pas accepter de laisser des gens rejeter toutes les règles de la société.

ON est un con, et ça, on le savait déjà, on était sans arrêt obligés de les respecter, les règles de cette société et de le payer de nos rêves jamais réalisés. Mais brusquement, devant toute cette Force visiblement déployée, forcément, les cabanes deviennent tous nos rêves brisés. Tous nos Rêves pas dangereux mais empêchés.

Les gens de Notre Dame des Landes entrent dans la Légende. Celle qu'on racontera longtemps, longtemps, celle des silhouettes qui défiaient les Voleurs de Rêves Assermentés. Le pouvoir, bêtement, s'imagine qu'il aura gagné quand les cabanes seront cassées. Il a juste étendu la Part de Rêve et beaucoup perdu. La ZAD peut-être, sera évacuée, et après ? Après tu savais pas, mais Peter Pan peut voler, et sa résistance endiablée a donné envie à tant d'entre nous de laisser la fenêtre entrebaillée.

Neverland, même avec un million de policiers ce sera très dur àévacuer

 

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NAD IAM

 

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ZAD-de-Notre-Dame-des-Landes-la-bataille-de-l-expulsion2

Photographie Loïc Venance / AFP

JEAN LAVOUE...Extrait

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Il n’y a plus de feu pour forger nos matins, 
Plus de lois, de serments où nous serions tenus,
Tous les noms sont perdus, les cartes, les indices,
Nous sommes sans racines comme des rois déchus.

Nous n’avons plus de cap, agir est sans boussole,
Nous ruons à tout-va enserrés dans la nasse, 
Ceux qui croient voir l’issue nous précipitent à perte 
Ceux qui pensaient mieux faire nous ligotent un peu plus.

Notre legs ne sera qu’écriture du vent
Car nous brisons les sceaux qui nous réunissaient,
Les clés sont inutiles, les serrures oubliées,
Et nous allons ainsi redoublant de vigueur
Pour dénoncer un monde dont nous sommes les fruits.

Aucun été en nous, aucun cri, nulle étoile, 
Seul le bruit sans raison de notre tragédie,
Nous allons sans savoir, de pourquoi en pourquoi,
Ignorant que la nuit a dispersé nos hymnes.

Ce chaos, ce désastre sont justement le signe, 
Il faut dresser la voile et puis tenter de vivre,
Se pencher sans compter sur l’aubier des saisons,
Réinventer les gestes, se tourner au dedans.

S’échapper immobile d’une troublante errance,
Faire naître un printemps au plus secret de soi,
Savoir qu’il y a des aubes et des chemins pour tous,
Choisir la pauvreté des odes fraternelles, 
Se donner au silence comme on livre sa joie.

Se dresser dans l’instant comme un arbre vivant
Ignorant tout du sang qui monte sous l’écorce,
Libéré des combats, apaisant les orages,
Faisant de tout miracle un aujourd’hui comblé.

Il faut joindre nos pas aux murmures des roseaux
Et connaître la paix qui jaillit sous les souches,
Si je tiens mon journal entre poème et Chant,
Ce n’est pas par oubli, c’est pour ne pas mourir,
Pour accueillir l’ivresse de se savoir ici.

Je n’ai que ce silence pour nous réaccorder, 
Que ce vide entre nous par où le souffle passe,
Le commencement n’est plus au principe du Livre,
Mais à l’abîme en nous où il nous faut tomber.

Nous nous tenons debout dans l’incendie de l’homme,
Le désespoir n’aura place dans nos mémoires,
Je vais vers ma naissance en gardant dans le cœur 
Non ces trésors perdus mais l’estuaire à vif,

Il reste des clairières où se mettre à genoux,
Des marches inutiles, des gratitudes nues,
Des blessures guéries sous l’aile des caresses,
Des carrés de lumière au soupirail des heures.

Je ne relate pas le redouté présage,
Chacun y a sa part, nous sommes tous témoins,
Mais cette île épargnée au milieu des naufrages, 
Je la dédie à tous,
Ce bois, ce lieu béni où nous serions sauvés.

 

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JEAN LAVOUE

11 avril 2018, entre l’écluse de Quélennec et l’écluse de Trébihan

www.enfancedesarbres.com

 

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JULES RAYMOND KOENIG

Jules Raymond Koenig

 

LE SOLITAIRE

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Ainsi, le solitaire ne peut survivre à moins qu'il ne soit capable d'aimer tout le monde, peu importe le fait qu'il est probablement considéré par tous comme un traître. Seul l'homme qui a pleinement atteint sa propre identité peut vivre sans la nécessité de tuer, et sans la nécessité d'une doctrine qui lui permette de le faire avec une bonne conscience. Il y aura toujours une place, dit ionesco "pour les consciences isolées qui se sont mises debout par la conscience universelle" comme contre la mentalité de la masse. Mais sa place est la solitude. Ils n'en ont pas d'autre. C'est donc la personne solitaire (aussi bien dans la ville que dans le désert) qui fait à l'humanité l'inestimable faveur de lui rappeler sa propre capacitéà la maturité, à la liberté et à la paix.

 

 

 

Así, el solitario no puede sobrevivir a menos que sea capaz de amar a todos, sin importar el hecho de que probablemente sea considerado por todos como un traidor. Solo el hombre que ha logrado plenamente su propia identidad puede vivir sin la necesidad de matar, y sin la necesidad de una doctrina que le permita hacerlo con una buena conciencia. Siempre habrá un lugar, dice Ionesco “para aquellas conciencias aisladas que se han puesto de pie por la conciencia universal” como contra la mentalidad de la masa. Pero su lugar es la soledad. No tienen otro. Por consiguiente, es la persona solitaria (tanto en la ciudad como en el desierto) la que le hace a la humanidad el inestimable favor de recordarle su propia capacidad para la madurez, la libertad y la paz.
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THOMAS MERTON
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roberto-bertero-1,

 

Photographie Roberto Bertero

RESONNANCES

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Il faut revenir exalter la peau mûrie de longues pensées inachevées. Il faut reconstruire la halte dans laquelle on a tout abandonné : l’épreuve et ses ruisseaux de peine, l’échec et ses tourbillons aiguisés comme les bords tranchants d’une falaise. L’innocence ne connaît pas le malaise des jours meurtris. Désarmer, on l’était déjà bien avant l’existence. Une vie entière àécouter en soi les oracles lointains, les troubadours de l’excellence et, si peu de murmures revenus de là-bas. Nulle part l’écho fragile d’un cœur solitaire. Nulle part l’impuissance avouée de l’aveuglement. Un seul monde pour des millions d’affamés. Une seule terre pour des milliers de bouches ouvertes.

Il est nécessaire de faire et de tout dire, de recommencer, de répéter le chemin recouvert de désirs avortés. Tout commence dans l’ombre des forêts, dans l’obscurité de la sève de nos rêves les plus secrets. L'odeur herbeuse s'éveillant après le frais passage de la pluie printanière, nous rappelle la promesse des fleurs et le velours des couleurs calfeutrées au fond de nos poitrines.
Rien ne guérit, tout se soigne : la hache des heures chagrines perd son manche dans l’eau pure de nos sources cachées. Depuis si longtemps, nous pouvons croire à la joie paisible de ce corps qui est le nôtre. Dans l’invisible couleur du temps, nous sommes tous semblables. La distinction s’opère dans le lent parcours de la lumière. Une étincelle puis une autre illuminent peu à peu le fond de nos rétines où s’est assoupit le monde. Il est des jours où l’éclair nous emporte plus loin que notre passé et où la vie se répète sans compter.
Vivre sans pourquoi nous dit Alexandre Jollien, voilà la raison qui abdique face à la volupté de ne plus être assiégé par le regard des autres et l’espoir de vivre titillant la perfection. Demain commence aujourd’hui. Demain, c’est une multitude d’échos dans les brouillons de vie immédiate, dans un présent déjàéculé par la puissance des projections. C’est parce que je suis imparfait qu’il m’est toujours possible d’entrevoir le sourire d’un autre monde. La vie me retient dans l’éphémère de ses paroles et je claque comme une feuille blanche sous un coup de fouet.

 

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 BRUNO ODILE  

Tous droits réservés ©

http://brunoodile.canalblog.com

 

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Giuseppe Sticchi3,

Oeuvre Giuseppe Sticchi

 


JEAN MALRIEU...Extrait

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Nous ne dormirons plus parce que nous avons ouvert les yeux.

Peut-il y avoir encore une maison et un amour ?
Ma voix se couvre de feuilles.
Dans ma mémoire ont respiré tant de soleils
Que j'ai salué ma table et mon fauteuil
comme des étrangers venus par la route des années-lumière.
Je ne sais plus qui j'ai aimé mais c'était toi.

J'ai le délire dans la main.
Nous ne sommes plus seuls. Le temps est venu parmi nous.
Entends-le aux fissures de l'horloge,
Il parle de soleils et de destins.

Nous le saluerons avec des pierres et des brins d'herbe.

Nous nous souviendrons du temps de notre terre.

 

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JEAN MALRIEU

 

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fatat bahmad-004,

Oeuvre Fata Bahmad

VILLEPREUX

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Fenêtres peuplées de rêves
Aux façades des maisons claires
Le matin est à mi-course
Et nos histoires se tairont jusqu’au soir
Suspendues dans un miroir
Où s’ouvrent les pages d’un cahier
Épris d’encre et d’envol
Car nos vies sont ailleurs
Et le jour est en crue de lumière
Nous le brodons de perles et d’espoir
Et pensons déjà l’été
À l’étoile des possibles
Dans ces rues aux voitures d’enfant
Dont le ciel de lit est un nuage
Fervent de tourterelles

 

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CECILE OUMHANI

 

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Marcelle vallet2

 

 Photographie Marcelle Vallet

 

PIERRE GABRIEL...Extrait

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Je dis : Chaque aube tient promesse,
Elle te rend ce que la nuit
Avait effacé pour toujours,
Les fleurs, l’espoir, le goût du vent
Sur les plages bleues du matin.

Je ne dis pas : Les sources sont taries.
Je dis que rien jamais n’est perdu,
C’est à toi de creuser plus profond
Pour que l’eau pure à nouveau jaillisse.

 

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PIERRE GABRIEL

 

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ancre2

Photographie Emmila

LA NUDITE DES PIERRES...Extrait

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Le jour te laisse
orphelin des courbes
en deuil d'une heure évanouie

le globe clair d'un fruit
à la pointe de tes doigts

rouge flamme
chair vive
au faîte de tes épaules

sa chute tranche le silence
lame sablée d'attente
long fil d'écaille

sombrent les saveurs
aval de couleur
au vaste chuchotement
d'un monde enseveli

de passage en traversée
tu as partagé le sel avec les vagues
et gravé de nouveaux cercles
aux astrolabes

coutumier
des sentiers de crêtes
où tout ciel aboli
renaissent les sirènes
tu as transcrit
l'alphabet de leurs songes
assisté par les goélands
transfuges de mondes anciens

ta as pactisé avec les djinns
et remonté
le cours du fleuve
où la nuit inconsolable
pleure les étoiles

tu l'as prise sous ton aile
et vous avez rejoint
les campements
du poète nomade
où l'aube déniche
parmi les braises
de vos étapes
des calligrammes
de sable et de verre

 

 

...

 

Tu scrutes à tes pieds
le legs d’une nuit inconnue

des bris d’étoiles en guise d’épitaphe

quelles clameurs oubliées
pas furtifs d’amants désunis
sentes d’enfants devenus rois
confient à tes doigts
les ultimes mots de leur chant

le vent a longtemps chassé
leurs éclats de pierre
coutumier des grands fonds
en vain il a secoué
les coques vides de leurs navires égarés

tu caresses sous ta paume
l’empreinte silencieuse

des bribes d’étoiles en guise de récit

et tu vacilles
héritier aveugle
de lignées naufragées
point lumineux
à l’infini de l’obscur

 

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CECILE OUMHANI

 

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cecile oumhani

 

 

 

 

LA NUIT VENUE ...Extrait

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Il n’est que temps. Demain déjà

Pourrit dans la mémoire des vivants.

Un monde en agonie exhale ses ténèbres,

Il nous souffle à la face une haleine de mort.

Demain se tait, son silence nous gagne,

La terre dépérit sous le sel des moissons.

Nos lèvres ont perdu le goût

D’enfance des syllabes, nos voix

Sous la neige, des mots

Ne nous parviennent plus.

Il n’est que temps, vois, la dernière flamme

Vacille et va s’éteindre.

Ah ! tout ce qui nous reste à dire,

A voir, à vivre et à aimer, quoi, tout cela

Qui nous brûlait le cœur d’espoir et d’impatience,

Une pincée de cendres seulement ?

Une seconde encore, et tout serait changé peut-être,

S’il suffisait de croire à l’impossible,

Au miracle d’une parole

Sur notre âme en péril de froid.

 

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PIERRE GABRIEL

 

 

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pierre gabriel

CHÂTEAUX DE SABLE

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Merci Adélita

 

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Pourquoi ne m'as tu pas dit que tu étais en train de bâtir

ce château de sable ?

C'eût été si beau
pouvoir entrer par son petit portail,
parcourir ses couloirs salés,
t'attendre aux parterres de coquillages,
en te parlant depuis le balcon
avec la bouche pleine d'écume blanche et transparente
comme mes mots,
ces mots frivoles que je te dis,
qui n'ont rien de plus que le poids
de l'air entre mes dents.

Il est si beau de contempler la mer.

Elle aurait été si belle la mer
depuis notre château de sable,
pourléchant le temps
avec la tendresse
basse et profonde de l'eau,
divaguant sur les histoires qu'elle nous contait
quand, enfants, nous étions un seul pore
ouvert à la nature.

Maintenant l'eau a enlevé ton château de sable
à marée haute.

Elle a emporté les tours,
les fossés,
la petite porte par où nous étions passés
à marée basse,
quand la réalité est loin
et qu'il y a des châteaux de sable
sur la plage...

 

 

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GIOCONDA BELLI

 

 

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mer2

 

 

 

 

 

 

JEAN LAVOUE...Extrait

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Tu reviens à ce mot,
Tu ne l’arrimes d’aucun sens,
Tu n’espères rien de lui si ce n’est l’abandon.
Être ici sans pourquoi te suffit amplement, 
Tu chasses des ornières les eaux de tes combats 
Et tu franchis la ligne sans rime ni raison,
Osant le vent durable, les feuillages reverdis.

En allant simplement au rythme de ton pas,
Tu ne compliques rien, 
Tu simplifies le temps ;
Il y a tant d’obstacles quand l’homme se croit libre,
Il y a ces violences que tu ne comprends pas. 
Tu ne remontes pas aux sources sans partage
Et tu n’épèles plus l’alphabet de ta vie,
Tu n’as pas de motifs pour espacer les brumes, 
Il suffit d’être là sans comprendre et sans but.

Tu t’avances doucement à l’amble de ton âme,
Il n’est rien au dehors qui ne soit au-dedans,
Les haies que tu croyais nécessaires à franchir
Ne sont qu’un livre ouvert vers la présence nue.

Te laisseras-tu enfin prendre dans les courants,
Atteindras-tu un jour les matins espérés ?
Il n’y a que l’attente pour apaiser ce vide,
Le papillon des jours, 
La patience d’aimer.
Chaque fois que tu fuis ce grand désert sonore
Choisissant à l’aveugle l’agitation, le bruit,
Tu t’écartes un peu plus de la joie des lisières,
Tu t’éloignes un peu plus de l’ardeur du torrent.

Ne t’en vas pas plus loin que ce qui est à dire,
Reste en-deçà des mers dans l’orbe de la voie,
Ne renonce jamais à déployer tes ailes
Quand le chant lui se courbe en épousant ta voix. 
Aux plantes du soleil tu redonnes mémoire,
Tu leur délivres ici le vœu de pauvreté ;
Qu’attends-tu pour ouvrir toi-même tes pétales,
Qu’attends-tu pour trouver ta folle éternité ?

 

 

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JEAN LAVOUE

19 avril 2018

Ecluse du Rudet – Pont-Neuf

 

 

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b

Photographie B. Neuman


ANNE MARGUERITE MILLELIRI... Extrait

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" Les mots, on voudrait s'en faire des amis. Les êtres humains aussi. "

A.D.

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Peut-être en un trille
sais-tu le songe des oiseaux.
Leur vol haut vers 
l'infiniment bleu --
d'une aile sûre car les oiseaux
ne meurent.

Il est long temps que je parte. 
Il est long temps. 
Les mots ne savent.
Les mots ne peuvent. 
Ils n'ont pas même cette chaleur
peau à peau
qui vous accompagnent.

 

 

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ANNE MARGUERITE MILLELIRI

A.D.

 

 

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francoise de_Felice 1

Oeuvre Françoise de Felice

HOMMAGE...MUDDY WATERS

WITHOUT END...Extrait

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Cherche à chanter le monde mutilé.
Rappelle les longues journées de juin
Et les fraises, les gouttes de vin rosé.
Les orties qui, méthodiquement, recouvraient
Les maisons abandonnées par ceux qui en avaient été chassés.
Tu dois chanter le monde mutilé.
Tu as regardé des bateaux et des voiliers élégants,
Attendus d’un long voyage
Ou seulement d’un néant saumâtre.
Tu as vu des réfugiés aller vers le néant,
Tu as entendu les bourreaux chanter allègrement.
Tu devrais célébrer le monde mutilé.
Rappelle ces instants, quand vous étiez ensemble
Dans une chambre blanche et que le rideau bougeait.
Reviens par la pensée au concert, quand la musique explosa.
En automne tu ramassais les glands dans le parc
Et les feuilles voltigeaient sur les cicatrices de la terre.
Chante le monde mutilé
Et la petite plume grise perdue par la grive,
Et la lumière délicate qui erre, s’évanouit
Et puis revient.

 

 

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 ADAM JAGAWESKI

https://schabrieres.wordpress.com/

 

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william-russell-flint

Oeuvre William Russell Flint

LA POESIE DU CHANT DU ROSSIGNOL

1er MAI

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Tout conjugue le verbe aimer. Voici les roses. 
Je ne suis pas en train de parler d'autres choses. 
Premier mai ! l'amour gai, triste, brûlant, jaloux, 
Fait soupirer les bois, les nids, les fleurs, les loups ; 
L'arbre où j'ai, l'autre automne, écrit une devise, 
La redit pour son compte et croit qu'il l'improvise ; 
Les vieux antres pensifs, dont rit le geai moqueur, 
Clignent leurs gros sourcils et font la bouche en coeur ; 
L'atmosphère, embaumée et tendre, semble pleine 
Des déclarations qu'au Printemps fait la plaine, 
Et que l'herbe amoureuse adresse au ciel charmant. 
A chaque pas du jour dans le bleu firmament, 
La campagne éperdue, et toujours plus éprise, 
Prodigue les senteurs, et dans la tiède brise 
Envoie au renouveau ses baisers odorants ; 
Tous ses bouquets, azurs, carmins, pourpres, safrans, 
Dont l'haleine s'envole en murmurant : « Je t'aime ! » 
Sur le ravin, l'étang, le pré, le sillon même, 
Font des taches partout de toutes les couleurs ; 
Et, donnant les parfums, elle a gardé les fleurs ; 
Comme si ses soupirs et ses tendres missives 
Au mois de mai, qui rit dans les branches lascives, 
Et tous les billets doux de son amour bavard, 
Avaient laissé leur trace aux pages du buvard !

Les oiseaux dans les bois, molles voix étouffées, 
Chantent des triolets et des rondeaux aux fées ; 
Tout semble confier à l'ombre un doux secret ; 
Tout aime, et tout l'avoue à voix basse ; on dirait 
Qu'au nord, au sud brûlant, au couchant, à l'aurore, 
La haie en fleur, le lierre et la source sonore, 
Les monts, les champs, les lacs et les chênes mouvants, 
Répètent un quatrain fait par les quatre vents.

 

 

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VICTOR HUGO 

Saint-Germain, 1er mai 1838.

 

 

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1 MAI

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